Akhannouch à Davos : Le monde n’est plus à dominer, mais à partager

5437685854_d630fceaff_b-

Le Chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch avec Klaus Schwab, auteur notamment du livre ”La Quatrième révolution industrielle” et qui a dénoncé à Davos « des politiques court-termistes et égoïstes »

1
Partager :

 

Davos - Une délégation marocaine conduite par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, prend part aux travaux du Forum économique mondial, qui se tient du 16 au 20 janvier à Davos. Intervenant au nom du Maroc, le chef du gouvernement a commencé par souligner que pour cette année 2023, il est de notre devoir, collectif et individuel, de l’aborder avec conviction et optimisme. 

Il ajouté que ‘’notre monde a été secoué par des crises successives : la pandémie de la COVID-19, la guerre en Ukraine, le renchérissement des matières premières et de l’énergie ainsi que le réchauffement climatique.

‘’Les relations entre Etats sont ainsi en proie aux fragmentations.

‘’Et ce risque frappe également nos sociétés, où les inégalités et le sentiment d’exclusion persistent pour certaines franges de la population. 

‘’Le rythme des nouvelles technologies, en même temps que leur capacité à transformer notre quotidien, s’accélère et exige de nous une adaptation : à la fois rapide et vitale. ‘’

Ces mouvements de fond qui interpellent

Ce constat une fois fait, il a rappelé qu’en tant ‘’que responsables politiques et économiques, ces mouvements de fond nous interpellent et nous obligent à la fois’’ Voici le développement intégral que Aziz Akhannouch a livré à l’auditoire de Davos :

Dans l’immédiat, ils nous mettent à l’épreuve et nous questionnent : Comment, ensemble, transformer ces défis en opportunités ? 

A plus long terme, ils nous commandent de nous demander : quel est l’idéal de paix et de prospérité que nous garantissons aux futures générations ?

Car nous devons simultanément faire deux constats : 

  • La mondialisation n’est pas toujours heureuse ; Elle ne tient pas toujours ses promesses. 

  • Et, contrairement à ce que suggère le mythe établissant la fin de l’Histoire : Tout reste encore à faire ! Et il appartient au Maroc, comme à l’Afrique, d’écrire la sienne.  

Le Maroc un modèle régional

Devant l’ampleur de la tâche qui nous attend, le Royaume du Maroc constitue, pour vous et pour le monde, un partenaire idéal pour construire une réponse qui soit à la fois économique, politique, environnementale et sociale. 

Alors que nous vivons aujourd’hui dans un monde multipolaire, le Royaume, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, est devenu un modèle régional. 

Nous avons édifié des institutions modernes et démocratiques. En témoignent notre Constitution, adoptée en 2011, ou encore la réforme du Code de la Famille… : toutes deux avant-gardistes, au service de l’égalité et des droits de l’Homme. 

La Régionalisation Avancée permet, quant à elle, d’introduire de la démocratie participative au plus proche des territoires. 

Nous avons construit des infrastructures aux meilleurs standards internationaux, qui confèrent au Maroc une connectivité air-terre-mer inégalée dans la région : 2000 Km de réseau autoroutier - la première ligne ferroviaire à grande vitesse d’Afrique - le plus grand port du continent sur la Méditerranée - et bientôt le plus grand sur l’Atlantique ainsi que 14 aéroports internationaux offrant une capacité de projection africaine très importante.

Ces infrastructures ont permis au Maroc de se doter d’une agriculture résiliente et souveraine d’un secteur du tourisme particulièrement attractif et d’industries performantes, à l’instar de l’automobile ou encore de l’aéronautique, qui font aujourd’hui figure de référence. 

La ZLECAF, plus grande zone de libre-échange

Nous avons noué des relations de confiance qui établissent le Maroc comme partenaire privilégié. 

C’est particulièrement le cas en Afrique où, ces 20 dernières années, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a effectué plus de 50 visites pour aboutir à la signature de plus de 1000 accords de coopération. 

Contre les réflexes protectionnistes, c’est en Afrique que la ZLECAF, plus grande zone de libre-échange, a vu le jour.

Fort de ses accords de libre-échange avec l’Union Européenne, les Etats-Unis et à travers la mise en place de la ZLECAF, investir au Maroc donne accès à un marché de 2 milliards de consommateurs. 

Le Maroc est également devenu un leader du développement durable, qui constitue le défi économique et humain de notre génération. Les énergies renouvelables représentent ainsi 38% de notre mix énergétique, et notre ambition est de les porter à plus de 50% d’ici 2030. 

Nous œuvrons pour la paix et la sécurité, dans la région mais aussi dans le monde, en contribuant au dialogue des civilisations et en participant au rapprochement entre les cultures, les religions et les peuples, qui cohabitent au Maroc dans la plus grande sérénité. 

Un atout géostratégique dans la réorganisation des chaînes de valeur mondiales

Le Maroc dispose de tous les atouts pour transformer, avec ses partenaires, les défis de la conjoncture en opportunités. 

A la croisée de l’Europe, de l’Atlantique et de l’Afrique, son potentiel géostratégique le positionne favorablement dans la réorganisation des chaînes de valeur mondiales. 

Son avantage compétitif en ce qui concerne les énergies renouvelables, parmi les plus abondantes et les moins chères du monde, culminera avec le développement de la filière Hydrogène vert. Le Royaume sera ainsi un acteur majeur de la décarbonation de l’économie mondiale. 

A l’heure où nous vivons une transition historique, il est indispensable de soumettre aux générations futures un nouvel idéal, un nouveau pacte politique, leur permettant de se projeter dans l’avenir avec optimisme.

