société
L’après Covid-19
Après le confinement, et lorsque la pandémie sera derrière nous, nous allons devoir agir pour faire face au mal que cette crise nous aura causé. Pour ce faire, nous allons devoir compter sur l’énergie extraordinaire que nous avons dégagée durant la crise et capitaliser sur notre très forte union. Je partage avec vous une dizaine de points que je propose d’intégrer à la feuille de route de l’après-Corona.
1 . Les liens indéfectibles entre le Trône et le Peuple sont la clé de notre force. Face aux crises, les Marocains se sentent entre de très bonnes mains, renouvellent leur confiance dans leur leader et s’alignent derrière lui. Cette extraordinaire capacité de mobilisation dernière le Souverain devrait continuer dans un élan sans répit pour aller immédiatement vers toutes les réformes nécessaires, capitalisant ainsi sur l’élan de patriotisme engendré par la pandémie. Il faut dépolitiser les grands chantiers de réforme.
2 . La crise a révélé la limite de l’impact du discours populiste et ce, tant à l’échelle mondiale que nationale. Le discours politique, aujourd’hui, et notamment après la crise, devrait être basé sur le pragmatisme et sur les actions concrètes et sérieuse. Les citoyens n’accepteront plus l’esbroufe politique, ils voudront du concret, sincère.
3 . La pandémie a révélé que, dans les situations de crise, les grandes puissances se concentrent, d’abord, sur leurs propres intérêts. Ils ne se préoccupent même pas de leurs alliés proches. L’initiative royale vers certains pays d’Afrique est le prélude d’un nouvel ordre régional hautement stratégique que le Souverain prépare d’ores et déjà. La Coopération Sud-Sud devrait céder la place à une étape plus avancée : l’alliance stratégique Sud-Sud.
4 . La crise engendrée par la baisse des rentrées en devises (MRE, Exportations, Tourisme, etc) est tellement forte qu’il faudra, entre autres, baisser les importations afin de préserver nos réserves en devises et, par la même occasion, stimuler la consommation pour créer de la richesse en interne. Encourager le tourisme interne par des offres sérieuses et accessibles, enclencher le processus démarré la veille de la pandémie, de stimulation de la création d’entreprises pour créer une dynamique locale, encourager l’industrie nationale et la consommation du produit marocain (profiter de la découverte de talents nationaux en la matière).
5 . L’enseignement est un secteur qui aura besoin d’une attention particulière puisque l’on s’est rendu compte de la nécessité de produire de la compétence nationale à grande échelle. «Sous-traiter » aux instituts étrangers la préparation d’une élite nationale, en nombre insuffisant et dont la majorité reste à l’étranger, s’est avéré handicapant. Le Maroc a besoin de stimuler la création d’une élite locale en plus de celle qui part acquérir d’autres connaissances et compétences à l’étranger. La réforme devrait être accélérée mais avec une vision claire et pragmatique. Il n’y a plus de temps à perdre.
6 . Le pouvoir d’achat des ménages sera terriblement affecté, le chômage en hausse et donc la consommation interne aura du mal à servir de levier de croissance face à la crise post-Corona. Des mesures d’encouragement seraient les bienvenues et l’ingéniosité fiscale devrait se manifester, enfin, au Maroc. Restitution d’une part de l’IR sur la scolarisation des enfants dans les écoles privées, baisse de l’IR pour certaines catégories, suppression de l’IR pour d’autres.
7 . Les médias se sont révélés aussi d’une très haute importance en période de crise. Ils ont informé, sensibilisé, expliqué, alerté, combattu les Fake News, etc. Mais, ils ont vécu une crise inédite. La majorité risque de ne pas s’en sortir. Il serait judicieux de procéder à un plan Marshall en faveur des médias et une politique favorisant les entreprises structurées et professionnelles.
8 . En temps de crise, chaque pays ne pouvait compter que sur ses propres moyens et l’ingéniosité de ses ressortissants, notamment sa jeunesse. On a découvert aujourd’hui qu’il existe des ateliers de recherche et d’innovation dans les écoles supérieures, les instituts de formation professionnelle et les universités et qui se sont empressés de créer des respirateurs, des applications, des cabines d’aseptisation, etc. Accorder une grande importance à la promotion de la recherche et de l’innovation utiles et pratiques dans les universités marocaines est très important. Il faut une loi qui impose un taux du budget dédié à al recherche et une politique de récompense et d’encouragement. Il faut une vraie politique définie par loi ou par accord-cadre avec les secteurs de l’enseignement supérieur toutes branches confondues.
9 . La pandémie a révélé aussi l’importance de l’infrastructure sanitaire et son rôle primordial dans une situation de crise sanitaire. Mais aucun gouvernement au monde ne peut se doter d’infrastructures à même de faire face à une telle situation. L’existence d’une infrastructure privée a apporté un grand soutien au public en temps de crise. Aussi, le pragmatisme politique veut que l’on soutienne l’investissement dans ce domaine mais que l’on l’assujettie à certaines conditions dont une taxe qui irait directement à un fonds de réserves pour les situations de crise.
10 . Comme évoqué dans le point précédent, il est primordial, aujourd’hui, de se doter d’un mécanisme de prévoyance de fonds pour les situations de crise. Le fonds créé pour faire face à la crise engendrée par la pandémie du Covid-19 devrait continuer à être alimenté tant que l’impact et les séquelles de la pandémie ne se seraient pas dissipés. Mais, une fois dépassé, il serait opportun de trouver la manière de pérenniser l’existence d’un tel fonds.