économie
Durant la pandémie, d'importants sacrifices des migrants pour envoyer des fonds chez eux (ONU)
« Les migrants mettent au premier plan les besoins de leur famille, réduisant leur consommation personnelle et puisant dans leurs économies » (Guterres).
Nations-Unies (New York) – L'année dernière, en pleine pandémie, les migrants qui travaillent loin de leur famille ont fait d'importants sacrifices pour envoyer de l'argent chez eux, a déclaré mercredi le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avertissant que ce n'est pas le moment pour les pays de retirer leur soutien à ces travailleurs clés.
Dans un message à l'occasion de la Journée internationale des envois de fonds à la famille, M. Guterres a relevé que plusieurs facteurs expliquent cette baisse moins importante que prévu des envois de fonds. Le principal étant que « les migrants mettent au premier plan les besoins de leur famille, réduisant leur consommation personnelle et puisant dans leurs économies ».
En effet, des données de la Banque Mondiale montrent que les envois de fonds aux pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire par les migrants n'ont diminué que de 1,6% en 2020 par rapport à 12 mois plus tôt, pour atteindre 540 milliards de dollars, un montant bien inférieur aux estimations initiales.
« Heureusement, les transferts de fonds se sont avérés beaucoup plus résilients et fiables que prévu », a dit le chef de l’ONU.
La résilience des envois de fonds a également été renforcée par les changements de comportement par les personnes migrantes et les membres de la diaspora au cours de l’année écoulée.
Selon le Fonds international de développement agricole (FIDA), l’un des facteurs le plus important a été l’accélération de l’adoption des technologies numériques par les travailleuses et travailleurs migrants et leurs familles, selon l'ONU.
Et d’ajouter que la numérisation des virements en ligne et sur téléphones mobiles a stimulé les flux d’envois de fonds pendant cette période difficile. À eux seuls, les envois de fonds par téléphone portable ont augmenté de 65% en 2020.
Les mesures de confinement et des règles de distanciation sociale ont poussé les expéditeurs et les destinataires à délaisser les canaux informels et les espèces. Les canaux numériques se sont avérés moins coûteux que les virements et ont renforcé l’adoption de l’argent mobile, faisant ainsi progresser l’inclusion financière des personnes migrantes et de leurs familles, selon la même source.
Ainsi, plus de 200 millions de travailleuses et travailleurs migrants envoient de l’argent à plus de 800 millions de membres de leur famille dans leur pays d’origine. De plus, les flux d’envois de fonds ont été multipliés par cinq au cours des 20 dernières années, jouant un rôle anticyclique durant les périodes de ralentissement économique dans les pays bénéficiaires.
Selon l’ONU, les envois de fonds individuels n'ont peut-être pas une grande valeur, mais collectivement, les flux sont trois fois plus importants que l'aide officielle au développement à l'étranger. Ainsi le chiffre le plus important que les familles reçoivent chaque mois est de l’ordre de 200 à 300 dollars. Le montant total de ces flux se compte en milliards de dollars.
A l'avenir, M. Guterres a estimé que les efforts doivent se poursuivre pour soutenir et protéger les migrants, qui - comme la pandémie de la Covid-19 l'a clairement montré - jouent un rôle important dans le maintien des services essentiels et des économies dans de nombreuses régions du monde.
« Il est essentiel, pour la santé et la sécurité de tous, de veiller à ce que tous les migrants, quel que soit leur statut juridique au regard de l’immigration, soient intégrés aux plans de distribution du vaccin contre la Covid-19 », a souligné le Secrétaire général dans son message.
Les qualifiant de "bouée de sauvetage dans le monde en développement", il a également plaidé pour la poursuite des efforts visant à réduire les coûts de transfert de fonds à un niveau aussi proche de zéro que possible, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030, et de favoriser l’inclusion financière des migrants et de leurs familles, en particulier dans les zones rurales pauvres.
« Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières offre un cadre unifié pour de telles actions », a conclu le chef de l’ONU.