Chronique ''Cinéma, mon amour de Driss Chouika'' : LE CENTRE EXPÉRIMENTAL DU CINÉMA BERCEAU DU RENOUVELLEMENT DU CINÉMA ITALIEN

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Le Centre Expérimental du Cinéma de Rome (Centro Sperimentale di Cinematografia, CSC), après une série de réaménagements et adaptations légaux, structurels et administratifs, a fini par devenir l’un des plus grands et plus performants centres de formation

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Né sous le régime fasciste en 1935, le Centre Expérimental du Cinéma (CSC) de Rome s’est imposé comme l’un des plus grands pôles mondiaux de formation aux métiers du 7e art. Driss Chouika évoque un berceau du néoréalisme et incubateur de talents comme Bertolucci ou Sorrentino, qui conjugue tradition, innovation et rayonnement international.

« Le cinéma est une langue, et la meilleure façon de l'apprendre est de le parler ».

Bernardo Bertolucci. 

Fondé officiellement le 3 avril 1935 du temps du gouvernement fasciste de Mussolini en tant qu’« École Nationale de la Cinématographie », le Centre Expérimental du Cinéma de Rome, conçu et construit par l’architecte et scénographe Antonio Valente, qui y a enseigné pendant plus de trente ans, a fini par devenir l’un des plus grands complexes de formation dans l’ensemble des domaines du cinéma en particulier et de l’audiovisuel en général. Si L'École Nationale de la Cinématographie doit son idée initiale au réalisateur Alessandro Blasetti qui avait déjà créé en 1930, en collaboration avec Anton Giulio Bragaglia, un cours d'interprétation, c’est Luigi Freddi qui, nommé à la täte de la Direction Générale du Cinéma qui a fini par créer en 1935 le Centre Expérimental de la Cinématographie en tant qu’organisme de formation aux métiers du cinéma. Le centre principal a été inauguré en 1940 par Benito Mussolini lui-même.

Ainsi, Le Centre Expérimental de la Cinématographie (CSC) a fini par prendre la forme d’une fondation organisée en deux secteurs principaux, l'École Nationale de Cinéma (SNC) et la Cinémathèque Nationale. Et en plus du complexe principal de Rome, l’école dispose de plusieurs autres centres : un centre d'Animation à Turin, un centre d’Archives Nationales du Cinéma à Ivrée, un centre de Publicité, un centre de Documentaires, un centre de Reportage Audiovisuels et un centre d'Arts Immersifs. Il est à signaler qu’en 1943, suite à l'occupation de Rome par les troupes nazies, le siège du Centre fut saccagé et une quantité importante de films avaient disparu de sa cinémathèque et n’ont jamais été retrouvés. 

BERCEAU DU RENOUVELLEMENT DU CINÉMA ITALIEN

Institution phare du paysage cinématographique italien, le Centre Expérimental du Cinéma de Rome (Centro Sperimentale di Cinematografia, CSC), après une série de réaménagements et adaptations légaux, structurels et administratifs, a fini par devenir l’un des plus grands et plus performants centres de formation dans l’ensemble des métiers du cinéma et de l’audiovisuel dans le monde. Véritable berceau et creuset du 7éme Art, il est devenu l’incontestable et incontournable garant du renouvellement du cinéma créatif italien. Il remplit parfaitement sa mission première dans la formation des professionnels du cinéma et la promotion de la culture cinématographique en Italie et dans le monde. Au cours des décennies, cette école a joué un rôle déterminant dans le développement du cinéma artistique et expérimental, tant en Italie que dans le monde. "Le néoréalisme est né dans les salles de cours du CSC avant de s’imposer sur les écrans", avait bien affirmé le cinéaste et historien italien Carlo Lizzani.

Le CSC, créé dans le contexte d'un cinéma italien en pleine évolution, cherchant à se distinguer à l'échelle internationale, a fini par s’imposer comme l’un des centres assurant une formation professionnelle capable de relever les défis d'un secteur en pleine mutation. Dans ses débuts, il a été principalement orienté vers le cinéma narratif traditionnel. Cependant, avec l'arrivée de nouveaux mouvements artistiques et de la révolution cinématographique des années 1960, le centre a adapté ses méthodes d'enseignement pour inclure des formes expérimentales et avant-gardistes. Déjà son premier directeur, le réalisateur Alessandro Blasetti, affirmait en 1936 que "La formation cinématographique doit être aussi variée que l'art lui-même", politique confirmée au fil du temps par les prestigieux professeurs et professionnels de renom qui y ont enseigné.

Le CSC propose une variété de programmes de formation, allant des cours de Réalisation aux Ateliers d'écriture de scénarios, en passant par la Direction de la Photographie, l’Ingénierie du Son, le Montage et les nouvelles techniques et technologies novatrices dans les domaines de la création cinématographique. La durée des formations est variable, permettant ainsi aux étudiants de s'adapter à la vitesse en constante évolution de l’industrie, tout en assurant une approche approfondie des différents aspects de la création cinématographique. La méthodologie suivie permet une adaptation constante aux nouvelles technologies, notamment la digitalisation et la montée de la réalité virtuelle.

Les étudiants bénéficient d'une combinaison de formation pratique et théorique. Les cours comprennent aussi bien des études théoriques sur l'histoire du cinéma, des analyses de films et sur l'esthétique, que des études et des expériences pratiques. La méthodologie d'enseignement se concentre essentiellement sur l'apprentissage par le biais de projets pratiques, ce qui permet aux étudiants de développer des compétences concrètes. Et comme le dit le réalisateur Bernardo Bertolucci, "Le cinéma est une langue, et la meilleure façon de l'apprendre est de le parler".

En effet, l'une des principales caractéristiques du CSC est sa volonté de soutenir l'expérimentation. Depuis les années 1970, le centre a encouragé des approches novatrices, permettant aux étudiants de dépasser les normes traditionnelles. Cela a abouti à la création de nombreux films qui ont été reconnus sur la scène internationale. Des réalisateurs aujourd’hui reconnus sur le plan mondial, comme Paolo Sorrentino ou Nanni Moretti, qui ont bien été formés au CSC, témoignent de cette influence. Ainsi, le CSC a joué un rôle crucial dans le développement du cinéma italien en formant des figures emblématiques qui ont marqué l'industrie cinématographique à l’échelle internationale, à l’instar des plus prestigieuses écoles de cinéma, comme le VGIK de Moscou. Ses anciens élèves ont contribué à rehausser le profil du cinéma italien à l'international, en participant dans des festivals prestigieux comme Cannes ou Venise.

L'avenir du CSC réside certainement dans sa capacité à évoluer avec son temps, tout en restant ancré dans les valeurs qui ont forgé son identité. Son engagement envers l'innovation, la créativité et la recherche est palpable à travers ses programmes éducatifs. Et comme l'affirme le proverbe italien, "L'avenir appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves". Cela résonne particulièrement bien dans le cas du CSC qui, depuis des décennies, transforme les rêves cinématographiques en réalité.

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