chroniques
Chronique « Cinéma, mon amour de Driss Chouika: L’INSTITUT NATIONAL DU CINEMADE MOSCOU, VGIK LA PLUS LÉGENDAIRE ÉCOLE DE CINÉMA DANS LE MONDE

Université nationale russe de cinéma au nom de Sergueï Apollinarievitch Guerassimov. C'est le nom officiel du VGIK, l'une des plus anciennes écoles de cinéma du monde, fondée en 1919 à Moscou.
Première étape d’une série consacrée aux grandes écoles de cinéma, cette chronique de Driss Chouika met en lumière le VGIK, prestigieuse institution russe fondée en 1919. Véritable creuset artistique, le VGIK a vu naître et passer des figures majeures comme Eisenstein, Tarkovski ou encore Mikhalkov, tout en influençant durablement la formation cinématographique à l’échelle mondiale. Un héritage vivant où rigueur technique, créativité et engagement artistique se conjuguent depuis plus d’un siècle.
« Le VGIK était un creuset où se mélangeaient les idées les plus folles et les techniques les plus rigoureuses. C’est là que j’ai compris la puissance du cinéma comme arme de vérité ».
Elem Klimov.
Partant du fait de l'importance décisive de la formation dans le développement de toute industrie, j’ai décidé de consacrer une série de numéros de cette chronique aux Écoles de Cinéma qui ont marqué l’évolution de ce domaine à travers le monde.
L’Institut National du Cinéma de Moscou, ou VGIK (Vse Rossiyskiy Gosudarstvennyy Institut Kinematografii, ou Institut national de la cinématographie de toute la Russie - ВГИК en russe) est l'une des institutions les plus anciennes et les plus réputées au monde dans le domaine de la formation cinématographique. Fondée en 1919 sous l’impulsion du gouvernement bolchevique, qui voyait dans le cinéma un outil de propagande et d’éducation populaire, elle a joué un rôle crucial dans le développement du cinéma en Union soviétique puis en Russie, tout en influençant le paysage cinématographique international. Ainsi, le VGIK a été établi à la suite de la Révolution d'Octobre, dans le contexte d'un désir de former des cinéastes qui allaient promouvoir les idéaux soviétiques à travers le cinéma, s'inscrivant dans un projet plus vaste de construction d'une nouvelle culture soviétique.
Au fil des années, le VGIK qui a beaucoup évolué et changé, a vu passer plusieurs générations de cinéastes, dont certains sont devenus des figures emblématiques du septième art, tels que Sergueï Eisenstein qui y enseignait, ou Andrei Tarkovsky et Elem Klimov qui en étaient lauréats avant d’y devenir enseignants. L'école a été fermée et rouverte à plusieurs reprises au cours de son histoire, notamment durant les périodes de changement d’orientation politique, mais elle a toujours réussi à se réinventer et à s'adapter aux nouvelles tendances cinématographiques. Andreï Tarkovski le dépeint comme suit : "Le VGIK était un lieu où l’on apprenait non seulement la technique, mais aussi l’âme du cinéma. C’était une école de vie avant d’être une école de cinéma". Quant à Kira Mouratova, elle le considérait comme "un refuge pour les esprits libres, même dans les périodes les plus rigides. C’est là que j’ai compris que le cinéma pouvait être à la fois art et résistance".
UNE LÉGENDAIRE ÉCOLE DE CINÉMA
Sergei Eisenstein, l’un des pionniers de la création cinématographique dans l’Histoire du Cinéma, avait bien affirmé que "Le VGIK est le laboratoire où se forge l’avenir du cinéma soviétique, et peut-être même du cinéma mondial". Et il s’est avéré qu’il avait bien raison, le VGIK est vraiment la plus légendaire et créative école de cinéma dans le monde. Elle a dispensé, et elle continue toujours à le faire, un enseignement cinématographique d’une haute qualité, assurant une large gamme de programmes dans les différents domaines du cinéma, allant de la réalisation à l'écriture de scénarios, en passant par la direction de la photographie, le montage, la production et l’actorat. Les étudiants ont la possibilité de se spécialiser dans plusieurs disciplines, ce qui leur permet d'acquérir une formation théorique et pratique complète.
Le programme de réalisation est l'un des plus prestigieux de l'école. Les étudiants y apprennent les bases de la mise en scène, de la direction des comédiens aux conceptions de l'éclairage et de la composition visuelle. La formation inclut des ateliers pratiques qui permettent aux étudiants de réaliser leurs propres courts-métrages, souvent présentés lors de festivals de cinéma. Le département d’écriture de scénarios enseigne aux étudiants comment créer des récits captivants destinés au format cinématographique, couvrant les principes de la narration, les structures dramatiques, le développement de personnages et les dialogues. Le cursus de la formation en production offre aux étudiants une compréhension approfondie du processus de production cinématographique, incluant les éléments de gestion de projet, de budget et de logistique et de désign de production, tout en préparant les étudiants à faire face aux défis du monde professionnel. Quant aux départements de la photographie et du montage, bien essentiels dans la création cinématographique, ils obéissent à un enseignement bien rigoureux, à la fois théorique et pratique, permettant aux étudiants d’acquérir des compétences créatives de haut niveau.
La méthodologie d'enseignement centrée sur l'interdisciplinarité permet aux étudiants de développer un sens critique, essentiel dans le monde du cinéma contemporain. De plus, le VGIK entretient des contacts avec d'autres écoles de cinéma à travers le monde, favorisant les échanges et les collaborations internationales. Il reste un pilier du cinéma mondial, alliant rigueur technique et profondeur artistique. Malgré les défis économiques et la concurrence, il continue de produire des talents qui marquent le cinéma contemporain.
Pour tout étudiant en cinéma, le VGIK représente à la fois un héritage prestigieux et un laboratoire d’innovations, perpétuant la riche tradition cinématographique russe tout en s’adaptant aux nouvelles réalités du 7ᵉ art.
Pour en avoir une idée bien claire, il suffit de voir le legs haut en couleurs des nombreux lauréats bien prestigieux de cette école : Sergei Eisenstein, Andreï Tarkovski, Sergei Bondarchuk, Eldar Riazanov, Aleksandr Sokourov, Andreï Konchalovski, Kira Mouratova, Vladimir Menshov, Nikita Mikhalkov – qui avait bien dit "Le VGIK est une école qui vous donne des ailes, mais aussi des racines. On y apprend que le cinéma est avant tout une histoire humaine"...
Il faut aussi signaler, côté marocain, que deux des meilleurs directeurs de la photographie marocains sont des lauréats de cette école : Kamal Derkaoui et Fadil Chouika. Oui, L’Institut du Cinéma de Moscou (VGIK) est bien un pilier culturel et artistique du cinéma, un acteur majeur dans le paysage cinématographique mondial. Avec une riche histoire, un enseignement de qualité et une influence sur le cinéma à l'échelle internationale, le VGIK continue de former des artistes qui s'épanouissent et laissent leur empreinte dans l'industrie du cinéma.