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Demande intérieure, déficit budgétaire et croissance 2024 et 2025 dans le Budget économique exploratoire du HCP
Ahmed Lahlimi, haut-commissaire au Plan - La consommation des ménages devrait enregistrer un ralentissement passant de 3,7% en 2023 à 2,2% en 2024, contribuant ainsi de 1,3 point à la croissance du PIB contre 2,3 points en 2023. Cette décélération serait dû à la baisse prévue des revenus agricoles et au maintien du niveau élevé des prix, mais devrait être atténuée par l’impact des transferts sociaux directs et du rythme évolutif des transferts des Marocains du monde.
Rabat - La demande intérieure devrait connaitre une évolution de 3% en 2024, après 3,3% en 2023, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Cette tendance donne lieu à une contribution de 3,3 points à la croissance du Produit intérieur brut (PIB), après 3,6 points en 2023, précise le HCP dans son Budget économique exploratoire 2025, notant qu’elle devrait aussi profiter de l’accroissement de l’investissement brut de 3,6%, au lieu de 1,5% en 2023, contribuant ainsi d’un point à la croissance du PIB.
Ceci s’explique, selon le HCP, par la consolidation de l’effort public en matière d’investissement, notamment dans les infrastructures, conjuguée au redémarrage prévu dans la branche du bâtiment à la suite de l’opérationnalisation des programmes de reconstruction des zones sinistrées et d’aides au logement, fait savoir la même source.
Par ailleurs, la consommation des ménages devrait enregistrer un ralentissement de son rythme de progression passant de 3,7% en 2023 à 2,2% en 2024, contribuant ainsi de 1,3 point à la croissance du PIB contre 2,3 points en 2023.
Cette décélération, expliquée notamment par la baisse prévue des revenus agricoles et par le maintien du niveau élevé des prix, devrait être atténuée par l’impact escompté des transferts sociaux directs et du maintien du rythme évolutif des transferts des Marocains Résidant à l’Etranger (MRE).
Tenant compte de la poursuite de la dynamique des dépenses de consommation des administrations publiques qui devraient évoluer de 4,5% après 4,1% en 2023, la consommation finale nationale devrait afficher un accroissement de 2,8% contribuant de 2,2 points à la croissance du PIB.
Allègement du déficit budgétaire à 4% du PIB en 2024
L’évolution des recettes ordinaires et des dépenses globales devrait se traduire par un allégement du déficit budgétaire, passant de 4,3% du Produit intérieur brut (PIB) en 2023 à 4% en 2024, selon le HCP.
La situation des finances publiques en 2024 devrait tirer profit de la poursuite du redressement attendu de l’économie nationale et des différentes mesures prises dans le cadre de la loi des finances 2024, souligne encore le HCP dans son Budget économique exploratoire 2025.
Ceci devrait profiter aux recettes ordinaires qui devraient apprivoiser 22,5% du PIB suite à la hausse prévue des recettes fiscales et à la mobilisation des recettes non fiscales à travers les mécanismes de financement innovants, relève le HCP.
Ainsi, les recettes fiscales devraient atteindre 18,5% du PIB bénéficiant à la fois de la bonne tenue des impôts directs et indirects, indique la même source, précisant que les recettes non fiscales devraient enregistrer près de 3,8% du PIB après une moyenne de 2,8% durant la dernière décennie.
Parallèlement, l’année 2024 est marquée par l’initiation de la réforme de la décompensation progressive du gaz butane dans le but de dégager les marges de manœuvre nécessaires pour le financement de l’aide sociale directe. À cet effet, et compte tenu de la tendance baissière des cours du gaz à l’international, le ratio de la charge de compensation devrait accuser un recul passant de 2% du PIB en 2023 à près de 1,1% du PIB en 2024.
Les dépenses des biens et services devraient s’accroitre, quant à elles, en 2024 pour atteindre 16,5% du PIB après 15,9% en 2023. En effet, les dépenses de personnel devraient connaître une progression suite à l’opérationnalisation de la hausse prévue des salaires convenue dans le cadre du dialogue social.
En tenant compte de la progression des intérêts de la dette qui devraient atteindre 2,4% du PIB, les dépenses ordinaires devraient connaitre une quasi-stagnation aux alentours de 20% du PIB.
