L’Algérie, la France, l’Espagne, les USA et l’accès à l’Atlantique face aux contrevérités d’un ancien ministre algérien - Par Hassan Abdelkhalek

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Le roi Hassan II du Maroc et le colonel algérien Houari Boumediene 

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Les événements et faits historiques ont démontré que le régime algérien, dès l'ère de Houari Boumediene dans les années 1960, a entrepris de mettre en œuvre un plan visant à empêcher le Maroc de récupérer la région du Sahara de l'occupation espagnole. Il a soutenu initialement la thèse coloniale, avant d’adopter par la suite les séparatistes du Polisario, prétendant fallacieusement défendre le soi-disant droit du peuple sahraoui à l'autodétermination

En réalité, ses objectifs étaient d'encercler le Maroc, de fragmenter son unité territoriale en créant une entité subordonnée au sud, consolidant ainsi son emprise régionale et réalisant son obsession d'obtenir un accès sur l'océan Atlantique.

L’accord sur Gara Djebilet pour le transport du fer vers un port marocain

L'ancien ministre et ambassadeur algérien Abdelaziz Rahabi, qui se considère comme le porte-flingue officieux du régime contre le Maroc, a tenu des propos fallacieux dans un article publié dans les journaux El Khabar en arabe et Al Watan en français. Dans cet article, il a défendu l’armement excessif de son pays en arguant sa superficie et la longueur de ses frontières avec plusieurs pays. Il a également prétendu que "l’Algérie indépendante avait reçu une offre d’accès à l’Atlantique dans le cadre des accords bilatéraux signés avec le Maroc en 1972". De même, il avancé que "la France sous Charles de Gaulle et l'Espagne sous Francisco Franco avaient proposé à l’Algérie de lui céder le Sahara occidental", un territoire qu’ils ne possédaient pas, et que "les Américains avaient proposé de le partager avec leur allié, le Maroc".

En réalité, le Maroc n’a jamais offert à l’Algérie un accès à l’Atlantique en 1972. L’accord signé le 15 juin de cette année-là concernait l’exploitation de la mine de Gara Djebilet, stipulait la création d’une société mixte maroco-algérienne pour trouver des moyens de financer l’extraction de 700 millions de tonnes de fer. Ce fer devait être transporté par voie ferrée de Tindouf au port marocain de Tarfaya, pour être commercialisé au bénéfice des deux parties. Néanmoins, ces dernières années, le régime algérien s'est désengagé de cet accord, signé en lien avec le traité de délimitation des frontières.

Les allégations sur les propositions de la France et de l’Espagne pour céder le Sahara à l’Algérie

La prétendue proposition de la France de Charles de Gaulle de céder le Sahara occidental à l’Algérie, avancée par Rhabi sans fournir aucune justification ou preuve documentaire à cet égard, est une aberration. Ce qui est avéré, c’est que la France de de Gaulle avait proposé, en avril 1957, par l’intermédiaire de son ambassadeur à Rabat, Alexandre Parodi, de négocier avec le Maroc pour résoudre le problème des frontières du Sahara oriental, notamment en restituant Tindouf et d'autres localités au Royaume, intégrés dans ce qui était alors son département algérien. Le défunt roi Mohammed V avait rejeté cette proposition, considérant qu’un tel acte équivaudrait à trahir la révolution algérienne qui luttait alors contre le colonialisme français. Il avait préféré attendre l’indépendance de l’Algérie pour résoudre le problème des frontières avec les frères algériens.

Farhat Abbas, président du gouvernement provisoire de la république algérienne, avait d’ailleurs reconnu, dans un document officiel daté du 6 juillet 1961, qu'il existait un différend frontalier entre les deux pays, s’engageant à examiner la question des frontières après l’indépendance de l’Algérie. Cependant, les responsables algériens se sont rétractés de cet engagement et ont déclenché en 1963 la guerre des sables contre le Maroc à Hassi Beïda.

Face à ces faits incontestables, il est difficile de croire que la France, qui avait proposé de restituer le Sahara oriental au Maroc, aurait également proposé de céder le Sahara occidental à l’Algérie, un territoire qui n’était pas sous son contrôle De même, il est invraisemblable que l'Espagne de Franco ait proposé de céder le Sahara occidental à l'Algérie. En réalité, Franco cherchait à maintenir la domination espagnole sur la région après que le Maroc ait inscrit la question du Sahara en 1963 auprès du Comité de décolonisation des Nations unies.

En octobre 1975, la Cour internationale de Justice, saisie par le Maroc avait, rendu un avis consultatif favorable à la souveraineté historique du Maroc sur le Sahara, ce qui avait permis l’organisation de la Marche verte et les négociations avec l'Espagne, débouchant sur l'accord de Madrid. Cet accord avait acté le retrait de l’Espagne du Sahara marocain. L'implication de l'Algérie s’était manifestée par l’envoi d'une délégation à Madrid, dirigée par le ministre Ahmed Abdelghani, qui avait tenté en vain de saboter ces négociations et de convaincre le gouvernement espagnol de Carlos Arias Navarro de conclure un accord plutôt avec l'Algérie qu’avec le Maroc.

