National
Modèle de développement : Damir veut évaluer autant les échecs que les réussites
Réuni en session annuelle ordinaire le 15 septembre 2019 à Casablanca, le Conseil National du Mouvement Damir a été marqué « par deux temps forts : l’exposé du bilan d’activité de l’association au titre du second semestre 2018 et du premier semestre 2019 ainsi que la présentation de son plan d’action à venir à l’horizon 2020/202 ;
et, l’analyse de la situation interne du Maroc et des bouleversements endogènes et exogènes auxquels il est exposé » indique un communiqué du Mouvement parvenu à la rédaction.
D’Imlil à l’Egypte en passant par le deal du siècle
La réunion a été entamée par l’énumération de l’ensemble des communiqués, déclarations et prises de position exprimées par le Mouvement Damir durant l’année écoulée. Ont été ainsi évoqué, à titre d’exemple, la Déclaration commune de novembre 2018 du Mouvement Damir et des représentants des mouvements de contestations sociales de la ville de Jerada ou la participation active de Damir au sein du « Comité de la société civile pour le Rif » pour dépasser la crise, répondre aux attentes et aspirations des citoyens et assurer la libération des détenus appréhendés aux cours des manifestations pacifiques. Un intérêt particulier a été porté aux différents sujets d'actualité de potée nationale et internationale, dont la montée des partis populistes et de l’extrême droite en Europe, l’attentisme du gouvernement marocain, ou encore le dossier de la Samir et des hydrocarbures. L’émergence des mouvements sociaux, ou la condamnation des exécutions de personnes poursuivies pour terrorisme en Egypte, ou encore le décès tragique du militant algérien des droits de l’Homme Kamaleddine Fekhar suite à une grève de la faim ont été des moments de prises de position importants.
Les membres du conseil sont par ailleurs revenus sur les manœuvres autour du « deal du siècle », la condamnation du crime perpétré contre deux jeunes scandinaves à Imlil, la polémique sur la langue d’enseignement des matières scientifiques ainsi que la condamnation des tueries de musulmans en Nouvelle Zélande…
Le bilan d’activité de l’association a porté également sur les évènements, colloques et conférences qu’elle a organisés et dont le succès a pu être mesuré à travers la pertinence et l’audace des sujets traités, la qualité des conférenciers et l’engouement des participants, ainsi qu’à travers la couverture médiatique qui en a résulté. Le Mouvement Damir a ainsi organisé en décembre 2018 à Mohammedia une journée d’études sur « Les tensions sociales et les formes de contestations au Maroc », tout comme il a tenu en juillet 2019 à Rabat la 4ème édition du Colloque scientifique international sur « Les libertés individuelles, transformations sociétales et références religieuses ».
Contribution de Damir à la réflexion sur le modèle de développement
Le plan d’action du Mouvement Damir pour la période 2019/2021 a fait l’objet d’une présentation aux membres du Conseil National et d’une validation de leur part. Parmi la série d’actions programmées sur les 26 mois à venir, revêtant des formes variées, de la conférence nationale ou colloque international à l’organisation d’une journée musicale ou artistique, en passant par des rencontres débats, des expositions, des actions éducatives ou des enquêtes et études de terrain.
Une action particulière revêt un caractère remarquable et mobilisera toute l’énergie de l’équipe dirigeante de l’association dans les semaines et mois à venir. Il s’agit en l’occurrence de la contribution du Mouvement Damir à la réflexion sur la transformation du modèle de développement de notre pays. Intitulé « Le Maroc que nous voulons… » et formalisé à travers un mémorandum remis en juillet dernier au Cabinet royal, cette contribution sera présentée dans les tous prochains jours au grand public.
La vision stratégique du Mouvement Damir quant au modèle de développement se caractérise par le souci d’évaluer avec lucidité et objectivité tant les réussites que les échecs du modèle actuel, pour finalement proposer des alternatives de réformes audacieuses et crédibles qui seront mises au service des attentes légitimes de nos concitoyens et des ambitions d’émergence de notre pays.
Convaincu qu’il est qu’aucune formation politique, aucune organisation de la société civile, aucune commission, ne peut avoir la prétention de changer les institutions, de modifier les politiques publiques, d’orienter les comportements, de façonner la société ou de pouvoir tout conceptualiser et tout résoudre à partir de modèles, le Mouvement Damir a décidé de privilégier une démarche participative et interactive avec les forces vives de la nation à travers des panels de citoyens. Cette démarche prendra la forme de rencontres-débats qui seront organisées à partir du mois d’octobre 2019 dans les territoires au plus près des citoyens pour présenter le modèle proposé, expliquer ses principes, exposer ses objectifs et décliner ses modalités de mise en œuvre. Cette méthodologie permettra au Mouvement Damir de mesurer l’appétence des citoyens aux réformes de structure envisagées et de recueillir les propositions émanant du terrain dans un processus bottom-up. Une seconde version du mémorandum précité, tenant compte des ajustements nécessaires et des recommandations puisées auprès des citoyens, sera ensuite communiquée à la Commission spéciale chargée du modèle de développement.
Hajar Raissouni : Le mouvement regrette ces pratiques d’un autre âge
Les membres de l’association ont exprimé leur grande préoccupation et leur profonde émotion à propos du sort réservé à Madame Hajar Raissouni qui, par-delà le traitement judiciaire et médiatique injuste et cruel réservé au cas particulier de cette jeune journaliste, incarne plus globalement tant un recul des libertés individuelles dans notre pays qu’un fonctionnement dévoyé de l’appareil judiciaire. Le Mouvement Damir regrette ces pratiques d’un autre âge, qui rappellent les relents d’une période inquisitoire que l’on pensait révolue. Le Mouvement Damir souhaite la libération immédiate de Madame Hajar Raissouni dans le respect de sa vie privée et demande l’application d’un moratoire aux lois liberticides. Le Mouvement Damir appelle à l’ouverture d’un débat national sur le droit des femmes à l’interruption volontaire de grossesse, sur leur droit de disposer librement de leur corps et sur la dépénalisation des relations intimes entre adultes consentants. Le Mouvement Damir estime nécessaire de réouvrir le débat sur l’indépendance du Parquet général au Maroc et de placer de nouveau la politique pénale sous l’autorité du gouvernement. Le Mouvement Damir exhorte le Chef de gouvernement, ainsi que les dirigeants des partis politiques, à assumer leurs responsabilités et à inscrire sans plus tarder ces questions à l’ordre du jour de leurs agendas de réformes législatives.
Damir met en garde contre la reconduction des élites en place
Dans un autre registre, le Mouvement Damir déplore les manœuvres, notamment via certains médias agissant pour compte ou certains lobbies d’influence, visant à reproduire par un système de cooptation les mêmes élites dirigeantes qui sont aux affaires depuis de nombreuses années. Non seulement elles ont démontré leur incapacité chronique à transformer le modèle de développement de notre pays, mais pour, nombre d’entre elles, ont précipité des départements ministériels ou des organismes publics dans les méandres de la mal gouvernance, comme le rappellent à juste titre les rapports d’audit de la Cour des comptes.
Le Maroc est plus que jamais à la croisée des chemins, et c’est le chemin de la transparence, de l’équité et du mérite qu’il faut aujourd’hui privilégier ; conclut le Conseil National.