La baisse prévue du ratio des dépenses d’investissement à 6,9% du PIB au lieu de 7,6% du PIB en 2023 devrait porter les dépenses globales à 26,9% du PIB après 27,6% en 2023.`
Le HCP table sur une croissance de 3,7% en 2025
Le Produit Intérieur Brut (PIB) du Maroc devrait, lui, afficher une croissance de 3,7% en 2025, après 3% prévue en 2024, tirant profit d’une consolidation des activités non agricoles et d’une reprise du secteur agricole, estime le Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Ces prévisions tiennent en compte d’une augmentation de 3,8% des impôts et taxes sur produits nets de subventions, indique le HCP dans le même Budget économique exploratoire 2025, notant qu’en valeur, le PIB devrait accuser une croissance de l’ordre de 5,9% au lieu de 4,8% en 2024, donnant lieu à un niveau d’inflation approché par l’indice implicite du PIB de 2,2% après 1,8% une année auparavant.
Et de souligner que ces perspectives prennent en compte les tendances internationales, notamment la quasi-stabilisation des prix des matières premières et l’accroissement de la demande mondiale adressée au Maroc, prévue à 3% en 2025 après 1,5% estimé en 2024, ajoutant que ces prévisions considèrent également la reconduction de la politique budgétaire en vigueur durant l’année 2024.
En se basant sur ces hypothèses, les activités non agricoles devraient enregistrer une croissance de près de 3,2% en 2025 contre 3,6% en 2024, précise le HCP.
Ainsi, le secteur secondaire devrait afficher une valeur ajoutée en hausse de 3,4% en 2025, attribuable à la poursuite de la bonne performance du secteur du BTP, des industries de transformation et des mines, en lien principalement avec l’augmentation attendue de la demande extérieure.
Les activités tertiaires devraient enregistrer une valeur ajoutée en progression de 3% en 2025 après 3,4% en 2024, soutenues par la poursuite de la dynamique du secteur touristique, et par la bonne tenue des secteurs du transport et du commerce en raison du raffermissement de la demande intérieure.
Elles devraient bénéficier également de l’amélioration prévue des revenus, sous l’effet de la hausse des salaires, du redressement des revenus agricoles et de la bonne tenue des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE).
Quant au secteur primaire, il devrait enregistrer une croissance de 8,5% de sa valeur ajoutée, après une baisse de 4,6% en 2024, sous l’hypothèse d’une production céréalière moyenne inférieure et d’une consolidation des autres cultures et de l’élevage.
Le déficit budgétaire devrait s’établir à 3,8% du PIB
Le déficit budgétaire devrait s’établir à 3,8% du PIB en 2025, en allègement par rapport à son niveau estimé à 4% du PIB en 2024, prévoit le HCP
Ces prévisions tiennent en compte de l’évolution des dépenses d’investissement qui devraient atteindre 6,5% du PIB, indique le HCP, notant que la politique budgétaire en 2025 serait marquée par le maintien de l’effort d’investissement public et la poursuite du processus de la décompensation partielle et progressive du gaz butane amorcée en mai 2024.
L’opérationnalisation des mesures prises dans le cadre du dialogue social, dont l’exécution de la deuxième phase de l’augmentation des salaires est programmée pour l’année 2025, devrait accroître les dépenses du personnel pour atteindre près de 10,3% du PIB, fait remarquer le HCP.
Dans ce sillage, le ratio des dépenses ordinaires par rapport au PIB devrait reculer passant de 20% en 2024 à 19,5%, tirant profit du repli du ratio de la dépense de compensation en 2025 qui devrait s’établir à près de 0,7% du PIB après une moyenne de 1,8% entre 2014 et 2023.
Les recettes ordinaires devraient se stabiliser à près de 22% du PIB, profitant de l’accroissement prévu des recettes fiscales sous l’effet de la poursuite de l’évolution favorable des impôts directs et indirects en 2025.
Soutenues par les recettes des mécanismes de financement innovants, les recettes non fiscales devraient afficher une croissance pour enregistrer 3,7% du PIB.
Au niveau de l’endettement, le ratio de la dette du trésor sera ramené aux alentours de 70,1% du PIB, fait savoir la même source.
Tenant compte d’un recul du ratio de la dette extérieure garantie par l’Etat, passant de 12,8% du PIB attendu en 2024 à 12,3% en 2025, le ratio de la dette publique globale devrait baisser pour s’établir à près de 82,4% du PIB au lieu de 83,1% prévu en 2024.