Le Policy Center scrute l'impact du Covid-19 sur l'économie, la géopolitique et les relations internationales

5437685854_d630fceaff_b-

Le FMI a appelé à une réforme urgente de l’architecture de la dette, en préconisant des mesures qui permettent d’alléger davantage la dette

1
Partager :

 

Rabat - Chercheurs et spécialistes ont scruté, le temps de deux webinaires organisés par le Policy Center for the New South (PCNS), l'impact du nouveau coronavirus (Covid-19) sur les secteurs de l’énergie, l’économie, la géopolitique et les relations internationales.

Ces deux webinaires s'inscrivent dans le cadre de la présentation de la 7è édition du rapport annuel "Atlantic Currents" du PCNS, intitulé "La crise du Covid-19 vue de l'Atlantique Sud".

Animé par Mina Baliamoune, Senior Fellow au PCNS, le premier webinaire a exposé les principales conclusions des chapitres du rapport traitant de l'impact de la pandémie de Covid-19 sur les secteurs de l’énergie et de l’économie, dans une perspective atlantique.

Intervenant à cette occasion, Fahad Alturki, Vice-président de la recherche au King Abdullah Petroleum Studies and Research Center (KAPSARC), a abordé les implications du Covid-19 sur le marché de l’énergie, en donnant un aperçu général des conséquences de la pandémie sur l’activité économique et de son impact sur la demande énergétique.

Il a expliqué que le ralentissement de l’activité économique a entraîné une baisse de la demande d’énergie, notamment dans les secteurs de l’industrie et des transports, indiquant que l'impact du Covid a été mal évalué, menant à une accumulation considérable de stocks.

A titre d'exemple, M. Alturki a relevé que les prix du pétrole ont failli s’effondrer, mais les producteurs ont fait preuve de souplesse et ont réussi à stabiliser le marché et à gérer des stocks élevés.

Sous un autre angle, Rym Ayadi, présidente de l’Association des économistes euro- méditerranéens et professeure à la Business School de la City University de Londres, a souligné l’augmentation de la dette souveraine des pays à revenu moyen et faible et rappelé les efforts menés actuellement par la communauté internationale pour réagir collectivement à la pandémie.

Mme Ayadi a, en outre, indiqué que le FMI a appelé à une réforme urgente de l’architecture de la dette, en préconisant des mesures qui permettent d’alléger davantage la dette, de renforcer les dispositions relatives aux entrepreneurs en procédant à la prorogation des délais de recouvrement (pour différents types de transactions) et d’améliorer la transparence qui, selon l’intervenante, est une préoccupation cruciale.

Dans ce sens, elle a souligné l’importance de la transparence de la dette pour la gouvernance, la soutenabilité de la dette et la reprise économique après la pandémie, rappelant à ce propos sa participation au groupe de travail du G20 spécialisé dans la question de la transparence de la dette et qui tente de résoudre la crise de la dette vers laquelle le monde se dirige.

De son côté, l'ambassadeur Gerardo Traslosheros, a indiqué que Covid-19 a entraîné une instabilité globale à laquelle le monde n’était pas préparé et que des mesures climatiques plus sérieuses doivent être prises afin de prévenir de futures calamités.

Il a d’emblée présenté des considérations générales que l’on peut résumer ainsi: minimiser les pertes de vies et réduire le coût économique de la pandémie, deux objectifs qui doivent être poursuivis simultanément, surtout que les groupes sociaux vulnérables deviennent plus exposés à la famine, à la maladie et à l’anarchie sociale.

Au terme de ces contributions, la modératrice du webinaire a posé aux intervenants des questions émanant du public qui ont globalement porté sur l’accès aux vaccins et la course diplomatique entre les États-Unis, les pays européens, la Russie et la Chine pour gagner en influence dans le monde en développement et le besoin urgent de coopération entre les nations dans l’espoir d’en finir avec la pandémie.