Les ambitions persistantes du régime algérien

Depuis l'époque de Boumédiène, l'Algérie n’a cessé de chercher à s'étendre vers le Sahara marocain et à obtenir un accès à l'Atlantique. Une note des services de renseignement extérieurs français, datant en 1966, publiée récemment dans Le360 par l'historien Jilali El Adnani, révèle que le représentant algérien à la conférence de l'Organisation de l'unité africaine, tenue cette même année à Addis-Abeba, avait exprimé son rejet catégorique de toute idée d'indépendance pour le Sahara occidental, déclarant à ce sujet qu’il « est illusoire d'accorder l'indépendance à une terre dont la population ne dépasse pas 50.000 personnes ». Il avait ajouté que l'Algérie, ayant besoin d'un accès à l'Atlantique, ne pouvait ignorer le destin du Sahara espagnol. Depuis cette date, elle a tenté de fournir toutes les incitations possibles à l'Espagne pour la convaincre de ne pas céder au Maroc et, en contrepartie, de lui accorder un pied à terre au Sahara marocain.

L’idée de partage soutenue par l’Algérie

Rahabi prétend que les Américains auraient proposé de diviser le Sahara entre le Maroc et l'Algérie. Cependa, ce qui est établi c'est que les États-Unis, ayant compris dès le départ que Houari Boumediene cherchait à utiliser l'océan Atlantique pour accéder aux marchés d'Afrique subsaharienne et d'Amérique latine, n'ont pas soutenu les ambitions algériennes. Au contraire, ils ont élaboré leurs positions au fil des années du conflit artificiel en faveur de la position marocaine, et ont reconnu, le 10 décembre 2020, la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

Contrairement donc aux assertions de Rahabi, l'idée de diviser le Sahara n'est pas venue des États-Unis, mais de l'Algérie elle-même. Car ce qui est établi c’est que que le régime algérien est à l'origine de l'idée du partage, comme l'attestent les Nations unies, qui ont mentionné dans le rapport de leur secrétaire général sur la question du Sahara, daté du 19 février 2002, que le défunt président algérien Abdelaziz Bouteflika avait rencontré l'envoyé onusien chargé de ce dossier, feu James Baker, à Houston, le 2 novembre, et que ce dernier avait indiqué que "l'Algérie et le Front Polisario étaient prêts à discuter et à négocier sur le partage du territoire comme solution politique au conflit du Sahara occidental".

L'Algérie a officiellement relancé l'idée de partage pour la deuxième fois dans une lettre adressée par son représentant permanent de l'époque, Abdallah Baali, au Conseil de sécurité en 2002.

Le Maroc a, lui, fermement rejeté cette idée, comme l'a déclaré Sa Majesté le roi Mohammed VI dans son discours du 5 mars 2002 à Laâyoune : "Le Maroc ne renoncera pas à un seul pouce de son Sahara, qui est indivisible et inaliénable."

Le régime algérien va récidiver avec cette fois-ci l'envoyé personnel du secrétaire général, Staffan de Mistura, qui a évoqué l'idée de partage dans son briefing devant le Conseil de sécurité le mois dernier, tout en reconnaissant que le Maroc avait une fois de plus refusé d'en débattre.

Sa Majesté le roi a abordé ces ambitions dans son dernier discours à l'occasion du 49e anniversaire de la Marche Verte, en déclarant : "Certains exploitent la question du Sahara pour obtenir un accès à l'océan Atlantique. À ceux-là, nous disons : nous n’y sommes pas opposés. Comme tout le monde le sait, le Maroc a proposé une initiative internationale pour faciliter l'accès des pays du Sahel à l'océan Atlantique, dans un cadre de partenariat et de coopération, en vue de réaliser un progrès commun pour tous les peuples de la région."

Cette position royale s'inscrit dans le cadre de l'engagement du Maroc à préserver son droit incontestable et inaliénable de consolider son unité territoriale, ainsi que dans la reconnaissance internationale croissante du plan d'autonomie pour les provinces du Sud sous souveraineté marocaine.

Un consensus imposé par la force sur la défense et la politique étrangère

Ainsi, les contre-vérités avancées par Rahabi s'effondrent d’elles-mêmes comme s’avèrent insignifiantes ses tentatives désespérées de brandir des slogans fallacieux comme la défense de l'autodétermination du prétendu peuple sahraoui, afin de disculper le régime algérien de ses ambitions dans le Sahara et l'océan Atlantique, sachant que Rahabi dans toutes les occasions où il a attaqué le Maroc et son unité territoriale, a insisté sur la nécessité d'établir un consensus national en Algérie sur la défense nationale (c'est-à-dire l'armée) et la politique étrangère.

Cependant, ce consensus est en réalité imposé par la force, en raison de la nature du régime où l'institution militaire détient le pouvoir effectif. Le président Tebboune a renforcé cette tendance en promulguant une loi interdisant aux membres du Parlement de poser des questions sur la défense nationale et la politique étrangère, considérées comme des domaines confidentiels.

L'exclusion de la défense et de la politique étrangère du contrôle parlementaire reflète la volonté du régime d'éviter toute reddition de comptes sur le quart du budget général de l'État, que l'armée gère sans aucune supervision. Elle illustre également l'isolement du régime dans ses relations internationales, alimenté par son désir de domination régionale qu'il tente en vain d'imposer.