Pandémie
Accès aux vaccins : Merkel ''inquiète'', malgré les promesses du G20
La chancelière allemande, Angela Merkel, se dit "inquiète" de la lenteur des discussions pour fournir le vaccin contre le Covid-19 aux nations les plus pauvres.
Les dirigeants du G20 ont promis dimanche de "ne reculer devant aucun effort" pour garantir un accès équitable aux vaccins contre le Covid-19, un volontarisme toutefois tempéré par des déclarations d''Angela Merkel notamment, "inquiète" de la lenteur des avancées en la matière.
"Nous ne reculerons devant aucun effort pour assurer l'accès abordable et équitable (aux vaccins, tests et traitements, NDLR) de tous", écrivent-ils dans leur déclaration finale.
Le sommet des 20 plus grandes puissances économiques mondiales s'est tenu sous un format virtuel qui lui enlève beaucoup de son éclat, et sous la présidence de l'Arabie saoudite, ce qui a suscité de vives critiques des organisations de défense des droits humains.
Des journalistes dans une salle de presse vide pour la couverture du G20, à Ryad en Arabie saoudite le 20 novembre 2020
Alors que la pandémie a tué près d'1,4 million de personnes dans le monde, les présidents ou chefs de gouvernement promettent de "combler les besoins de financement encore existants" pour assurer que les vaccins ne bénéficient pas qu'aux pays les plus riches, au moment où eux-mêmes mettent déjà sur les rails des campagnes de vaccination à grande échelle.
Les Etats-Unis ont annoncé dimanche qu'ils espéraient commencer la leur avant la mi-décembre.
4 milliards de dollars en urgence
Le Center for Global Development a calculé que les pays riches avaient déjà réservé 1,1 milliard de doses du futur vaccin de Pfizer/BionTceh, l'un des plus avancés, sur un total annoncé de 1,3 milliard de doses produites l'an prochain.
Les Nations unies, redoutant l'apparition d'un "nationalisme vaccinal", appellent à trouver en urgence 4,2 milliards de dollars pour garantir, sous la conduite de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un accès équitable au vaccin. Un montant sur lequel le G20 ne s'est pas expressément engagé.
La chancelière allemande Angela Merkel, au pouvoir depuis exactement 15 ans dimanche, s'est dite "inquiète que rien n'ait été encore fait" concrètement pour assurer la vaccination dans les pays pauvres.
"Il faut plus de financements", a souligné après le sommet la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Le président français Emmanuel Macron a lui appelé ses homologues à "aller plus loin plus vite", selon l'Elysée, en faisant don de doses, en nouant des partenariats industriels ou encore en partageant la propriété intellectuelle.
L'ONG Oxfam a elle critiqué auprès de l'AFP un "décalage total entre les appels (des Européens notamment) à faire du vaccin un « bien public mondial » et la course au vaccin qu'ils entretiennent".
Dette
Autre sujet sur lequel le G20 était attendu : la dette des pays pauvres, qui flambe en raison du cataclysme économique engendré par la pandémie.
Les dirigeants du G20 "promettent de mettre en œuvre" une initiative de suspension du service de la dette déjà adoptée, qui permet aux pays pauvres de différer jusqu'en juin 2021 le paiement des intérêts.
Mais alors que les Nations unies espéraient que ce délai soit étendu jusqu'à la fin 2021, le G20 s'en remet à ses ministres des Finances pour "examiner" cette question au printemps prochain.
Au-delà de la pandémie, "on s'est mis d'accord sur un langage commun sur le climat, le commerce, les investissements. C'est très important car, lors des derniers sommets, on n'arrivait pas à produire un communiqué final qui soit soutenu par tout le monde", s'est réjoui le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria, auprès de l'AFP.
Climat
Sur l'environnement, exit notamment le paragraphe séparé que les Etats-Unis avaient fait insérer dans le texte concluant le sommet du G20 d'Osaka l'an dernier, pour bien marquer leur différence en la matière.
Dans celui qui conclut le G20 sous présidence saoudienne, les grandes puissances promettent de "faire face aux défis environnementaux les plus pressants".
Mais le reste de la déclaration fait soigneusement la différence entre les signataires de l'Accord de Paris et les autres, les Etats-Unis donc -même si le président élu Joe Biden a promis de faire revenir son pays dans le dispositif.
Et des tensions sont malgré tout apparues.
Donald Trump a fustigé une nouvelle fois dimanche l'Accord de Paris qui, selon lui, "a été conçu pour tuer l'économie américaine".
Le président brésilien Jair Bolsonaro, climatosceptique notoire, a lui balayé les critiques sur l'augmentation de la déforestation au Brésil, des "attaques démagogiques" selon lui, qui émanent de pays "moins compétitifs".