Elles ont également porté sur les résultats possibles des mesures futures pour faire face à la quatrième vague de la pandémie qui pourrait provoquer des conséquences désastreuses sur le marché de l’énergie, les stratégies internationales dédiées à la lutte contre le changement climatique et les prêts publics et privés.

Quant au deuxième webinaire, organisé le 15 avril, il a été animé par M. Mohammed Loulichki, Senior Fellow au Policy Center for the New South. Selon un communiqué du think tank, cette rencontre a permis de passer en revue les principales conclusions tirées des chapitres du rapport consacrés aux conséquences de la pandémie de Covid-19 sur la géopolitique et les relations internationales, à partir d'une perspective atlantique.

Prenant la parole, Eduardo A. Haddad, Senior Fellow au PCNS a présenté son chapitre sur la crise de Covid-19 et la géographie du mécontentement dans l’hémisphère sud. Ce concept signifie que les conditions dans lesquelles les individus vivent ou travaillent influencent fortement leur vision du monde et des défis auxquels ils sont confrontés, a-t-il relevé.

Puisque l’hémisphère sud a tendance à enregistrer des taux d’inégalité plus élevés parmi ses sociétés, il y a plus de chances de générer un mécontentement croissant, a-t-il estimé, expliquant que cet argument s’applique à la compréhension des impacts économiques de la pandémie sur les régions appartenant à l’hémisphère sud et aux segmentations des différents secteurs qui résultent du choc économique.

De son côté, El Mostafa Rezrazi, également Senior Fellow au PCNS a abordé les impacts de la pandémie de Covid-19 sur la société sous l’angle de la santé mentale et du changement de comportement, en mettant l’accent sur ses recherches concernant l’anxiété et la dissonance cognitive générées chez des individus en ces temps difficiles.

Il a ensuite présenté sa méthodologie qui repose sur quatre indicateurs : Le premier est lié aux différentes phases de l’impact de Covid-19 qui sont l’incertitude et la peur au cours des trois premiers mois, l’important flux d’informations, le confinement, la reprise et les incertitudes qui accompagnent la vaccination.

Pour sa part, Salma Daoudi, assistante de recherche en relations internationales au Policy Center for the New South a jeté la lumière sur la question des capacités sanitaires qui sont devenues un nouvel instrument de pouvoir dans la sphère internationale.

Elle a ainsi fait référence à la conclusion générale du chapitre qui illustre comment les capacités sanitaires peuvent à la fois être une source et une expression de pouvoir dans le sens où elles ne sont pas suffisantes pour garantir le pouvoir mais restent nécessaires pour protéger les intérêts nationaux.

Mme Daoudi a également fait état de l'importance croissante des problèmes de santé à l’échelle mondiale et de leur émergence en tant que menaces mondialisées pour la sécurité qui exercent une forte pression sur les systèmes de santé, compromettent la stabilité nationale et réduisent considérablement la productivité.

L’ambassadeur Loulichki a posé à M. Rezrazi une question sur l’éducation en particulier l'impact de la pandémie sur les élèves des écoles primaires, qui constituent la catégorie des jeunes la plus vulnérable, ainsi que sur la contribution des parents à la gestion de la crise.

M. Rezrazi a expliqué que la représentation du virus par les médias et le flux important d’informations ont conduit à une conception erronée de la pandémie et empêché les enfants de la percevoir comme une menace.

Le rapport "Atlantic Currents", publication phare du Think tank marocain Policy Center for the New South, à demander auprès du Centre, offre chaque année une perspective originale sur les enjeux mondiaux et atlantiques. Le thème de la 7e édition de ce document de référence de près de 300 pages, signé par 22 auteurs de l'Atlantique Sud s'aligne sur celui de la conférence Atlantic Dialogues, qui s'est déroulée en novembre et décembre 2020 sous forme de webinaires 'AD Talks'', en raison de la pandémie.

 

lire aussi