Malgré l'incertitude, le cinéma français imagine des scénarios pour les mois à venir

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Salles fermées, grands festivals annulés au moins jusqu'à mi-juillet: le secteur du cinéma, durement touché par la crise sanitaire, reporte ses espoirs sur la deuxième partie de l'année et prépare des scénarios pour l'après confinement, même si l'horizon reste incertain.

Alors que le président de la République française a annoncé que les salles de cinéma resteraient fermées après le 11 mai et jusqu'à nouvel ordre, le président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) Richard Patry veut voir un espoir dans "la possibilité d'une réouverture dans un deuxième temps, entre le 11 mai et la mi-juillet".

Elle serait pour lui "une chance pour le cinéma français", la sortie de nombre de films américains ayant été reportée à l'automne. "Nous allons pouvoir reprendre (les films) qui étaient sortis le 11 mars, juste avant le confinement", a-t-il indiqué au Parisien mercredi.

Mais il "va falloir plus de moyens aux exploitants, notamment pour embaucher, afin de mettre en place les nouvelles mesures de protection des spectateurs et pour communiquer et attirer ainsi le public en salles", a-t-il ajouté. "La vraie inquiétude, ce n'est pas la fermeture, mais la réouverture". 

Selon des estimations de la FNCF, les entrées dans les salles devraient être en baisse de 55 millions sur la période allant de début janvier à fin mai par rapport à l'an dernier, soit une perte de plus de 370 millions d'euros pour la filière. 

Le ministre de la Culture français Franck Riester a cependant reconnu dans Le Monde que l'on "ne savait pas" pour l'instant quand les salles pourraient rouvrir.

Une fois mises en place des mesures d'urgence pour aider les entreprises du secteur, et après avoir autorisé exceptionnellement des films récents à sortir en vidéo à la demande (VOD), le Centre national du cinéma (CNC) planche notamment avec le médiateur du cinéma sur une recommandation concernant la sortie des films lors de la réouverture des salles.

"Il est souhaitable (...) d'aboutir à une répartition équilibrée dans le temps de l'offre de nouveautés en salles" pour la deuxième moitié de l'année, période "traditionnellement dense en offre de films", indiquait-il récemment.

Un label "Cannes 2020" ? 

La problématique de l'après est épineuse aussi pour les festivals, au premier rang desquels Cannes, après l'annonce que les grands festivals ne pourraient pas se tenir avant la mi-juillet au minimum.

Le délégué général du Festival de Cannes Thierry Frémaux, qui envisageait un temps un report fin juin-début juillet, a cependant refusé de jeter complètement l'éponge, affirmant que la manifestation pourrait se maintenir sous une autre forme.

Il évoque notamment la possibilité de créer "un label +Cannes2020+", auquel pourraient être associées les sections parallèles du festival et qui "permettrait de valoriser les films qu'on a vus". 

"Nous voulons être présents à l'automne pour contribuer au vaste chantier de la reconquête du cinéma", a-t-il ajouté dans un entretien jeudi au Figaro. 

Il a évoqué la possibilité d'une alliance de Cannes avec la Mostra de Venise, si cette dernière pouvait se tenir. "On peut imaginer quelque chose", a-t-il réaffirmé dans Nice Matin vendredi, soulignant qu'il faut éviter que le cinéma devienne "un champ de ruines".

"De l'exploitant indépendant aux grands groupes comme Pathé ou UGC, plus personne n'a le moindre revenu depuis plus d'un mois et ça va durer encore. Les tournages sont tous stoppés, dans le monde entier. C'est une catastrophe", ajoute Thierry Frémaux, qui se dit "inquiet" pour le cinéma en salles. 

Le Marché du film, qui accompagne le Festival de Cannes, proposera de son côté une version numérique pour les professionnels du 22 au 26 juin, dont les détails ont été donnés vendredi, avec stands et pavillons virtuels, projections en ligne ou réunions vidéo. 

Le Festival du film d'animation d'Annecy connaîtra aussi une édition numérique, tandis que d'autres manifestations, cinémas et institutions cherchent des idées innovantes. 

Le directeur de la cinémathèque de Bologne, Gian Luca Farinelli, a par exemple évoqué l'hypothèse d'un "drive-in" pour remplacer les projections en plein air traditionnellement organisées sur la Piazza Maggiore en été.

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