Face à cette exigence, le Maroc aborde, grâce au leadership du Souverain, une nouvelle phase de son développement caractérisée par l’édification d’un Etat Social. 

Etat social et détermination face aux multiples crises de l’année 2022

En un an, notre gouvernement a respecté l’agenda Royal en mettant en place le cadre réglementaire pour l’assurance maladie obligatoire et en ouvrant les droits pour les deux tiers de la population qui n’en bénéficiaient pas jusque-là. 

Cette année, nous voulons aller plus loin et généraliser également les allocations familiales, grâce à un système de ciblage efficace des aides sociales. 

Parallèlement, notre gouvernement a affronté avec détermination les multiples crises de l’année 2022 : énergétique avec l’envolée record des prix mondiaux, climatique avec la pire sécheresse enregistrée depuis 40 ans, monétaire avec le retour de l’inflation.

Au Maroc, nous avons pris, à la fois des mesures d’accompagnement et de soutien budgétaire, et maintenu nos équilibres macroéconomiques et nos réformes prioritaires. 

Notre gouvernement a garanti l’approvisionnement, contenu l’inflation et continué à résorber les déficits hérités de 2020. 

Surtout, nous continuons d’investir dans l’avenir. Le Maroc se dote ainsi d’un système national de santé entièrement repensé, corollaire indispensable de la réforme de la protection sociale. 

En 2023, un tiers du budget de l’Etat a été alloué à la Santé et à l'Éducation, dont 7 milliards de dollars consacrés à l’école. 

A l’avenir, ces ressources considérables doivent être mieux utilisées afin de mettre à niveau notre système scolaire et renforcer sa performance. Notre objectif est de rebâtir de la confiance dans l’école publique et de renforcer les compétences essentielles pour tous les écoliers. 

Toutes ces réformes sociales ont été facilitées par une avancée institutionnelle majeure, puisque le gouvernement a repris et choisi de pérenniser un véritable dialogue social avec les principaux syndicats, de manière à écouter, négocier et avancer ensemble dans la confiance. 

conscients des défis qu’il nous reste à relever 

Nous sommes, au Maroc, conscients de nos atouts et de la place que nous souhaitons occuper.

C’est justement pour les saisir que le Maroc s’est doté d’une nouvelle Charte de l’Investissement, posant un nouveau cadre attractif et incitatif qui s’adresse à tous les investisseurs, nationaux comme étrangers, et à tous les investissements, petits et grands.

C’est également le sens des réformes que nous avons récemment introduites afin d’harmoniser et de simplifier les règles fiscales et de les mettre aux meilleurs standards internationaux en réduisant la pression fiscale sur les TPE et PME, qui sont nos meilleurs relais de croissance.

Pour autant, nous avons également pleine conscience des défis qu’il nous reste à relever.

Parmi ceux-ci, citons notamment la nécessité de « donner du futur au présent » en permettant à notre jeunesse de multiplier les opportunités pour intégrer le marché formel de l’emploi et pour libérer son énergie créatrice.

Le monde n’est plus à dominer, mais à partager

En effet, à l’heure où l’ancienne et la nouvelle économie s’entrechoquent là où nous aurions souhaité qu’elles se conjuguent – comme vous l’aviez si bien vu, cher Monsieur Schwab dans votre livre ”La Quatrième révolution industrielle”, la question de la jeunesse est devenue, plus que jamais, cruciale à tout projet de développement cohérent et inclusif.

Ce dernier est à l’image de celui que le Maroc ambitionne de déployer à l’horizon 2035, en créant une liaison plus forte entre l’économie et le social, tout en consolidant le fil rouge de la transition écologique, qui s’impose désormais à nous tous.

De fait, cette ambition pose une question essentielle : comment permettre au marché de libérer son énergie créatrice et de remplir sa fonction sociale tout en protégeant Nos pays d’une nouvelle crise majeure ?

Tels sont, selon moi, les enjeux prioritaires, car nous sommes confrontés à une obligation de fluidité pour ne pas gripper la machine économique, mais également à une obligation de vigilance accrue face aux risques liés à la nouvelle économie.

La leçon que nous pouvons tirer collectivement est que le monde n’est plus à dominer, il est à partager.

C’est tout le sens du projet marocain de société solidaire et durable, porté par la Vision de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, qui appelle de ses vœux à instaurer désormais un partenariat « d’égal à égal » avec nos partenaires.

Engagement sur l’accélération des réformes et l’amélioration continue des conditions d’investissement

Je vous réitère donc aujourd’hui ma pleine et entière disponibilité, ainsi que celle des membres du Gouvernement de Sa Majesté Le Roi, et vous assure notre engagement à vous accompagner de bout en bout dans l’acte d’investir, à travers l’accélération des réformes et l’amélioration continue des conditions d’investissement, afin de bâtir ensemble le chemin de la création de valeur commune. « 

Pour rappel, la délégation présente à Davos, en Suisse, comprend le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, le ministre délégué chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Évaluation des Politiques publiques, Mohcine Jazouli et le directeur général de l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations, Ali Seddiki.

Le Forum connait la participation de plus de 2.500 leaders, acteurs publics, dirigeants de grandes entreprises et responsables d'organisations internationales et non gouvernementales. Par ailleurs, plus de 50 chefs d'État et de gouvernement prennent part à l'édition 2023 du Forum, marquée par de nombreux enjeux géopolitiques, économiques et défis sociaux.

Les débats de l'édition de cette année, organisée sous le thème "la coopération dans un monde fragmenté", s'articulent notamment autour de l'inflation, des dangers de la récession, de la transition énergétique, des enjeux climatiques et de l'avenir des économies en développement.

 

lire aussi