La préhistoire d’Essaouira sous la loupe d’experts

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Les recherches lancées il y a deux décennies ont permis d’identifier plus de 300 sites archéologiques dans la province d’Essaouira, contre une trentaine seulement au début des travaux

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La préhistoire de la province d’Essaouira a été mise exploré lors d’un atelier international organisé, mercredi à l’espace socioculturel "Dar Souiri", pour marquer deux décennies de recherches archéologiques dans cette zone riche en patrimoine.

La rencontre scientifique a permis de présenter les dernières découvertes issues des fouilles menées au niveau de sites emblématiques de Bizmoune et Jorf El Hamam, ainsi que d’autres prospections réalisées dans les environs.

Initié sous le thème "Les origines d’Essaouira : 20 ans de recherches archéologiques", cet atelier a été l’occasion pour les participants d’apporter un éclairage sur les modes de vie, les déplacements et les interactions des populations préhistoriques à Essaouira.

Intervenant à cette occasion, le directeur de l’INSAP, Abdeljalil Bouzouggar, s’est attardé sur les réalisations du programme de recherches lancé il y a deux décennies et qui a permis d’identifier plus de 300 sites archéologiques dans la province d’Essaouira, contre une trentaine seulement au début des travaux.

"Les résultats obtenus sont impressionnants, notamment la découverte des plus anciens objets de parure au monde dans la grotte de Bizmoune, datant de 142.000 à 150.000 ans, mais aussi des outils en silex et des vestiges témoignant d’une occupation humaine remontant à près d’un million d’années", a-t-il précisé.

De plus, à proximité d’Essaouira, "des outils remarquables ont été découverts, dont l’âge est estimé à environ un million d’années, repoussant les limites de notre compréhension de l’histoire humaine dans la région", a ajouté M. Bouzouggar, notant que ces découvertes témoignent d’une histoire extrêmement ancienne de la Cité des Alizés, qui a "joué un rôle majeur non seulement dans l’histoire du Maroc, mais aussi dans celle de l’humanité tout entière".

"Cet atelier international constitue également une opportunité d’écouter et d’encourager la nouvelle génération de chercheurs, en particulier les doctorants, à partager leurs travaux avec le public", a-t-il fait remarquer dans une déclaration à la MAP.

Jacques Collina-Girard, géologue et préhistorien, a présenté pour sa part un exposé intitulé "Le détroit de Gibraltar : point de transition migratoire entre l’Europe et l’Afrique", dans lequel il a expliqué comment cette région stratégique a joué un rôle clé dans les mouvements migratoires des populations humaines et animales au cours de la préhistoire, reliant les deux continents et permettant des échanges culturels et biologiques essentiels à l’évolution de l’humanité.

Selon M. Collina-Girard, également maître de conférences à l’Université Aix-Marseille, les découvertes réalisées à Essaouira, notamment les ornements retrouvés dans la grotte de Bizmoune, s’inscrivent dans un contexte plus large d’échanges préhistoriques à travers le bassin méditerranéen et l’Afrique du Nord, démontrant l’importance de la région en tant que carrefour historique de civilisations.

"Le Maroc représente un véritable trésor pour l’archéologie préhistorique, avec des sites incroyablement riches répartis sur tout le territoire", a-t-il confié, faisant savoir que ces découvertes illustrent non seulement l’importance du Royaume dans la compréhension de l’histoire de l’humanité, mais aussi son rôle clé dans les échanges culturels et biologiques entre l’Afrique et l’Europe, notamment grâce à sa position stratégique au carrefour de ces deux continents.

Steven Kuhn, professeur d’anthropologie à l’Université d’Arizona, a axé son intervention sur le contexte des recherches dans la grotte de Bizmoune, expliquant les méthodes utilisées pour déterminer l’âge des différentes couches stratigraphiques de la grotte, qui ont permis de reconstruire l’histoire des occupations humaines sur plusieurs milliers d’années.

M. Kuhn a, en outre, présenté la chronologie des découvertes, mettant en relief les périodes de forte activité humaine dans la région, notamment celles correspondant aux objets de parure et aux outils en silex, qui témoignent de l’évolution des pratiques culturelles et techniques des populations préhistoriques.

Par ailleurs, des jeunes chercheurs américains et français ont enrichi les échanges en partageant leurs travaux sur les dynamiques écologiques et climatiques de l’époque préhistorique, illustrant ainsi les conditions environnementales qui ont façonné les modes de vie des populations anciennes.

Ces interventions ont permis d’étayer les hypothèses sur l’adaptation des groupes humains aux changements climatiques, ainsi que sur leurs stratégies de subsistance et de mobilité à travers le territoire de l’actuelle province d’Essaouira.

Au programme de cet atelier de deux jours figuraient des sessions de réflexion portant notamment sur divers thèmes : "Géoarchéologie et exploitation des ressources lithiques atériennes à Bizmoune", "Outils en pierre et utilisation du paysage pendant le Middle Stone Age à la grotte de Bizmoune", "Comportement complexe de l’Homo sapiens en Afrique du Nord", ou encore "Paysage et climat dans la région d’Essaouira pendant le pléistocène moyen et supérieur", entre autres.

La rencontre a été organisée par l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP), en collaboration avec l’Université d’Arizona et l’Université Aix-Marseille, et en coordination avec la direction provinciale de la Culture, l’Association Essaouira-Mogador et la Société de Développement Local Essaouira Culture, Arts et Patrimoine (SDL. ECAP),

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