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Nadia Fettah, une ministre de l’Économie et des Finances optimiste
« Dans le cadre du PLF, un programme de 14 milliards de DH sera consacré à l’emploi pour faire face à la problématique du chômage » (Nadia Fettah)
Propos recueillis par Malika Mojahid (MAP)
C’est une ministre de l’Économie et des Finances optimiste sur le taux de croissance en 2025 qua l’agence MAP a rencontrée. Dans cette interview, Nadia Fettah a « bon espoir » quant à la production agricole arguant qu’avec « les premières pluies de ces dernières semaines », on devrait « s’approcher au moins de la moyenne » La ministre revient également sur les priorités du projet de loi de finances (PLF) de l’année 2025 et les mesures prises par le gouvernement pour soutenir le pouvoir d’achat des citoyens, la croissance et l’emploi. Elle a aussi évoqué la soutenabilité des finances publiques et la sortie à l’international du Trésor.
Avec la discussion en cours du PLF 2025 au Parlement, comment évaluez-vous les perspectives économiques pour l’année prochaine ?
Le gouvernement est "très optimiste" pour la croissance économique en 2025 qui devrait atteindre 4,6%.
Cette performance s’explique par la dynamique des secteurs non agricoles qui devraient continuer sur la même trajectoire qu’en 2024 avec une croissance prévue de 3,7%.
Le PLF 2025 table sur une production agricole moyenne d’environ 70 millions de quintaux.
Nous sommes confiants. Avec les premières pluies de ces dernières semaines, nous avons bon espoir de s’approcher au moins de la moyenne.
Investissement global du secteur public : « un niveau record »
Le PLF 2025 prévoit un effort d’investissement global du secteur public de 340 milliards de DH. Pouvez-vous nous expliquer comment ces investissements vont concrètement stimuler l’emploi et la croissance économique ?
C’est un niveau record. Ces investissements touchent à plusieurs secteurs et plusieurs régions du territoire marocain.
Beaucoup de régions du Maroc vont bénéficier de ces investissements. Je cite à titre d’exemple deux investissements phares, Nador-West Med et le nouveau port de Dakhla Atlantique.
Ce genre d’investissement crée un cercle économique. Il s’agit de zones industrielles, de verdissement de l’énergie, des routes... C’est toute l’économie marocaine qui en profite.
Parallèlement, on veut quand même que l’investissement privé continue cette dynamique, pour prendre le relais dans quelques années.
Face au chômage : « 14 milliards de DH seront consacrés à l’emploi »
Le gouvernement, avec les différents programmes lancés durant la première moitié de son mandat, veille à renforcer la compétitivité des entreprises marocaines. Quelles sont les actions et initiatives prévues dans le cadre du PLF 2025 pour soutenir les TPME et encourager l’innovation ?
Un décret dédié à la très petite, petite et moyenne entreprise (TPME) dans le cadre de la charte d’investissement sera bientôt adopté.
Pour accompagner les TPME et les PME, qui représentent la plus grande part du tissu productif marocain, plusieurs mesures et initiatives ont été mises en place.
Nous avons aussi des programmes de financement, à travers Tamwilcom et le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, outre l’amélioration globale du climat des affaires.
Dans le cadre du PLF, un programme de 14 milliards de DH sera consacré à l’emploi pour faire face à la problématique du chômage.
Ces TPME sont également accompagnées à travers des facilités fiscales pour les aider à sortir de l’informel.
Face aux multiples défis posés par l’actuelle conjoncture, quelles sont les principales mesures que le gouvernement envisage-t-il de mettre en place pour poursuivre ses efforts de soutien au pouvoir d’achat des citoyens ?
Le gouvernement continue à soutenir le pouvoir d’achat des citoyens, à travers une panoplie de mesures portant à la fois sur l’offre et sur la demande.
Ce soutien intervient via notamment la caisse de compensation ainsi que des mesures spécifiques conjoncturelles, outre l’appui des chaînes de valeurs agricoles, surtout que les crises internes et externes que le Maroc a traversées ont eu un impact sur les prix des produits.
Il y a aussi le dialogue social doté de 20 milliards de DH en une année, en plus de la réforme de l’impôt sur le revenu qui porte sur 5,3 milliards de DH, outre le programme d’aide directe au logement qui a profité à 28.000 bénéficiaires.
« Baisse progressive d’année en année du déficit budgétaire et de la dette globale »
Quelle est votre analyse de l’évolution des finances publiques ? Et quels sont les facteurs clés pour à la fois garantir la préservation de la soutenabilité des finances publiques et réussir la mise en œuvre des différents chantiers de réforme ?
Le gouvernement continue à veiller sur la trajectoire tracée pour la soutenabilité des finances publiques.
Preuve en est : la baisse progressive d’année en année du déficit budgétaire et de la dette globale, qui reste à des niveaux maîtrisables pour financer la croissance. Ceci est le résultat de la maîtrise et l’amélioration de la recette et l’élargissement de l’assiette fiscale.
D’année en année, on a de bien meilleures recettes, que ce soit au niveau de l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur le revenu et la TVA, et ceci sans jamais augmenter les taux.
Il s’agit d’un équilibre qui n’est pas facile. C’est beaucoup de travail, en termes d’amélioration de la communication avec le citoyen, de recours au digital et de la lutte contre la fraude.
Nous avons maintenu nos notations et même passé en positif pour certaines, en espérant continuer sur cette trajectoire et améliorer les notations du Maroc pour pouvoir se financer mieux et moins cher.
À quand pourrait la prochaine sortie à l’international du Trésor ?
Le Maroc guette le moment opportun pour une sortie du Trésor à l’international, qui reste une option envisageable à tout moment.
Ça ne devrait pas trop tarder. Nous suivons de près les marchés pour voir quel est le moment opportun pour le Maroc pour saisir l’opportunité de lever des fonds à l’international.
Il faut être à l’écoute des marchés internationaux, eu égard le calendrier à l’international entre les sorties de la réserve fédérale américaine (Fed) et les calendriers électoraux.
Cette situation n’apporte pas la visibilité nécessaire aux investisseurs à l’international qui peuvent être plus ou moins prudents ou conservateur.
La sortie à l’international est un sujet permanent mais non pressant. Il est de notre devoir de ne pas être sous pression.
Nous nous endettons sur le marché intérieur en priorité et à l’international, nous avons le choix du moment, de la devise et de l’émetteur ou l’investisseur.