chroniques
Le chemin de l’enfer….
Les islamistes modérés et les islamistes intégristes ont en commun le même référentiel et le même objectif final (l’instauration d’un Etat islamique) ; ils ne se différencient que par la manière de réaliser cet objectif
L’Islamisme est la doctrine politique qui vise à réaliser un projet de société construit sur les principes et les règles de l’Islam. Cela semble facile et même très attrayant pour un bon musulman. Malheureusement, dans la réalité, cette construction utopique devient un énorme danger pour toute la société et pour tous les musulmans. Pourquoi l’islamisme est-il un danger pour les musulmans ?
Le projet islamiste est dangereux pour plusieurs raisons : d’abord parce qu’il est liberticide et s’oppose aux libertés individuelles et aux droits de l’Homme tels qu’ils sont reconnus dans le monde développé du Japon à l’Australie en passant par l’Asie, l’Europe et l’Amérique. La liberté est une condition pour l’innovation, la création et la recherche scientifique. Dans toutes les sociétés civilisées, la liberté du choix religieux et la liberté de penser et de s’exprimer sont garanties à tous les citoyens. Les islamistes eux, proposent au bout du compte une dictature théocratique et culturelle, c’est-à-dire une pensée unique, sacrée et donc non critiquable. Toute opposition, même de l’intérieure de la communauté musulmane, est assimilée à la mécréance, à l’apostasie ou au blasphème. Toute opposition doit donc être écrasée. Or, il est prouvé que l’évolution et le développement ne se réalisent que grâce au débat contradictoire et à l’analyse critique !
Le projet islamiste est dangereux car il a, en priorité, une allégeance envers la secte internationale des frères musulmans et qu’il est prêt à aller en guerre contre tous les opposants pour réaliser son rêve. Le rêve d’un retour au Khalifa regroupant une Oumma réunifiée de Jakarta à Nouakchott. Ce projet peut mobiliser des millions de personnes, mais il ne peut finir, s’il réussit, que dans un bain de sang comme en Irak, en Syrie ou en Lybie à cause de ses contradictions internes.
Ce projet est dangereux parce que les islamistes ne sont pas d’accord entre eux, ni sur le meilleur « madhab », ni sur le niveau optimal d’application de la Chariâa et de la sounna. A chaque groupe son islam et son interprétation. Chacun d’eux est prêt à mourir pour ses croyances car ils sont tous sincères dans leur foi, mais le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Ils sont prêts à tuer les non-musulmans, mais ils sont prêts aussi à s’entretuer. Et de toute façon, à travers l’Histoire, le référentiel religieux a toujours été source de guerres et de violences non seulement dans les pays musulmans, mais aussi dans le reste du monde lorsque les religions étaient exploitées à des fins politiques et économiques.
Ce projet est enfin dangereux car il est à référentiel passéiste et reste enchainé aux dogmes d’une phase donnée de l’Histoire humaine ; il se trompe de siècle et de millénaire et ne peut constituer une voie pour le développement et l’épanouissement d’un peuple.
Pour ceux qui doutaient encore des liens étroits entre les islamistes modérés et les intégristes sanguinaires, le Chef du gouvernement marocain a donné la réponse la plus claire. Lors d’un grand meeting de la jeunesse du PJD à Agadir, il a dit explicitement que son référentiel spirituel c’est Ibn Taymiyah. Or ce dernier est le père spirituel de l’Etat islamique (DAESH), d’Al Qaeda et de la quasi-totalité des mouvements islamistes intégristes à travers le monde. Parmi ses positions les plus connues, la condamnation des philosophes considérés comme de vilains mécréants, le refus de tout autre courant de l’islam à part le sien, la fermeture de la porte de l’Ijtihad ; et l’appel au Jihad et au terrorisme contre tous ceux qui n’adhèrent pas à sa façon de voir. Il finit par mourir en prison, mais sa pensée a été perpétuée par un grand nombre de théologiens qui ont marqué la pensée islamique rigoriste, conservatrice et renfermée sur elle-même. Sa pensée a alimenté la doctrine wahhabite et a nourrit le salafisme djihadiste à partir des dix-huitièmes et dix-neuvièmes siècles.
Les islamistes modérés et les islamistes intégristes ont en commun le même référentiel (une certaine interprétation de la religion) et le même objectif final (l’instauration d’un Etat islamique appliquant la chariâa) ; ils ne se différencient que par la manière de réaliser cet objectif. Alors que les organisations terroristes utilisent directement les armes et mènent une guerre totale dans l’espoir d’atteindre vite l’objectif, les mouvements politiques islamistes préfèrent utiliser les moyens qu’offrent les Etats démocratiques, arriver au pouvoir par les élections, et ensuite imposer leur modèle et leur vision de ce que doit être un Etat islamique. Au final, l’islamisme est une bombe à retardement, et ses manipulateurs jouent avec le feu tout en étant de bonne foi, mais complétement inconscients !