La peste et Gaza - Par Samir Belahsen

5437685854_d630fceaff_b-

Des Palestiniens prient près des corps des membres de la famille Hijazi, tués lors de frappes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, avant leur enterrement, le 10 novembre 2023. (Photo par MOHAMMED ABED / AFP)

1
Partager :

 

« Quand une guerre éclate, les gens disent : " Ça ne durera pas, c'est trop bête. " Et sans doute une guerre est certainement trop bête, mais cela ne l'empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours, on s'en apercevrait si l'on pensait pas toujours à soi. »

 Albert Camus

« L’idée de révolution ne retrouvera sa grandeur et son efficacité qu’à partir du moment où elle mettra au centre de son élan la passion irréductible de la liberté. »

Albert CAMUS

Dans "La Peste", Albert Camus raconte l'histoire d'une épidémie de peste qui frappe la ville d'Oran, en Algérie. Il met en scène le combat des habitants de la ville contre la maladie, mais aussi les divisions et les tensions qui apparaissent au sein de la population.

Le roman fait partie du Cycle de la révolte regroupant : la peste, l’Homme révolté et les Justes.

Albert Camus, romancier, philosophe et journaliste, a obtenu en 1957 le prix Nobel de littérature.

Pour beaucoup de critiques, « La peste » est une allégorie de l’occupation des nazis en France. Du moins c’est ainsi que Camus aurait vécu cette période sous le régime de Vichy.

A chaque lecture de ce roman, mon interprétation et mes émotions ont été différentes. 

Cette fois et après avoir vécu le Covid et me réfugiant dans « La peste » pendant le génocide de Gaza, je l’ai vu comme une métaphore de l'occupation sioniste. La peste, dans ce cas, représente l'oppression sioniste, qui enferme les Palestiniens dans une situation de confinement et de souffrance. Un confinement qui dure et qui perdure…, qui est ponctué par la mort en chiffres. 

Les bilans quotidiens de la Peste, du Covid et du génocide de Gaza finissent par nous rappeler l’absurdité de la condition humaine…

Il faut rappeler ici que la mort a toujours rodé autour de Camus, il a souffert de la tuberculose toute sa vie. Dans ses romans (L’étranger, La peste, La chute) et dans ses pièces de théâtre (Les justes), le thème de la mort est toujours présent. On comprend alors pourquoi « L’homme révolté » était un farouche adversaire de la peine capitale.

Il avait même publié avec Arthur Koestler en 1946 « Réflexions sur la peine capitale ». Il meurt dans un stupide accident de voiture, imprévisible et traumatisant, le 4 janvier 1960.

Les divisions et les tensions qui apparaissent dans le roman au sein de la population Algérienne peuvent être vues comme le reflet des divisions politiques et sociales qui existent au sein de la société palestinienne.

D'autre part, le roman peut être vu comme une exhortation à la résistance. Les habitants d'Oran, malgré les difficultés, ne se laissent pas abattre par la peste. Ils continuent de vivre, de travailler et de s'entraider. De la même manière, les Palestiniens de Gaza, malgré des décennies d'occupation israélienne, continuent à résister, à s’accrocher à leur terre et à lutter pour leur liberté.

Comme Cottard dans la peste, il y a en Palestine comme dans l’entité sioniste ceux qui se réjouissent de la situation pour se livrer à des activités de trafic lucratives… Cottart, traine des casseroles, il fait l’objet d’une enquête des autorités… 

Camus semble nous dire que la résistance est toujours possible, même face à un ennemi puissant. L'unité est importante pour la résistance. Les habitants d'Oran, malgré les divisions qui existent au sein de la population, s'unissent pour lutter contre la peste. Les Palestiniens de Gaza, malgré les divisions politiques et sociales qui existent au sein de la société palestinienne, doivent s'unir pour résister à l'occupation israélienne.

Il semble nous dire que l'espoir est essentiel, sinon vital. Les habitants d'Oran, malgré les difficultés, ne perdent pas espoir. Ils continuent de croire en un avenir meilleur. De la même manière, les Palestiniens de Gaza, malgré la disproportion des moyens, doivent garder espoir dans un avenir de liberté.

En définitive, à toute époque de lecture, "La peste", comme le Covid et le génocide de Gaza, nous invite à réfléchir sur notre condition humaine, notre rapport à la mort et notre capacité à trouver du sens et à agir dans un monde marqué par la souffrance et la bêtise…