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Le Maroc au cœur d'un voyage artistique du couturier franco-italien Maurizio Galante
«Le Maroc a toujours été un lieu fascinant où on passait jadis en partant vers d’autres contrées et où l’on s’arrêtait toujours en revenant pour reprendre ses esprits et laisser libre court à son imagination»
Parti sur les traces des voyageurs d’antan à la recherche d’inspiration et de belles étoffes dans des contrées lointaines, le grand couturier franco-italien Maurizio Galante était loin de se douter que c’était tout près, au Maroc, pays d’authenticité et de brassage culturel où les artisans sont les gardiens d’un savoir-faire ancestral, qu’il allait pouvoir donner forme à ses rêves et trouver matière et manière à sa dernière collection haute couture.
C’est au Maroc en effet que cette collection, placée sous le thème : «Rabat-Cipango, journal de bord» (Cipango est le nom que Marco Polo avait donné au Japon), est en partie née et où elle doit encore revenir pour être accrochée après un défilé que l’on s’attend digne des mille et une nuits.
En attendant, la collection, présentée début juillet dans le cadre de la prestigieuse semaine de la haute couture en France, est exposée au grand bonheur des nombreux visiteurs dans le magnifique écrin qu’est le Musée de l’Institut du Monde Arabe (IMA) à Paris.
«Le Maroc a toujours été un lieu fascinant où on passait jadis en partant vers d’autres contrées et où l’on s’arrêtait toujours en revenant pour reprendre ses esprits et laisser libre court à son imagination», confie Galante en marge de cette exposition qui rencontre un franc succès.
Ce travail est né de la rencontre de Galante avec Touria Bouabid, militante associative et présidente de l’Association Marocaine d’Aide aux Enfants en Situation Précaire (AMESIP) : «une femme d’une grande générosité, qui m’a tout de suite donné l’envie de mener ce projet à son terme», dira d’elle ce grand couturier, un des 15 membres de la très selecte Fédération française de la haute couture.
«Les belles choses naissent souvent des métissages et des rencontres avec d’autres cultures», a-t-il insisté.
Mais si sa rencontre avec Bouabid a été révélatrice, celle avec les femmes du centre social pour la femme et l’enfant au quartier Youssoufia (Rabat), ouvert en 2016 par la Fondation Mohammed V pour la Solidarité, a été déterminante, a¬-t-il reconnu. «J’ai fait la rencontre de femmes mais aussi d’hommes magnifiques, adorant leur travail, motivés et ayant un talent incroyable qui ne demande qu’à être mis en valeur», a-t-il raconté avec émerveillement, soulignant que cette rencontre lui avait procuré beaucoup d’émotion, sentiment qui doit être, selon lui, à l’origine de toute création artistique.
Pour lui, «la mode ce ne sont pas que des paillettes et ça ne doit surtout pas être des paillettes, c’est d’abord un instrument à travers lequel on cherche à raconter une histoire, à faire émerger des émotions et à procurer du plaisir».
Arrivé dans les ateliers du centre social de Youssoufia, géré par Bouabid, avec des tissus en provenance du Japon, d’Inde, de Chine mais aussi du Maroc (où plusieurs pièces ont été tissées sur commande avec une grande dextérité par des tisserands rbatis), Galante a su faire confiance à l’immense talent de ces petites mains qui ont brillamment rassemblé toute sa collection dans un petit atelier, en usant de techniques ancestrales telles : Randha, Derss, Hbik, Laakad mais aussi des broderies traditionnelles.
Le rendu a été magnifique, s’était réjouie Bouabid lors du défilé organisé à Paris en soulignant que la collaboration avec le grand-couturier franco-italien a permis de valoriser toutes ces couturières et brodeuses, et de susciter chez elles davantage d’enthousiasme et de motivation.
Faire rêver ces femmes en les impliquant dans la confection d’une collection très contemporaine tout en travaillant avec les techniques ancestrales qu’elles maitrisent bien et leur faire vivre ainsi un moment de plaisir était effectivement l’objectif recherché par Galante, artiste contemporain connu pour son travail qui mêle architecture, design et haute couture. Et c’est pari gagné, selon les nombreux professionnels qui ont pu admirer leurs œuvres.
Pour rendre hommage à tous ces artisans qui ont contribué pour beaucoup à la réussite de ce projet, dont il se dit très fier, Galante n’attend qu’une chose, c’est de retourner à Rabat et organiser, en collaboration avec Bouabid, un défilé similaire dans un endroit magique où un grand hommage leur sera rendu.
Il y aura sûrement des modifications au niveau du styling, des accessoires, de la musique puisque chaque défilé est un moment unique et particulier mais ce qui est certain c’est que l’évènement sera encore plus beau, a-t-il promis en précisant que la collection sera ensuite exposée à Rabat et peut être même dans d’autres villes.
En attendant, l’exposition à l’Institut du Monde arabe, qui devra se poursuivre jusqu’en octobre, remporte un grand succès de l’avis de M. Philippe Castro, directeur de Cabinet du président de l’IMA, Jack Lang, et qui a été à l’origine de la rencontre Galante-Bouabid : « deux personnalités généreuses, qui ont un goût unique et qui sont animées d’une grande volonté de faire de belles choses en tendant la main à des personnes qui se trouvent dans une situation de précarité ou qui sont isolées».
Castro s’est félicité que l’IMA puisse abriter cette belle exposition au sein de son célèbre musée et mettre ainsi en avant le patrimoine marocain associé au talent d’un grand créateur comme Maurizio Galante.
Ces œuvres, dans lesquels les femmes marocaines ont mis toute leur énergie et leur savoir-faire ancestral, sont des modèles uniques à découvrir autant par les professionnels que par le public profane, s’est-il réjoui.