International
Frappes mortelles du 13 octobre au Liban: pas d'échange de tirs, selon l'ONU, lors de l’assassinat de journalistes
Un Palestinien embrasse le corps enveloppé de son enfant tué lors d'un bombardement israélien à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, avant l'enterrement, le 14 mars 2024, dans le cadre de la guerre d’extermination des Palestiniens par Israël. (Photo par AFP)
Une enquête de l'ONU indique qu'il n'y avait pas d'échanges de tirs à la frontière israélo-libanaise au moment où un char israélien a fait feu le 13 octobre, tuant un reporter de l'agence Reuters et blessant six autres journalistes, dont deux de l'AFP.
Selon les conclusions de l'enquête de la Force intérimaire des Nations unies au Liban, remise aux autorités libanaises et israéliennes, "l'armée israélienne a tiré deux obus de 120 mm de char Merkava" ce jour-là en direction des journalistes.
Elle souligne qu'il "n'y avait pas d'échanges de tirs à travers la Ligne bleue", qui marque la frontière entre le Liban et Israël, à ce moment, estimant que la raison des frappes visant les journalistes n'est pas connue, alors même que tout le monde sait qu’Israël, depuis le début de sa guerre d’extermination des Palestiniens, a ciblé les journalistes, des témoins embarrassants de ses crimes à Gaza et dans le reste de la Palestine occupée. Le nombre des journalistes ainsi assassinés est de plus de 120.
"Les tirs contre des civils, en l'occurrence des journalistes clairement identifiables, constituent une violation de la résolution 1701 (...) et du droit international", rappelle le rapport.
L'enquête indique que des échanges de tirs de part et d'autre de la Ligne bleue ont été signalés avant la frappe contre les journalistes.
Issam Abdallah avait été tué et six autres journalistes blessés, dont dont deux de l'AFP, Dylan Collins et Christina Assi qui a dû subir une amputation de la jambe droite.
Les reporters étaient partis couvrir dans le sud du Liban les affrontements transfrontaliers quotidiens depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne d'une part et le mouvement islamiste libanais Hezbollah et d'autres groupes armés d'autre part.
L'enquête de l'AFP, menée avec le collectif britannique d'experts et d'enquêteurs indépendants Airwars, avait conclu début décembre qu'un obus de char de 120 mm stabilisé par des ailettes, exclusivement utilisé par l'armée israélienne dans la région, était à l'origine de la frappe.
Deux autres investigations menées séparément par les organisations de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International, ont désigné toutes deux également "des frappes israéliennes".
Début mars, une analyse menée pour Reuters par le laboratoire de l'Organisation néerlandaise de recherche scientifique appliquée (TNO), avait conclu que le char israélien, dont deux tirs d'obus ont tué Issam Abdallah, avait probablement ouvert le feu dans un deuxième temps sur le groupe, avec une mitrailleuse lourde.
L'armée israélienne a, bien sûr, nié le 8 mars viser "délibérément" des journalistes.
Elle a prétendu que ses chars et canons d'artillerie avaient ouvert le feu le 13 octobre en riposte à des tirs de missiles antichars, de roquettes et de mortier du Hezbollah "afin d'éliminer la menace", ajoutant que l'enquête sur ce drame se poursuivait. (Quid avec AFP)