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Afrique du Sud: l'Assemblée nationale réunie vendredi pour élire le prochain président
Le président du Congrès national africain (ANC) et le président sud-africain Cyril Ramaphosa (G), Le leader du principal parti d'opposition sud-africain, l'Alliance démocratique (DA), John Steenhuisen (C), et le leader des Combattants pour la liberté économique (EFF), Julius Malema (D). (Photo OLYMPIA DE MAISMONT et Phill Magakoe / AFP)
Les 400 députés élus aux législatives en Afrique du Sud se réunissent vendredi au Cap lors d'une première session à l'Assemblée nationale qui s'annonce houleuse et doit se conclure avec l'élection du prochain président du pays.
L'Afrique du Sud a tenu fin mai le scrutin le plus disputé depuis l'avènement de la démocratie dans le pays en 1994. Le Congrès national africain (ANC) au pouvoir depuis la fin de l'apartheid a obtenu seulement 40% des voix. Sans majorité absolue, le parti historique est désormais contraint à nouer des alliances pour former le prochain gouvernement.
"La première séance de l'Assemblée nationale se tiendra vendredi 14 juin à 10H00" (08H00 GMT), a déclaré le président de la Cour constitutionnelle, plus haute juridiction du pays, cité lundi dans un communiqué du ministère de la Justice.
En Afrique du Sud, les électeurs choisissent leurs députés selon un système de listes à la proportionnelle. La nouvelle Assemblée nationale élue désigne ensuite le président de la République.
Selon la Constitution, le président de l'Assemblée, son vice-président ainsi que le président de la République doivent être élus lors de la première session parlementaire suivant les élections. Sauf surprise, le prochain président sud-africain devrait donc être désigné vendredi.
L'actuel président Cyril Ramaphosa, 71 ans, vise un second mandat. Mais l'incertitude règne sur la forme que prendra le prochain gouvernement et la teneur des tractations en cours depuis l'annonce des résultats des élections le 2 juin.
"Union nationale"
L'ANC ne dispose plus que de 159 sièges contre 230 dans le Parlement sortant. Le premier parti d'opposition (Alliance démocratique, DA) a obtenu 87 sièges sur la base d'un programme libéral.
Les radicaux de gauche des Combattants pour la liberté économique (EFF) ont décroché 39 sièges en promettant des réformes radicales telles que la redistribution des terres aux noirs et la nationalisation de secteurs économiques clés. Tandis que le parti du sulfureux ex-président Jacob Zuma, uMkhonto weSizwe (MK), est devenu la troisième force du pays, avec 58 sièges.
Alors que les spéculations allaient bon train sur les possibles alliances en vue de la formation d'un gouvernement de coalition, M. Ramaphosa a appelé la semaine dernière, à l'issue d'une réunion marathon du puissant comité national exécutif de l'ANC (NEC), à la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Faisant référence à la formule trouvée à la sortie de l'apartheid avec la formation d'un gouvernement unissant le premier président noir sud-africain Nelson Mandela et le dernier président blanc du pays Frederik de Klerk, Cyril Ramaphosa a appelé tous les partis allant de l'extrême droite à l'extrême gauche à "travailler ensemble".
"Un gouvernement stable et efficace, engagé dans les réformes économiques, permettra de construire une économie inclusive et une croissance économique pour tous qui profitera à tous les Sud-Africains", a-t-il écrit lundi dans sa lettre hebdomadaire à la nation.
La proposition d'un gouvernement d'union nationale a reçu un accueil froid, notamment de l'EFF. Le parti du provocateur Julius Malema a rejeté l'idée de s'associer à des rivaux tels que la DA, invoquant l'impossible rapprochement d'opinions opposées.
La plus grande formation d'opposition, qui pendant la campagne n'avait pas complètement fermé la porte à un rapprochement avec l'ANC, a de son côté poursuivi les discussions en interne pendant le week-end pour définir une ligne finale.
Mais l'idée d'un rapprochement avec la DA a provoqué des scissions au sein de l'ANC, certains considérant qu'un accord avec le parti qui prône notamment la privatisation de pans entiers du secteur public, serait en totale contradiction avec les politiques sociales de l'ANC.
Le MK a de son côté affirmé que ses membres élus boycotteront la première session parlementaire. Le parti, qui a annoncé son intention de déposer un recours en justice, conteste la validité des résultats des législatives et dénonce des irrégularités.
Le Parlement a indiqué dans un communiqué avoir "annulé toutes les dispositions relatives à l'hébergement et aux vols pour les membres élus" du MK, dans un souci d'"éviter les dépenses inutiles et le gaspillage". (AFP)