économie
Prix du carburant : La faute à l’Etat
La commission des finances s’est réunie ce mardi 15 mai au parlement à l’occasion de la présentation du rapport final de la mission d’information parlementaire sur les prix des hydrocarbures. L’Etat en ressort grand fautif. Explications
Driss El Azami, président du groupe parlementaire PJD à la chambre des représentants, a déclaré que « la levée des subventions dans le secteur des hydrocarbures a libéré le pays de la dette et du recours aux emprunts étrangers » et ajouté que le budget de l’Etat a été allégé à hauteur de 50 milliards de dhs. Pour El Azami, ceux sont les plus riches qui bénéficiaient du soutien de l’Etat.
Driss El Azami a déclaré que le citoyen peut se sentir « lésé » si on compare les prix pratiqués au Maroc et ceux des pays non producteurs de pétrole. Il estime également que le gouvernement devrait définir un prix maximum à la pompe comme dans des pays tels que la Belgique.
De son côté, Taoufik Kamil, député de RNI, a déclaré qu’il faut évaluer la décompensation qui a profité à l’Etat et pas au citoyen. « Dieu merci, les cours du pétrole sont bas, le contraire provoquerait une catastrophe », a-t-il ajouté.
Pointant du doigt le gouvernement, qui joue le rôle de la « victime », Salaheddine Aboulghali du PAM, a affirmé que la hausse des prix des carburants n’est pas accidentelle mais le résultat d’une absence de vision claire de la part de l’Exécutif. Il a même déclaré que le gouvernement n’assume pas ses responsabilités.
Evoquant le boycott des marques marocaines, Noureddine Mediane, chef du groupe Istiqlal à la chambre des représentants, a déclaré que le gouvernement a provoqué le boycott en laissant les citoyens faire face à la montée des prix. Il a également appelé le gouvernement à envisager des mesures pour maintenir les subventions dans le secteur des hydrocarbures et à relancer les activités du conseil de la concurrence.
Quelques dysfonctionnements soulignés par le rapport
Par ailleurs, ce rapport, débattu ce mardi 15 mai a pointé du doigt plusieurs dysfonctionnements concernant notamment le rôle du gouvernement après la libéralisation.
Il note ainsi que depuis 2016 le prix du baril a presque triplé passant de 27 à 75 dollars tandis que les prix à la pompe n’ont pas changé parce que les distributeurs ont essayé d’absorber la hausse pour éviter de toucher le consommateur.
D’un autre côté, le rapport fait également savoir que les distributeurs ont investi pas moins de 18 milliards de dhs depuis la libéralisation. En effet, l’Etat a exigé des pétroliers des investissements importants dans les capacités de stockage, le stock de sécurité et la mise à niveau des services.
« L’ensemble du programme d’investissements du secteur (hors produits) s’élève à 10 milliards de DH sur 5 ans, soit un total d’investissement de 18 milliards de DH, montant sur lequel se sont engagées les sociétés de distribution » souligne le rapport qui ajoute que le maintien du stock coûte cher.
Mais malgré cela, souligne le rapport, les distributeurs arrivent à honorer leurs engagements depuis la libéralisation du secteur en évitant tout risque de pénurie des carburants dans notre pays.
Aussi, les parlementaires ont-ils demandé à l’Etat de revoir le régime fiscal et de réaliser des benchmarks concernant la TIC (Taxe Intérieure de la Consommation). « Aussi, afin de baisser les prix à la pompe, l’Etat peut baisser la TIC quand les prix montent et l’augmenter quand les tarifs baissent », soulignent-ils.
Il a également été souligné le manque d’entente entre les 18 sociétés de distribution opérant au Maroc et cela se remarque notamment avec les prix qui varient d’une station à l’autre, ainsi que les écarts dans les prix appliqués à la pompe.