Pandémie
Pandémie: l'équipe de l'OMS en Chine explorera ''toutes les pistes''
Des soignants en combinaison intégrale de protection reçoivent des personnes dans un centre médical, le 24 janvier 2020 à Wuhan, en Chine
Une équipe internationale de scientifiques chargée de remonter aux origines du Covid-19, qui se rendra en Chine en janvier, va explorer "toutes les pistes" mais ne cherche pas à désigner un coupable pour la pire pandémie depuis un siècle, a affirmé un des chercheurs dans un entretien à l'AFP.
"Les réunions que nous avons eues jusqu'à présent avec les collègues chinois ont été très productives et très bonnes et mon impression pour le moment est que les Chinois, au niveau du gouvernement mais aussi au niveau de la population, veulent vraiment savoir ce qui s'est passé", déclare Fabian Leendertz, de l'institut Robert Koch en Allemagne.
Il est l'un des dix éminents scientifiques choisis par l'Organisation mondiale de la santé, après un long processus de sélection, pour tenter de remonter aux origines du virus afin de savoir comment il s'est transmis à l'homme.
Un an après la découverte des premiers cas dans la région chinoise de Wuhan, ils se rendront pour la première fois en janvier en Chine, pour une mission qui devrait durer entre cinq à six semaines, dont deux en quarantaine. Ils seront accompagnés par un expert de l'OMS en matière de sécurité alimentaire et de zoonoses, le Dr. Peter Ben Embarek.
"Il ne s'agit pas de trouver un pays ou des autorités coupables. Il s'agit de comprendre ce qui s'est passé pour réduire les risques à l'avenir", insiste Fabian Leendertz, 48 ans, spécialiste des zoonoses.
Il souligne ainsi que les transmissions de virus de l'animal vers l'homme se produisent chaque année dans tous les pays du monde. "C'est juste de la malchance que ce virus ait été si pernicieux", estime-t-il.
"Résultats concluants"
Une fois en Chine, "nous commencerons à Wuhan car c'est là où les données les plus solides sont disponibles", relève M. Leendertz. "De là, nous suivons toutes les pistes où qu'elles nous mènent".
L'expert, vétérinaire de formation, a reconnu qu'il est toujours préférable que "les traces soient fraîches" pour remonter aux origines d'un virus, tout en soulignant que tout reste possible en matière d'analyse scientifique.
"Quand l'épidémie d'Ebola a commencé en Afrique de l'Ouest, je suis allé sur place avec mon équipe, nous y étions 10 jours après. Mais avec mon équipe, nous venons d'analyser la propagation du virus de la rougeole du bétail à l'homme et c'était il y a 25.000 ans!" raconte-t-il.
Pour préparer la venue de la mission internationale en Chine, un épidémiologiste et un spécialiste de la santé animale de l'OMS s'y sont rendus cet été. Depuis, les dix experts ont pu se réunir régulièrement virtuellement avec des scientifiques chinois.
Malgré tout, M. Leendertz averti qu'"il ne faut pas s'attendre à ce qu'après cette première visite en Chine en janvier, l'équipe revienne avec des résultats concluants".
Il espère toutefois revenir de Chine avec un "plan concret" pour une "phase 2" de l'enquête.
"Transparence"
Mais il explique que "la plus grande partie du travail", en particulier son aspect "pratique", sera faite par les experts chinois: "Nous sommes là pour guider et apporter de la transparence" vis-à-vis du reste du monde.
Si les scientifiques pensent en général que l'hôte originel du virus est une chauve-souris, nul ne connaît encore l'animal intermédiaire qui a permis la contamination humaine.
Comme l'explique M. Leendertz, il s'agira, d'un côté, de "remonter dans le temps" en examinant les divers frottis humains qui ont été conservés par les autorités chinoises, et voir s'il y a des cas antérieurs à ceux de fin décembre 2019. Une autre approche sera de déterminer le rôle joué par le marché de Wuhan, où des animaux exotiques étaient vendus vivants.
Ce spécialiste des micro-organismes hautement pathogènes se dit "presque sûr" que les scientifiques découvriront d'une manière ou d'une autre ce qui s'est passé, "mais pas demain, cela peut prendre un certain temps".
En attendant, il souhaite que "la politique reste éloignée aussi loin que possible" de l'enquête, en référence aux critiques du président américain Donald Trump, qui a accusé Pékin de cacher des choses et l'OMS de trop se plier à la volonté des autorités chinoises.