National
Baisse du Taux directeur : Bank Al-Maghrib confirme la reprise du cycle d’assouplissement monétaire, selon BKGR
« Bien que la première phase de décompensation du gaz butane, entamée en mai 2024, ait eu un impact limité, les indicateurs d’inflation devraient demeurer sous surveillance, compte tenu de la forte volatilité des prix des matières premières à l’international » (BKGR)
Bank Al-Maghrib (BAM), avec sa décision de réduire le taux directeur de 25 points de base (pbs) à 2,5%, a confirmé la reprise du cycle d’assouplissement monétaire, souligne BMCE Capital Global Research (BKGR).
Cette décision de la Banque Centrale intervient dans un contexte d’atténuation des pressions sur les prix avec une inflation qui s’établit à 0,7% seulement à fin octobre 2024, contre 0,8% un mois auparavant et 6,1% sur l’ensemble de l’année 2023, passant ainsi sous le seuil cible de 2%, relève BKGR dans sa récente publication "Flash Strategy".
Par ailleurs, selon la même source, bien que la première phase de décompensation du gaz butane, entamée en mai 2024, ait eu un impact limité, les indicateurs d’inflation devraient demeurer sous surveillance, compte tenu de la forte volatilité des prix des matières premières à l’international engendrée par la persistance de l’instabilité géopolitique mondiale.
Toutefois, BAM demeure optimiste quant à la trajectoire future des prix en révisant à la baisse ses projections d’inflation à 1% en 2024, contre 1,3% pour ses anticipations de septembre et à 2,1% pour sa composante sous-jacente.
Ainsi, l’inflation devrait croître pour s’établir à 2,4% en 2025, contre 2,5% pour les anticipations de septembre, au moment où sa composante sous-jacente se maintiendrait proche des 2%, poursuit la même source.
S’agissant de la croissance économique, BAM a revu ses prévisions à la baisse à 2,6% en 2024, soit le même scénario de BKGR, intégrant une contraction de la valeur ajoutée agricole de 4,6%, imputable aux conditions pluviométriques défavorables et une progression de l’activité non agricole à 3,5%.
Pour ce qui est des projections de croissance de l’année 2025, elles s’établissent à 3,9%, sous l’hypothèse d’une récolte céréalière de 50 millions de quintaux, moyenne des 5 dernières années.
Au registre du commerce extérieur, BAM anticipe une amélioration de 5,5% des exportations en 2024 contre une quasi-stagnation en 2023. Elles connaîtront une progression de 8,9% en 2025, portée par les expéditions d’automobiles et des phosphates et dérivés.
De même, les importations devraient s’accroître de 4,6% en 2024 et de 7,9% en 2025 consécutivement à la hausse des achats des biens d’équipement nécessaires à la mise en œuvre des chantiers d’infrastructure annoncés.
Parallèlement, les analystes font état d’une amélioration des recettes voyages 9,1% en 2024 et de 4,6% en 2025 pour s’établir à 117,3 milliards (MMDH), au moment où les transferts des MRE devraient progresser de 4,3% au terme de cette année et entre 3% et 3,5% avant d’atteindre 128 MMDH en 2026.
"Par conséquent, le déficit du compte courant devrait s’établir à 1% du PIB en 2024 avant de se creuser à 2% entre 2025 et 2026", fait remarquer la même source.
Au niveau des finances publiques, l’exécution budgétaire à fin novembre 2024 fait ressortir une progression des recettes ordinaires (10,8% à 316,2 MMDH) contre une hausse limitée des dépenses ordinaires (5,8% à 294,4 MMDH) dans le sillage de la contraction des charges de compensation.
De ce fait, BKGR rapporte que BAM anticipe un léger creusement de ses prévisions de déficit budgétaire qui devrait s’établir en 2024 à 4,5% du PIB avant de s’atténuer à 4,2% en 2025, compte tenu des réalisations actuelles, des dernières données communiquées par le PLF 2025 et de la programmation budgétaire triennale 2025-2027.
Pour sa part, en raison de l’accroissement projeté de la monnaie fiduciaire, le besoin de liquidité des Banques devrait se creuser davantage pour s’établir à 192,3 MMDH en 2026.
Le Conseil de BAM s’arrête sur la volonté du gouvernement de poursuivre la consolidation des équilibres macroéconomiques
Mardi, le Conseil de Bank Al-Maghrib réuni à Rabat a rendu publique sa décision de réduire le taux directeur. "Compte tenu de l’évolution de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et au regard des fortes incertitudes qui entourent les perspectives à moyen terme notamment au plan international, le Conseil a décidé de réduire le taux directeur de 25 points de base à 2,50%. Il continuera de suivre de très près l’évolution de la conjoncture et fondera ses décisions réunion par réunion sur la base des données les plus actualisées", indique BAM dans un communiqué sur la quatrième et dernière réunion trimestrielle de 2024 de son Conseil.
Sur le volet de la transmission de ses décisions, après la réduction du taux directeur opérée en juin dernier, les taux débiteurs ont accusé une baisse trimestrielle de 22 pbs, recouvrant un recul de 25 pbs pour les entreprises et une quasi-stabilité pour les particuliers, poursuit la même source.
D’après le communiqué, le Conseil a passé en revue les nouvelles données disponibles depuis sa dernière réunion, et s’est arrêté en particulier sur celles de la Loi de Finances 2025 et de la programmation budgétaire triennale 2025-2027 qui font ressortir une volonté du gouvernement de poursuivre la consolidation des équilibres macroéconomiques.
