La démarche progressive du Maroc dans le lancement de la finance participative

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Le Maroc a adopté volontairement une démarche progressive pour le lancement de la finance participative pour s’assurer d’un démarrage sécurisé de cette nouvelle activité, ont souligné, ce jeudi 05 janvier à Casablanca, les participants à la 4ème édition des « Meeting de la Finance ».

Les participants à cette manifestation, organisée par la Bourse de Casablanca en partenariat avec l’Association Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB) et l’Association Marocaine de la Finance Participative-Sharia Compliant (AMFP), ont relevé que le royaume a également adopté un cadre légal et réglementaire très souple qui laisse la voie ouverte à l’innovation.

Placée sous le thème « Mécanismes de financement de l’écosystème de la finance participative Sharia Compliant via le marché des capitaux », cette rencontre s’inscrit dans le cadre des actions d’accompagnement des professionnels du marché et de la réflexion autour des nouveaux outils et techniques de financement.

La finance participative, qui a été consacrée à la fois par la nouvelle loi bancaire mais également par le texte ayant modifié la loi de titrisation, constitue un important levier de développement du marché financier marocain, ont indiqué les conférenciers dont des représentants de Bank Al-Maghrib, du Conseil Supérieur des Ouléma et de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux, outre des experts internationaux.

Elle permettra à la fois d’accroître l’activité en offrant une nouvelle gamme de produits, mais également d’améliorer l’intégration financière et le taux de bancarisation en intégrant des personnes qui n’adhéraient pas aux principes de la finance conventionnelle, ont-ils expliqué. Ils soutiennent que l’écosystème de la finance participative a impliqué plusieurs études et échanges avec un certain nombre d’instances internationales et de régulateurs à travers le monde, avant de procéder à un benchmark des meilleures pratiques qui pouvaient se faire en la matière.

Bank Al-Maghrib a travaillé avec le Conseil Supérieur des Oulémas et organisé des visites d’études pour les membres du Conseil afin de s’enquérir et de se familiariser avec les principes et les pratiques et échanger avec les instances de régulation, notamment au Bahreïn et en Malaisie, deux pays où la finance participative est très développée, ont-fait savoir les conférenciers.

Ces derniers ont également affirmé que le Comité Charia pour la Finance Participative, relevant du Conseil Supérieur des Oulémas, est la seule instance habilitée à émettre des « fatwas » sur la conformité des produits de la finance participative aux préceptes de l’Islam du juste milieu, ouvert sur les valeurs universelles et tolérant. Les différentes parties prenantes travaillent d’arrache pied pour l’émission inaugurale des certificats de Sukuks souverains, afin de permettre aux futurs acteurs participatifs, bancaires principalement, de pouvoir disposer d’un papier négociable en dirhams qui leurs permettrait de gérer leur liquidité, ajoutent-ils.

La première émission de Sukuks souverains en dirhams sur le marché domestique aura lieu avant la fin du premier semestre 2017. Il s’agit des Sukuks Ijara, la structure la plus fréquente pour les émissions souveraines, ont indiqué les intervenants. Ces spécialistes de la finance participative ont aussi noté que la voie reste ouverte, ce qui permettra d’avoir un nouvel atout pour ce marché et le Maroc pourrait ainsi se positionner plus que jamais comme hub de la finance en Afrique. La cotation des Sukuks pourra être envisagée. D’autres structurations complexes pourront être explorées pour créer des produits de placements participatifs, à l’instar des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) Charia-Compliant (conformes à la charia), ont-ils ajouté.

Cette nouvelle édition des « Meeting de la Finance » a été marquée par une présentation de Norfadelizan Abdulrahman, directeur général de Maybank Malaysia « Indonésie/Australie », axée sur le fonctionnement et le rôle des marchés (actions, sukuks et matières premières) de la Bourse de Malaisie dans le financement de l’écosystème de la finance participative Sharia Compliant. Le Comité des établissements de crédit a récemment émis un avis favorable à cinq demandes d'agrément pour la création de banques participatives, ainsi qu'à trois banques pour les autoriser à offrir des produits participatifs.

Le comité, composé de deux représentants de Bank Al-Maghrib, dont le wali (gouverneur) en sa qualité de président, et de deux représentants du ministère chargé des Finances, dont la directrice du trésor et des finances extérieures, a émis cet avis favorable après étude et analyse de ces dossiers, notamment au plan de l'actionnariat, de la valeur ajoutée au marché marocain, de la gouvernance et des risques.

Dans le cadre de cette activité, le dahir régissant le Conseil Supérieur des Oulémas a été modifié et complété pour créer en son sein un Comité Charia pour la finance participative.

 

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