économie
Tourisme 2021 : L’optimisme, contre vents et omicron !
La ministre du Tourisme Fatima-Zahra Ammor au milieu des professionnels du secteur
Par TAIMOURI Zin El Abidine (MAP avec Quid.ma)
Casablanca - La fermeture des frontières ici et là, le climat d’incertitude éprouvé par les voyageurs ont porté d’énormes préjudices au secteur du tourisme au Maroc. Une année touche à sa fin, que le secteur touristique national a vécu au rythme des ajustements et des réajustements pour se maintenir en soins intensifs. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a fait preuve d’une résilience telle, que les professionnels eux-mêmes n’imaginaient pas !
Après un début d’année terne, marqué par l’incertitude liée à l'apparition d’une énième vague de la pandémie, les professionnels du tourisme commençaient enfin à apercevoir les prémices d’une reprise à l’été.
La réouverture des frontières à la mi-juin avait permis le retour massif des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ainsi que l’arrivée des premiers touristes internationaux. Un épisode d’un grand réconfort qui a vécu la vie d’une rose. Il a toutefois permis de revigorer partiellement un secteur déjà sinistré par près de deux années de pandémie.
L’optimisme était revenu après les chiffres encourageants du troisième trimestre de 2021 affichant des recettes touristiques de 15,9 milliards de dirhams (MMDH), en hausse de 202% par rapport au même trimestre de 2020 mais qui restent, tout de même, inférieurs de 40% à ce que réalise en temps normal le Maroc sur cette période.
Satané Omicron
Adil El Fakir, Dg de l’ONMT, plus de deux ans de pandémie, en priant que les sept grasses n’attendront pas la fin des sept maigres
De juin à octobre, et selon les derniers chiffres publiés par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), les recettes touristiques se sont élevées à 21,1 MMDH, après respectivement 8,9 MMDH et 38,5 MMDH durant la même période en 2020 et 2019.
Au terme des dix premiers mois de 2021, la baisse de ces recettes a été contenue à -0,7% pour s'établir à 28,5 MMDH, après -6,1% un mois plus tôt. Comparées à leur niveau d’avant la crise, elles ont reculé de 57,4% ou de 38,5 MMDH.
C’était compter sans l’arrivée de la quatrième, ou de la cinquième, on ne sait plus, vague de Covid-19 dans le monde et l’émergence du variant Omicron
Dès les premières lueurs de l’automne, la dégradation de la situation sanitaire mondiale a contraint le gouvernement à des décisions restrictives.
La fermeture des frontières au début du mois d’octobre avec certains pays et l’annulation de certains grands événements ont évaporé les espoirs d’une reprise touristique.
Et voilà que fin novembre, apparait le nouveau variant du SARS-Cov-2 répondant au nom mignon d’Omicron. Dans le même souci de prévention et de sauvegarde des vies humaines, le gouvernement suspend toutes les liaisons aériennes et ferme le pays à double tour face à la dissémination de l’Omicron dans plusieurs pays. Ce qui ne l’a pas empêché l’omicron d’apparaitre au Maroc, de lui-même semble-t-il.
Passe ainsi en pertes et profits, plus en pertes qu’en profits les recettes des fêtes de fin d’année provenant des touristes internationaux. “Ntla9awFbladna” (Retrouvons-nous dans notre pays), une nouvelle fois, comme d’habitude, apparait, sans les fêtes de fin d’années, comme l’unique alternative, pour limiter les dégâts alors que l’échéance d’une reprise touristique semble s'éloigner.
Lancée par l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT), cette campagne multi-support vise à consolider le marché domestique, comme premier pourvoyeur de touristes pour la destination Maroc, et à inciter les Marocains à redécouvrir les richesses de leur pays.
Après la fermeture des frontières, les espoirs se tournent donc vers les locaux pour sauver les meubles d’un secteur économique clé.
Résister, Relancer, Réinventer
Alors que l’industrie touristique tente désespérément de se remettre de cet épisode cauchemardesque, deux indicateurs poussent à l’optimisme : le Nouveau modèle de développement (NMD) et la nomination d’un nouvel exécutif.
Les politiques actuelles engagées par le Royaume accordent une importance cruciale au secteur touristique qui représentait, en 2019, 7% du Produit intérieur brut (PIB) et plus de 550.000 emplois directs. Pas assez aux yeux des opérateurs. Mais ne sont-ils pas dans leur rôle.
Dans le sillage des efforts consentis pour atténuer l’impact négatif de la pandémie sur le secteur, le budget alloué au titre de l’exercice 2022 au secteur du tourisme a été rehaussé de 8% par rapport à l’année dernière, soit à plus de 670 MDH dont 616,6 MDH consacrés à l’investissement et 63,14 MDH au fonctionnement.
Comme s’accordent à souligner le NMD et le programme gouvernemental, la pérennité du secteur exige de repenser le paradigme touristique national. C’est intéressant, mais ça a un air de déjà vu, déjà entendu. N’empêche : La promotion du tourisme durable, la diversification de l’offre touristique et, surtout, l’intégration de l’agent “pandémie” comme facteur structurel dans les plans touristiques, sont autant de pistes prioritaires en droite ligne avec la stratégie 3R du ministère de tutelle : Résister, Relancer, Réinventer.
A l’heure où la conjoncture accroît les mutations internationales en matière de tourisme, le Maroc recèle de nombreux atouts lui permettant de répondre pleinement à ces nouvelles tendances et à reconsidérer le développement du secteur dans une perspective de résilience et de durabilité.
L’installation du premier bureau régional pour l'Afrique de l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) à Marrakech, 2nd au niveau mondial, constitue, de surcroît, un marqueur de confiance en termes de reprise nationale. Consacrant le leadership du Royaume en matière de tourisme, le bureau continental de l’OMT couvrira la promotion de l’investissement et de l’innovation touristique dans un esprit de coopération africaine.