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Canaries-Maroc : Trois décideurs canariens s’expriment
« Nécessité de définir des niches spécifiques dans lesquelles les deux régions peuvent apporter une valeur ajoutée, telles que l’énergie, la santé et la gestion de l’eau, des domaines identifiés dans le cadre du programme Africa Canarias Challenge » (Migdalia Machín)
Les relations entre les Canaries et le Maroc devraient devenir un modèle de coopération internationale en matière de science, de technologie et d'innovation. C'est ce qui ressort de trois interviews exclusives accordées au Quid.ma par Migdalia Machín, Conseillère aux Universités, aux Sciences, à l'Innovation et à la Culture du Gouvernement autonome des Canaries ; Manuel Ruiz, CEO d'Ecos Group (Une entreprise de référence dans le Conseil en matière d’environnement, d’ingénierie côtière et de recherche et développement) et président de l'"Association Canarienne des Startups, Entreprises de Base Technologique et Investisseurs Anges (EMERGE)" ; et Luis Padilla, directeur des Relations avec l'Afrique du Gouvernement canarien.
Stimuler l’innovation scientifique et technologique
Pour Migdalia Machín, le Maroc est une priorité pour les Canaries dans leur stratégie d’action extérieure. « Le président des Canaries a placé la science et l’innovation au cœur de notre stratégie. Nous voulons établir des cadres institutionnels de collaboration avec le Maroc afin de développer des projets scientifiques et technologiques pour les chercheurs et les entrepreneurs », a-t-elle affirmé.
La conseillère a mis l’accent sur la nécessité de définir des niches spécifiques dans lesquelles les deux régions peuvent apporter une valeur ajoutée, telles que l’énergie, la santé et la gestion de l’eau, des domaines identifiés dans le cadre du programme Africa Canarias Challenge. Selon Machín, il est essentiel de « coordonner nos efforts pour que ces projets accèdent à des ressources telles que le financement, les tests et le prototypage ».
Concernant la collaboration académique, Machín a appelé à renforcer des initiatives telles que le programme Erasmus+ et a plaidé pour la création d’un programme interuniversitaire Canaries-Maroc : « L’échange de connaissances et de talents est la clé pour le développement de la science et de la technologie. Nous voulons encourager des stratégies qui gèrent les talents et stimulent leur rétention dans nos régions. »
Des opportunités pour des entreprises durables
De son côté, Manuel Ruiz, CEO d'Ecos Group et président de l’Association Emerge, a souligné le potentiel des entreprises canariennes dans des secteurs clés comme les énergies renouvelables et le dessalement. « Les Canaries ont une expérience unique dans la gestion de projets marins et les technologies vertes, qui peuvent être d’une grande utilité pour le Maroc dans sa transition vers un modèle durable », a-t-il déclaré.
Ruiz a également mis en avant les synergies dans les domaines de la biotechnologie et de l’efficacité énergétique, où le Maroc et les Canaries partagent des défis similaires. « La proximité géographique et les objectifs communs offrent une opportunité unique de développer des projets conjoints. Le transfert de connaissances sera essentiel pour impulser des écosystèmes collaboratifs et favoriser l’innovation », a-t-il ajouté.
L’expérience d’Emerge, selon son président, génère déjà un impact important dans des projets liés à l’intégration des énergies renouvelables dans les processus de dessalement et à la gestion des rejets, des domaines prioritaires pour le Maroc et les Canaries.
Les Canaries, un pont entre l’Afrique et l’Europe
Luis Padilla, en tant que directeur des Relations avec l’Afrique du Gouvernement des Canaries, a mis en avant le rôle stratégique que peut jouer l’archipel comme pont entre l’Europe et l’Afrique. « Les Canaries doivent adapter leurs capacités et leurs intérêts pour créer une relation mutuellement bénéfique avec le Maroc et d’autres pays africains. Nous devons identifier des niches de coopération dans des domaines comme la formation, la science et la durabilité », a-t-il expliqué.
Padilla met également l’accent sur des initiatives phares comme l’Institut d’Astrophysique des Canaries et la Plateforme Océanique des Canaries (PLOCAN), de renommée internationale, qui se positionnent déjà comme des références dans la collaboration scientifique avec le Maroc. « Le talent est notre ressource la plus importante. Nous voulons connecter les connaissances et le savoir-faire de nos régions pour relever les défis communs tels que le changement climatique, la sécurité alimentaire et les migrations », a-t-il affirmé.
En matière de durabilité, Padilla a plaidé pour une approche collaborative combinant efforts publics et privés : « Nous devons créer un espace de prospérité partagée dans l’Atlantique, avec des projets phares soutenus par l’Union européenne et d’autres organismes internationaux. »
Un avenir partagé basé sur l’innovation
Les déclarations des trois interviewés convergent vers une vision optimiste de la collaboration entre les Canaries et le Maroc. Avec des défis communs et une stratégie basée sur l’innovation, la durabilité et le talent, les deux parties sont appelées à construire une alliance qui pourrait servir de modèle pour d’autres régions.
Et comme l’a très bien précisé Luis Padilla : « Les Canaries et le Maroc ont l’opportunité de diriger des projets durables qui génèrent un développement économique et renforcent leurs relations internationales. C’est un chemin que nous devons parcourir ensemble, avec une vision tournée vers le bien-être et le progrès de nos citoyens. »