L’UNESCO réagit à la destruction du café maure des Oudayas

5437685854_d630fceaff_b-

Café maure des Oudayas

10158
Partager :

La destruction du café maure des Oudayas, dans la perspective de son éventuelle « reconstruction à l’identique » a fait réagir l’UNESCO, via son Centre du patrimoine mondial. La correspondance, en date du 17 juillet,  adressée à l’ambassadeur du Maroc auprès de cet organisme onusien, Samir Addahr, avec copie pour la Commission nationale marocaine pour l'éducation, la culture et les sciences Bureau de l’UNESCO à Rabat, rappelle que la Ville lumière est inscrite sur la Liste du patrimoine mondial depuis 2012.

C’est à ce titre que la directrice de ce centre, Mechtild Rössler, indique avoir « récemment été informé à travers différents médias d’un projet visant à la démolition - pour une future reconstruction - du Café maure de la Casbah des Oudayas, au sein du site de Rabat, capitale moderne et ville historique : un patrimoine en partage […]. 

« Conformément au Paragraphe 174 des Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, écrit-elle, nous vous adressons ces informations afin de nous permettre de vérifier, avec vos autorités concernées, leur contenu. » 

Invitant à une « prompte réponse », la correspondance de l’UNESCO souligne que les dispositions du Paragraphe 172 des Orientations « prévoit que chaque État partie informe de ses intentions « d'entreprendre ou d'autoriser, dans une zone protégée par la Convention, des restaurations importantes ou de nouvelles constructions, qui pourraient modifier la valeur universelle exceptionnelle du bien. La notification devrait se faire le plus tôt possible (…) et avant que des décisions difficilement réversibles ne soient prises (…) ». 

Les autorités de Rabat et sans consultation préalable avec aucune des parties prenantes de la capitale avaient entrepris la destruction de ce café suscitant une vague de protestation de citoyens et d’associations « scandalisés » par cette entreprise. 

Suite à ce tollé général, Abdelkrim Bennani, président de l’Association RIBAT AL FATH et Fikri Benabdellah, président de l’Association RABAT SALE MEMOIRE, ont signé un communiqué conjoint indiquant avoir sollicité une réunion avec le Wali de Rabat Salé Kénitra. Ils ont apporté quelques explications qui auraient, selon le communiqué, motivé cette destruction. Les deux signataires précisent que « sur le plan architectural [ils ont] eu l’assurance que le projet de restauration préservera l’identité immuable et originelle et réelle du lieu. Cette option stratégique prendra le soin d’évacuer tout ajout ou appendices ayant, de fait, porté atteinte à l’intégrité architecturale historique de ce lieu de mémoire. » Ils indiquent par ailleurs que les deux parties [wilya et les deux associations NDLR] ont convenu de « la concertation préalable future avec l’ensemble des acteurs concernés par le patrimoine, dont la société civile. Cette communication permettra d’éviter à l'avenir tout problème entravant l'adhésion collective aux projets de cette nature, tout en renforçant leur légitimité. »

Dans un post d’indignation, Saïd Mouline, architecte connu de la capitale, qui ne croit pas à la possibilité d’une reconstruction à l’identique, rapporte que ce site séculaire qui fait partie du patrimoine de la ville, « construit par Maurice Tranchant de Lunel, architecte, aquarelliste auquel Lyautey avait confié, à la place d’un campement militaire, un ensemble comprenant un vaste jardin andalou et des musées, a été inauguré par Lyautey en 1917 en pleine guerre mondiale. »

lire aussi