Politique
« De Rebrab à Mohamed VI, ou du bon usage de la banqueroute »
Le seul message que la diplomatie alg?rienne adresse ? l?opinion est que la paix dans la r?gion ne d?pend, tout compte fait, que de la patience marocaine
Se fondant sur des chiffres catastrophiques sur l??tat de l??conomie du pays rendu publics par le minist?re des finances alg?rien, le chroniqueur du site TSA (tout sur l?Alg?rie), Mohamed Benchicou, apporte un regard s?v?re sur la politique de son pays soulignant notamment que depuis hier, les Alg?riens savent ??qu?il s?est noy?. Pour de vrai. Le minist?re des Finances a dress? le constat de faillite du pays (lire article de TSA). Les quelques sous qui restent dans la tirelire, ce fameux Fonds de r?gulation des recettes (FRR), ne suffiront pas ? couvrir les d?penses de cette seule ann?e 2016 !? Autrement dit, nous irons ? l?endettement ext?rieur d?s 2017.??
[?] ??Nos dirigeants, ?crit-il, n?ont rien vu venir. R?alisent-ils, au moins, la gravit? de l?heure ? Pas s?r. Trop occup?s ? se faire des baisers de Judas, ? finasser, ? bloquer le?rachat d?El Khabar par l?industriel Issad Rebrab? Chaque chose en son temps. Priorit? aux chamailleries internes. Pour la banqueroute nationale, on avisera le moment venu. Il restera toujours la bonne vieille diversion du ??p?ril national??, le risque de guerre avec le voisin marocain. Efficace. S?re. Garantie.
L?auteur de l?article qui consacre la majeure partie de son commentaire ? la gestion politique et ?conomique d?faillante de son pays, ainsi qu?aux man?uvres de coulisses, s?attaque ?galement ? sa diplomatie r?gionale et internationale. Il rel?ve notamment que?: ??voil? plusieurs semaines que nos dirigeants se plaisent ? entretenir un climat ex?crable avec le royaume voisin, autour de la question du Sahara occidental, dont ils se d?fendent pourtant d??tre partie prenante mais autour de laquelle ils multiplient, n?anmoins, surench?re, gesticulations et bravades verbales qui vont bien au-del? de la simple affirmation d?un principe.
??Que cherche, au fond, la diplomatie alg?rienne ? exciter les d?mons de la bellig?rance ? ? en juger par ce communiqu? du minist?re alg?rien des Affaires religieuses invitant les imams ??? sensibiliser, durant les pr?ches du vendredi, les citoyens aux menaces qui p?sent sur le pays, ? les inciter ? d?fendre l?unit? nationale et (?) ? et ?? ? rester unis derri?re notre direction nationale ?, ils escomptent bien utiliser ce vieil artifice du ? p?ril national ? ? un moment o? l?opinion alg?rienne se pose des questions embarrassantes ( la maladie du Pr?sident, la prochaine banqueroute financi?re, l??nigme Chakib Khelil ?)
??Cela justifie-t-il que l?on rajoute un si gros souci ? ceux qui minent d?j? le citoyen alg?rien ? Mesure-ton, ici aussi, le risque qu?il y a ? chatouiller l?orgueil d?une Nation voisine chez laquelle il ne manque pas non plus des va-t-en guerre et des esprits chauvins ? Pas s?r?? souligne-t-il encore.
Plus loin il revient sur l?affaire du Sahara : ??Avait-on besoin, s?interroge-til, de reprocher publiquement aux officiels fran?ais leur position dans le dossier sahraoui ? ?tait-il indispensable d?affirmer, sur un ton p?remptoire, que ? la question du Sahara occidental constitue un des points de d?saccord avec Paris ? ?? Que c?est pu?ril, de la part d?un pays en faillite, de pr?tendre dicter sa politique ext?rieure ? une grande puissance ! Sans doute y a-t-il ici une part de politique-spectacle, convenue avec les Fran?ais. Il reste qu?en d?pit de sa frivolit?, cette grossi?re fa?on de s?afficher comme le tuteur du Polisario revient ? signifier au monde et, surtout, au royaume voisin, que la question sahraouie est, avant tout, l?affaire du gouvernement alg?rien. C?est un acte bien irresponsable que de jouer avec l?orgueil d?une nation.
??L?Alg?rie devrait se suffire d?exprimer sa position constante, l?autod?termination, sans ?prouver ce besoin d?appara?tre comme le sh?rif justicier qui agit en lieu et place de la veuve et de l?orphelin. Ce n?est ni courageux, ni noble, ni malin. D?abord parce que l?on conforte, par de pareils agissements immatures, la th?se qui voudrait que le Polisario soit une cr?ation alg?rienne, ensuite parce qu?elle entretient la haine dans une r?gion qui en a ? revendre et qui elle-m?me menac?e par un ennemi islamiste commun et, enfin, comble de la trag?die, parce qu?elle est le chemin le plus court vers une confrontation arm?e.
??On a connu une diplomatie alg?rienne bien plus subtile que celle-l? qui se fait chasser du Sahel o? elle fut si longtemps absente pour ensuite rouler des biceps devant les cam?ras.
??En d?finitive, conclut-il, le seul message qu?elle adresse ? l?opinion est que la paix dans la r?gion ne d?pend, tout compte fait, que de la patience marocaine.??