2020, serait-ce vraiment la pire année que le monde ait connu ?

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Au 15ème siècle, en 1493, une épidémie « importée » de Grenade a sévi notamment à Fès, catastrophes effroyables et famines combinées à des vagues successives des pestes et du choléra ont fait des victimes en nombres importants dans différentes régions du pays aux 16è, 17è et 18è siècles.

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Par Hassan AOURACH (MAP)

Dakar - En raison de la pandémie qui a déferlé sur la planète, 2020 qui tire à sa fin et qu'on s’apprête à plier sans grand regret, est qualifiée de la pire année que le monde aurait connu.

Est-ce vrai, ou c’est juste une réaction naturelle et légitime aux désastres provoqués par la Covid-19 ?

Certes, le nouveau coronavirus a envahi les quatre coins du monde, affecté des millions de personnes, asphyxié les économies et pesé lourdement sur les libertés et le quotidien des populations, mais si l’on remonte un peu dans le temps pour outrepasser la courte mémoire de la génération actuelle, l’humanité a vécu le pire.

Retour sur les catastrophes ravageuses des "vraies" pires années de l’humanité..

Il est compréhensif et légitime de qualifier 2020 qui nous a épuisé à coups de deuils et de souffrances, de confinements et d’atteintes à nos libertés élémentaires, d’année-catastrophe, mais, en se référant aux palmarès des pires désastres et malheurs ayant sévi à travers l’Histoire, l’année qui tire à sa fin est loin d’avoir une place au podium.

Au jour d’aujourd’hui et selon la plateforme worldometer, la Covid-19 a contaminé plus de 80 millions personnes à travers le monde et coûté la vie à près de 1,8 millions personnes. Chiffres énormes et inquiétants, mais, sans minimiser ce drame, restent bien inférieurs aux vertigineux bilans des guerres, pandémies et catastrophes qui jalonnent l’histoire de l’humanité.

Dans le concours macabre des horreurs, la Covid-19 ne pèsera surement pas lourd face aux grandes pestes ni aux deux guerres mondiales.

De 1939 à 1945, la seconde Guerre mondiale a fait entre 60 et 70 millions de morts, dont entre 44 et 50 millions de civils, alors que le nombre de personnes portant les séquelles de la Première Guerre mondiale (militaires et civiles) s'élève à plus de 40 millions, 20 millions de morts et 21 millions de blessés. Enormes pour hisser ces années aux premiers rangs des pires années.

Et si on se réfère au registre des catastrophes sanitaires, la pandémie grippale de 1918, dite « grippe espagnole », due à une souche particulièrement virulente et contagieuse du virus grippe A (H1N1), a fait de 20 à 50 millions de morts selon l'Institut Pasteur, et peut-être jusqu'à 100 millions selon certaines réévaluations récentes, soit 2,5 à 5 % de la population mondiale.

Bien avant cette date, et après aussi, les épidémies qui n'ont pas attendu la mondialisation pour s'étendre à l'ensemble du globe ont décimé, dès l'Antiquité, des populations entières en l'espace de quelques mois voire quelques jours. La terreur !

De la peste d’Athènes (-430 avant J.C) au virus du SIDA, en passant notamment par la peste noire (1347-1352), le choléra (1826-1832) et la grippe asiatique (1956-1957), le monde a payé, et continue encore à le faire, un lourd tribut en termes de vies humaines et de pertes économiques et sociales.

Epidémies et famines, les années dures du Maroc d’antan..

L’histoire du Maroc a traversé des zones de turbulences où le trio de la terreur : « épidémies, catastrophes naturelles et famines » a fait des ravages.

Si nos parents et nos séniors peuvent se rappeler encore, sous le nom de "Aâm El Boun" (l’année du bon), de la grande famine des années 1940-1947 et du rationnement drastique des produits alimentaires, cette crise alimentaire, loin d’être isolée, a été précédée, des siècles avant, par une multitude de catastrophes naturelles et d’épidémies aux impacts désastreux sur les Marocains.

Au 15ème siècle, en 1493, une épidémie « importée » de Grenade a sévi notamment à Fès, avant d’ouvrir le bal à une succession de catastrophes effroyables et de famines combinées à des visites successives des pestes et du choléra qui ont fait des victimes en nombres importants dans différentes régions du pays aux 16è, 17è et 18è siècles.

"Dans la ville de Fès, il y aurait eu à certains moment, 1 000 à 1 500 morts par jour et même 3 000 selon certaines sources", affirme l’historien français Bernard Rosenberger, dans un article publié en 1977 dans les "Cahiers de la Méditerranée".

Ainsi, si ce rapide survol de l’histoire des catastrophes peut donner une idée de la souffrance de l’humanité à travers les âges, il innocente 2020 du qualificatif de la pire année en dépit des affres de la Covid-19 que nous espérons devenir un mauvais souvenir en 2021.

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