Ledit Conseil a ensuite discuté les projections à moyen terme de la Banque qui tablent sur une amélioration du rythme des activités non agricoles à la faveur notamment des différents chantiers d’envergure lancés ou programmés. En revanche, la production agricole demeure tributaire des conditions climatiques qui restent largement incertaines.
En parallèle, après la décélération amorcée au deuxième trimestre 2023, l’inflation continue d’évoluer à des niveaux bas et terminerait cette année avec un taux moyen autour de 1%, après 6,1% enregistré en 2023. Elle devrait rester modérée à moyen terme, se situant, selon les projections de BAM, à 2,4% en 2025 et à 1,8% en 2026.
De même, la composante sous-jacente de l’inflation, qui traduit la tendance fondamentale des prix, devrait poursuivre sa décélération revenant de 5,6% en 2023 à 2,1% cette année, puis à 2% en 2025 et à 1,8% en 2026.
Le Conseil a également noté que les anticipations d’inflation restent bien ancrées. En effet, les dernières données de l’enquête trimestrielle de la Banque Centrale auprès des experts du secteur financier indiquent que ces derniers s’attendent à un taux moyen de 2,3% pour l’horizon de 8 trimestres et de 2,4% pour celui de 12 trimestres.
Au niveau national, les projections de BAM tablent sur une quasi-stabilité de la croissance non agricole autour de 3,5% en 2024 avant une amélioration à 3,6% en 2025 et à 3,9% en 2026. Pour sa part, pâtissant des conditions climatiques défavorables ayant prévalu lors de la précédente campagne, la valeur ajoutée agricole accuserait un repli de 4,6% cette année, avant d’afficher, sous l’hypothèse de récoltes céréalières de 50 millions de quintaux équivalant à la moyenne des 5 dernières années, des progressions de 5,7% en 2025 et de 3,6% en 2026.
Ainsi, la croissance de l’économie nationale devrait se limiter à 2,6% cette année, après 3,4% en 2023, mais s’accélèrerait à 3,9% au cours des deux prochaines années.
Concernant les échanges extérieurs, après une quasi-stagnation en 2023, les exportations de biens connaitraient une accélération graduelle, avec un rythme devant passer de 5,5% cette année à 8,9% en 2026.
Cette amélioration reflèterait essentiellement la poursuite de la dynamique des ventes du secteur automobile qui devraient atteindre 200 milliards de dirhams (MMDH) en 2026 et la reprise de celles du phosphate et dérivés qui avoisineraient les 100 MMDH la même année.
De même, après un repli de 2,9%, les importations augmenteraient de 4,6% en 2024, de 7,9% en 2025 et de 6% en 2026, résultat en particulier de la hausse prévue des acquisitions de biens d’équipement en lien avec la mise en œuvre des nombreux chantiers d’infrastructure.
Pour sa part, avec la diminution des cours internationaux du pétrole, la facture énergétique devrait reculer de 6,9% cette année, se stabiliser en 2025 et baisser de 4,1% en 2026 à près de 110 MMDH.
Parallèlement, les recettes de voyages maintiendraient leur bonne performance, terminant l’année sur une progression de 9,1% et poursuivraient leur amélioration pour atteindre 128 MMDH en 2026.
S’agissant des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), ils ressortiraient en accroissement de 4,3% au terme de cette année puis progresseraient à un rythme annuel entre 3% et 3,5% pour avoisiner 128 MMDH en 2026.
Au regard de ces évolutions, le déficit du compte courant resterait contenu, s’établissant à l’équivalent de 1% du PIB en 2024 et en deçà de 2% du PIB au cours des deux prochaines années.
Au niveau du compte financier, les recettes des investissements directs étrangers s’inscriraient en amélioration, passant de l’équivalent de 2,7% du PIB en 2024 à 3,3% en 2026.
Au total, et tenant compte des financements extérieurs prévus du Trésor, les avoirs officiels de réserve de BAM se renforceraient progressivement pour s’établir à 400,2 MMDH à fin 2026, représentant près de 5 mois et 8 jours d’importations de biens et services.
Pour ce qui est des conditions monétaires, le besoin de liquidité bancaire, tiré principalement par l’expansion de la monnaie fiduciaire, continuerait de se creuser pour atteindre 192,3 MMDH en 2026. Tenant compte de l’évolution prévue de l’activité économique et des anticipations du système bancaire, le rythme de progression du crédit au secteur non financier devrait s’accélérer progressivement, passant de 3,8% en 2024 à 5,5% en 2026.
Concernant le taux de change effectif, il devrait poursuivre sa légère appréciation en termes réels avec un taux de 0,5% en 2024 et de 0,3% en 2025, en raison principalement de l’appréciation de sa valeur en termes nominaux, avant une baisse de 0,6% en 2026.
Côté finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des dix premiers mois de 2024 fait ressortir une amélioration de 13,6% des recettes ordinaires, portée notamment par la performance notable des rentrées fiscales. Les dépenses globales ont augmenté de 7,4% reflétant en particulier la hausse des dépenses en biens et services et celles d’investissement.
Au regard de ces réalisations, des données de la Loi de Finances 2025 et de la programmation budgétaire triennale 2025-2027, ainsi que des nouvelles projections macroéconomiques de BAM, le déficit budgétaire, hors produit de cession des participations de l’Etat, devrait se situer à 4,5% du PIB en 2024, avant de s’atténuer progressivement à 4,2% du PIB en 2025, puis à 3,9% en 2026.
Le Conseil a approuvé le budget de la Banque pour l’exercice 2025, validé la stratégie de gestion des réserves de change ainsi que le programme d’audit interne et a arrêté les dates de ses réunions ordinaires au titre de la même année au 18 mars, 24 juin, 23 septembre et 16 décembre, conclut le communiqué.