Casablanca-Settat: Serveurs de cafés et restaurants entre résilience et impatience

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Désespérément vide

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Par Bouchra NAJI (MAP avec Quid) 

Casablanca – Difficile, pour ne pas dire impossible, d'effacer d'un trait les lourdes pertes essuyées par les serveurs de cafés et restaurants au niveau de la région Casablanca-Settat, mais pas seulement, cette région n’étant dans ce conteste de crise sanitaire et des restrictions qu’elle impose, que l’étalon témoin du manque à gagner qui a frappé toutes les préfectures et toutes les provinces du Royaume.

Si déjà cette catégorie a été obligée de travailler seulement jusqu'à 21 H à cause des restrictions liées au coronavirus, la décision d'interdire les déplacements nocturnes à l'échelle nationale de 20H00 à 06H00 durant le Ramadan, mois d’intense animation, a enfoncé encore plus ce secteur, patrons comme employés, dans la souffrance économique. Pour eux, elle revient pratiquement à l’arrêt total du travail qui les a immédiatement plongés encore plus dans une précarité qui se complait dans son squat des lieux.

La complainte de Imad, serveur dans un café à Lissasfa, est d’autant plus touchante qu’il tente de préserver une contenance de façade, lui qui raconte pudiquement ses difficultés au quotidien aggravées par cette décision, explique-t-il, porte atteinte aux seules ressources dont dispose cette catégorie qui se trouve actuellement livrée à elle-même sans aucune prise en charge.

"Il est nécessaire de prendre en considération la situation de cette catégorie qui ne bénéficie ni de couverture sociale ni de retraite", affirme-t-il.

Père d’une famille de 4 enfants et épouse au foyer, il est actuellement à la recherche d'un travail temporaire durant le Ramadan pour subvenir aux besoins des siens.

« Nous sommes déjà mis à mal par la réduction drastique de la capacité d'accueil des restaurants et des cafés qui se trouvent confrontés à des restrictions plus strictes pour l'heure de fermeture. Certains gérants ont dû licencier plusieurs employés et d'autres à mettre la clef sous le paillasson. » Dire que cette nouvelle décision de couvre-feu pratiquement à la rupture du jeûne vient aggraver encore plus cette situation, est dans son cas un euphémisme. 

Encore que Imad a décidé s’estime « chanceux ». Sa mère l'a invité, lui et sa petite famille, à lui tenir compagnie pendant le mois du Ramadan, sa manière à elle, élégante, de lui venir en aise. En arrêt de travail forcé, c’est un moment de répit qui l’aidera à mieux gérer cette période de crise.

Moins flegmatique, Rabiâ qui travaille dans un snack de la métropole économique du Maroc se rappelle qu’à l'annonce du début du véritable déconfinement progressif (25 juin 2020), les restaurants ont pu récupérer en partie de leur clientèle, même si le passif était difficile à éponger. Mais cette nouvelle décision, elle l’a reçue comme un coup de massue. "Les choses vont s’aggraver encore plus", déplore-t-elle, lançant un appel aux parties concernées et aux associations de voler au secours d’une catégorie parmi les plus sinistrés de la pandémie.

Casablanca, chef-lieu de la région et locomotive de son développement, se considère comme la ville marocaine la plus accablée par les mesures restrictives visant à empêcher une situation épidémiologique de devenir incontrôlable. Au bout aujourd’hui de plus d’une année de calvaire, habitants et commerçant de la région font preuve d’une résilience admirable et se drape, en priant pour que demain soit meilleur, dans une dignité qui force l’admiration. Mais les stigmates de l’usure et les expressions de l’impatience ont de plus en plus de mal à se contenir.

 

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