De l'industrie K-pop à la télévision: l'IA déferle avec ses risques et périls sur la Corée du Sud

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Photo prise le 24 avril 2023 montre un ingénieur de la société d'intelligence artificielle Pulse9 effectuant une démonstration en tant qu'acteur vivant pour l'humain virtuel Zaein, vu à l'écranl. Pulse9 a créé des humains numériques pour certains des plus grands conglomérats de Corée du Sud, et des études indiquent que le marché mondial de ces créations ressemblant à des êtres vivants pourrait atteindre 527 milliards de dollars d'ici à 2030. (Photo Jung Yeon-je / AFP)

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Son visage, conçu à partir de l'intelligence artificielle, est un "deepfake". Mais cette présentatrice qui apparaît à la télévision sud-coréenne se révèle plus vraie que nature.

Voici Zaein, l'un des avatars virtuels les plus actifs en Corée du Sud, produit par la société Pulse9 grâce au "deepfake", cette technologie numérique qui permet de créer des simulations hyper réalistes de personnes.

Spécialisée dans l'intelligence artificielle, cette entreprise sud-coréenne a déjà créé plusieurs personnages numériques pour certains des plus grands conglomérats du pays, dont le géant du commerce de détail Shinsegae.

Mais Pulse9 l'assure: l'histoire de l'intelligence artificielle ne fait que commencer. En 2030, selon plusieurs études, le marché mondial des avatars conçus à partir de l'IA pourrait dépasser les 527 milliards de dollars (481 milliards d'euros).

Au pays de la K-pop, les agences de stars coréennes ont été les premières à investir dans le développement d'avatars virtuels, plus intéressants économiquement et plus "dociles" que les humains.

Toutefois, Pulse9 travaille aujourd'hui au développement de cette technologie pour "élargir l'utilisation de l'IA par les humains", assure sa PDG Park Ji-eun.

"Les humains virtuels sont capables de réaliser la plupart des choses que font les personnes réelles", justifie-t-elle.

Ainsi cette société sud-coréenne souhaite-t-elle montrer que "ces humains virtuels ne sont pas seulement des idoles imaginaires, mais qu'ils peuvent coexister avec les humains comme collègues ou amis", selon Mme Park.

- Acteurs humains -

Le visage de Zaein a été conçu à partir d'une méthode d'intelligence artificielle dite d'apprentissage en profondeur, qui permet à la machine de remarquer de fines subtilités dans les données. Celle-ci a ainsi passé au crible les visages des stars de la K-pop des vingt dernières années.

Une dizaine d'êtres humains, chacun doté de talents différents (chant, danse, théâtre...), participent à construire le personnage de Zaein en se superposant avec le deepfake. Selon Mme Park, c'est ce qui la rend si "spéciale".

Lundi, l'AFP a rencontré une de ces actrices, qui s'apprêtait à présenter le journal sous les traits de Zaein sur la chaîne sud-coréenne SBS.

"Cela peut être un bon entraînement pour les personnes qui veulent devenir des célébrités, et c'est ce qui m'a attiré", explique-t-elle, même si elle admet avoir "largement dépassé" l'âge de devenir une star de la K-pop.

"J'aimerais essayer d'interpréter un homme si j'arrive à bien gérer ma voix, et peut-être un étranger, quelque chose que je ne pourrais jamais faire dans la vraie vie", ajoute l'actrice.

"Vrai du faux" 

Pour l'heure, la création de personnages numériques ne peut encore se passer de vrais humains. "Jusqu'à ce qu'une IA vraiment forte soit créée", prévient Mme Park.

Alors que l'émergence de ChatGPT l'an dernier a éveillé les consciences sur le potentiel de l'IA et ses dérives, si bien que certains pays cherchent désormais à réglementer ce chat d'intelligence artificielle, Mme Park ne se montre guère inquiète.

Son entreprise travaille même sur de nouvelles idoles, des influenceurs virtuels et des agents commerciaux numériques chargés d'établir le contact avec des clients pour des conglomérats sud-coréens, lesquels peinent à recruter dans ce pays où le taux de natalité est faible.

Elle estime toutefois que l'IA mériterait d'être mieux réglementée, ajoutant que lorsque le cadre est clair, la technologie ajoute "à la richesse de la vie".

Problème, pointe Kim Myouhng-joo, professeur dans une université de Séoul, la Seoul Women's University, le "deepfake" (hyper trucage) rend "impossible de distinguer le vrai du faux".

"C'est un outil très dangereux lorsqu'il est utilisé pour nuire à autrui ou pour mettre des gens en difficulté. C'est pourquoi il devient un problème", a-t-il ajouté. (AFP)

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