La langue de Molière dans tous ses états :''Le'' ou ''la'' Covid, l'Académie française tranche

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2015
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Gardienne sourcilleuse du bon usage de la langue française, l'Académie française sort du confinement pour recommander d'utiliser le mot Covid-19 au féminin plutôt qu'au masculin alors même que l'usage majoritaire en francophonie est d'utiliser ce terme apparu avec l'épidémie de coronavirus au masculin. On peut trouver le sujet dérisoire dès lors qu’au masculin ou au féminin, le ou la Covid tue. Reste à savoir ce que vont en dire les #Me Too qui pourraient contester l’Académie, un féminin, qui n’a rien trouvé de mieux pour s’occuper que de féminiser la maladie, un autre féminin sexiste, provoquée par le coronavirus, lui bien masculin. Ce ne serait pas nouveau. On s’en souvient, il y avait une époque, il y a des lustres, où les féministes trouvaient que le nom « personne », pourtant féminin, était misogyne et patriarcal, parce qu’il comportait « per » qui renvoyait phonétiquement à « père ». L’une d’elle, Nicole-Lise Bernheim, avec Mireille Cardot, en a fait en 1978 un roman policier parodique sous le titre éloquent de : Mersonne ne m’aime. Mais ce type de préoccupation n’est pas la tasse de thé d’Hélène Carrère d'Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie Française. On verra pourquoi plus loin. 

Tempête dans un verre d’eau ? Les Académiciens sont certainement dans leur rôle en rappelant une règle simple de grammaire : pour un acronyme c'est le genre du mot principal qui compte.

Ainsi on dit et écrit "la" SNCF car il s'agit de l'acronyme de la "Société nationale des chemins de fer" et l'article s'accorde avec le genre du mot "société". Oui, mais...

Quelques-uns lui opposent la difficulté qu’avec Covid,'il s'agit d'un acronyme d'origine étrangère. Covid est l'abréviation du terme anglais "Coronavirus disease" qui se traduit par "maladie du coronavirus". Il n’empêche. "Maladie" étant un mot féminin la règle devrait donc bien être d'employer le féminin quand on utilise le terme Covid. Pourtant l’Académie n’a jamais pensé à féminiser le choléra, lui aussi une maladie, ou le paludisme, ou l’asthme qui lui peut conduire à l’asphyxie, il est vrai, elle, féminin.  

Sur une dépêche de L’AFP (ou la AFP) on peut lire qu’après tout, « on parle de "la" CIA (Central Intelligence Agency) pour désigner l'agence de renseignement américaine. En français, "agence" étant un mot féminin. » Sans doute. Centrale et intelligence aussi. Et si c’est la toute puissante agence américaine la CIA qui devient l’aune de la langue française, on n’a plus rien à redire

D’ailleurs au Québec (la AFP encore), bastion francophone d'Amérique du Nord, on utilise le mot Covid au féminin. Soit. Ceux qui croyaient que la Mecque de la langue de Molière, c’était Paris n’ont plus qu’à aller se rhabiller. Ou suivre des cours à distance, la Covid oblige, de rattrapage. 

Mais la AFP se rattrape. Elle rappelle qu’une autre des règles fondamentales d'une langue est son usage courant. "L'usage fait loi" ont coutume de dire les linguistes. Dans le cas du mot Covid, force est de constater que le masculin s'est imposé notamment dans les médias mais pas seulement.

Depuis le début de l'épidémie, le gouvernement, pourtant français, parle du Covid au masculin, l’Institut Pasteur également. Mais il y a mieux. 

Hélène Carrère d'Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie Française a refusé la féminisation de son titre aussitôt après son élection. A l'Académie française, elle s’est opposée à la féminisation des titres et fonctions pour les femmes. En mai 2018, sur le site Internet de l'Académie française, Hélène Carrère d'Encausse devient historienne (usage du féminin) mais reste secrétaire perpétuel, président, commandeur, officier (Cf. Wikipédia).

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