2019, un bilan mitigé

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L’année 2019 touche à sa fin. Dans une semaine, on accueillera l’année 2020 qui clôturera la deuxième décennie de ce siècle. En pareille circonstance, l’heure est aux vœux et aux congratulations. Mais elle est  aussi aux bilans que chacun dressera à sa manière en fonction des objectifs qu’il s’est fixé. Le bilan qui nous intéresse dans cette publication porte sur les aspects politiques, économiques et sociaux, en précisant que les données ne seront arrêtées définitivement pour l’année que dans quelques mois.

Commençons d’abord par ce qui est positif.  A ce niveau, on soulignera avec satisfaction  les victoires successives engrangées par notre pays en faveur  de la question nationale. Ainsi, beaucoup de pays ont procédé au retrait de leur reconnaissance de la pseudo RASD, mettant aux abois les mercenaires du soi-disant Polisario et de leur acolyte. Notre pays se trouve en position confortable sur le plan international. Son initiative pour une  autonomie des provinces sahariennes demeure la seule et unique proposition sérieuse et crédible jouissant du soutien du Conseil de Sécurité et de la Communauté internationale. Le retour du Maroc à l’Union Africaine s’est révélé un choix stratégique payant car c’est de l’intérieur qu’il fallait contrecarrer et démanteler les plans orchestrés par nos ennemis contre l’intégrité territoriale. Osons espérer, que ce différend qui n’aurait pas dû avoir lieu, n’eût été le comportement belliqueux et hégémonique de nos voisins, sera définitivement clos au cours des toutes prochaines années. Il y va de l’intérêt commun des peuples de la Région.

Par ailleurs, l’année 2019 restera celle de la désignation par le Roi du Président de la Commission Spéciale pour le nouveau modèle de développement (CSMD) et de ses   35 membres. Contrairement à certaines voix qui font l’apologie de ladite commission ou de celles qui estiment, sur la base de préjugés malveillants, qu’elle n’apportera rien de nouveau, nous pensons que le bon sens voudrait qu’on laisse le temps à  la commission pour travailler et juger par la suite sur pièce. Ce qui n’exclue nullement de faire des réflexions sur tel ou tel aspect tant qu’il s’agit d’une problématique qui concerne le pays et le peuple marocain dans leur ensemble. 

On retiendra également de l’année 2019, celle d’un remaniement ministériel survenu en octobre dernier, remaniement marqué par deux faits majeurs : la réduction des postes ministériels du tiers d’une part et la sortie du PPS de la coalition gouvernementale d’autre part. Mis à part ces deux changements qui ont effectivement retenu l’attention des observateurs, ledit remaniement est passé à côté des préoccupations populaires et de ce qu’on attendait de lui : impulser un nouveau souffle au politique et  redonner confiance aux citoyens. Au point qu’il est permis d’affirmer aujourd’hui que ce remaniement est un non-événement. C’est la montagne qui a accouché d’une souris. D’ailleurs, rien de concret, à l’exception de l’adoption d’une loi de finances pour 2020 qui manque d’ambition et de visibilité politique, à mettre à l’actif de la nouvelle équipe. Ce gouvernement, miné de l’intérieur par des guéguerres interminables, se limite à gérer les affaires courantes. En toute objectivité, depuis sa nomination le 9 octobre dernier, soit exactement 78 jours, il n’a donné  aucun signal fort qui soit de nature à rassurer !

D’ailleurs, la situation économique et sociale telle qu’elle est aujourd’hui n’incite guère à l’optimisme. Après un modeste 3% de la croissance enregistrée au cours de l’année dernière, on bouclera l’année 2019 avec un taux de croissance qui devrait s’établir à 2,6 % selon les dernières estimations de Bank Al Maghrib. Ce qui montre que le Maroc s’est installé  durablement dans un cycle de «  croissance molle », du moins en attendant un éventuel miracle que produirait la mise en vigueur du nouveau modèle de développement ! Cette atonie s’explique en partie, mais en partie seulement, par la conjoncture internationale. Elle est due, pour l’essentiel, à la nature des politiques publiques et au caractère frileux du secteur privé. Dans ce climat de morosité ambiante, nos équilibres extérieurs ont du mal à se remettre : le déficit commercial se creuse davantage. Ce déficit n’est comblé qu’à hauteur de 70% par les transferts courants (recettes touristiques et transferts des RME qui sont en passe à leur tour de connaitre un certain tassement). Les IDE qui constituaient une bouffée d’oxygène ont vu leur montant se réduire de moitié ! Le cours du pétrole, qui clôture l’année à 68 $ le baril est très pénalisant  à la fois pour l’économie dans son ensemble et pour le consommateur. Les prévisions tablent sur un baril à 6O $ pour les années à venir. C’est déjà un léger mieux. Mais en contrepartie, le pays sera amené à débourser plus d’argent en devises pour l’achat des denrées alimentaires de base comme le blé et le sucre dont les prix connaitraient une augmentation conséquente.

Sur le plan social, on soulignera : la  persistance du chômage et notamment dans les rangs de la jeunesse ; l’évolution lente  du dossier de la couverture médicale et sociale des professions indépendantes ; la crise du RAMED à tel point que personne ne croit encore à la viabilité du système. On peut dire, sans exagération aucune, que le gouvernement a fait une année blanche sur ces dossiers brûlants. Même l’accord conclu avec les partenaires sociaux  dans le cadre du dialogue social en avril dernier n’a eu qu’un effet limité. Et s’il faut se féliciter de l’adoption de la loi-cadre, relative au système de l'éducation, de l'enseignement, de la formation et de la recherche scientifique, force est de reconnaitre qu’on ne voit rien venir de palpable jusqu’à présent. 

Ce qui ne nous empêchera pas de vous souhaiter chères lectrices et chers lecteurs   bonne et heureuse année 2020. 

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