société
L’indispensable reconfiguration
Le monde entier sait que l’expérience du Covid-19 induira des changements radicaux dans la pensée et la pratique économiques. Bien au-delà des questions budgétaires, des politiques d’austérité ou de relance, on parle plus de relocalisation, d’autosuffisance pour les produits essentiels, de ce que l’on considérait, il y a six mois encore, comme ringard, totalement dépassé.
Un grand ensemble, l’Union européenne, pour ne pas la nommer, est menacé d’implosion, parce que de solidarité il n’en a pas été question, et que des faits de piratage concernant les masques ont eu lieu. Et il n’y a pas que les populistes pour dénoncer le manque de protection et l’incohérence de l’UE face à la crise.
Au Maroc, les décisions prises par le Roi Mohammed VI, de manière préventive, ont été fortes et cohérentes, à la fois sur le plan socio-économique et sur le plan sanitaire.
Dans un esprit de mobilisation générale et patriotique, on a pu mobiliser le secteur du textile, depuis longtemps en souffrance, pour fabriquer les masques, denrée très rare sur le marché mondial. Des entreprises changent d’activité pour produire des respirateurs artificiels. Une très grande faculté d’adaptation a été démontrée.
Après la sortie de la crise, il nous faut maintenir cette dynamique. Parce que le monde va changer, nos principaux partenaires bouleverseront les règles et nous devrons nous y adapter. Il faut réfléchir à une reconfiguration systémique de l’économie nationale, recentrée sur les besoins locaux, redonnant toute leur place à l’agriculture et à l’industrie, non pas au détriment des services, dont la volatilité est une véritable fragilité, mais dans une cohérence d’ensemble. Il faudra sans doute revenir à la protection des secteurs industriels essentiels et développer le domaine de la recherche scientifique en l’adaptant aux objectifs de l’environnement.
Cette reconfiguration est un chantier de réflexion qui ne peut relever d’un gouvernement qui a le nez dans le guidon et qui gère une crise sans précédent. C’est la commission chargée d’élaborer un projet de nouveau modèle de développement qui paraît être l’organe tout désigné, pour mener à bien cette réflexion.
Entre sa nomination et aujourd’hui, tous les paramètres ont changé, sa mission a donc fondamentalement changé. Il faudrait peut-être repenser sa composition.
Des Marocains sont des sommités mondiales dans toutes les sciences. Ils ont leur place pour apporter leurs compétences, mais aussi leurs connexions à l’étranger. Car nous aurons besoin d’une connaissance très fine des transformations radicales qui auront lieu, pour nous adapter.