Trump et la CIA – Par Samir Belahsen

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Les performances de la CIA en 2024 peuvent être appréhendées à travers l'évaluation des activités et initiatives de l'agence dans plusieurs pays clés, notamment la Syrie, le Pakistan et la Géorgie.

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« Et tu connaîtras la vérité et la vérité te rendra libre. »

Slogan de la CIA

« Les hommes politiques sont, par définition, des personnalités très sûres d'elles-mêmes. C’est pourquoi, chaque fois que j’ai affaire à l’une d’entre elles, je me demande toujours : cet homme politique sait-il ce qu'il ne sait pas ? »

Mark Lowenthal / Ancien directeur adjoint de la CIA

L'ampleur des actions de la CIA dans le monde et les conséquences majeures de ses opérations incite à explorer l’horizon de sa relation avec le victorieux Trump.

La CIA, (Central Intelligence Agency), a été créée en 1947 juste après la Seconde Guerre mondiale dans le but de fournir des renseignements à l'échelle mondiale, de mener des opérations secrètes pour la sécurité nationale des États-Unis et de contrebalancer l'influence des gouvernements étrangers « hostiles ». 

Dès 1953, elle devient un instrument principal du combat anticommuniste mené par les Etats-Unis. Plus de trente ans après la disparition de l'URSS, elle reste un bras armé et efficace de la politique étrangère américaine.

Collecter des informations à l'étranger et y mener des actions clandestines pour défendre les intérêts américains font donc l’essentiel de ses missions. Le renversement de gouvernements étrangers fait aussi partie de sa mission globale.

En théorie, la CIA est assujettie à la loi américaine, y compris la Constitution, les textes législatifs pertinents et des décrets présidentiels. 

En théorie, toujours, la CIA doit respecter l'éthique et les principes de légalité, de proportionnalité et d'humanité dans ses opérations de renseignement.

Cette éthique suppose un minimum de respect des droits de l'homme et ce même dans le cadre d'activités secrètes. 

La CIA utilise des techniques, de plus en plus innovantes, pour renverser des gouvernements étrangers mais aussi pour financer ses propres activités. Sont courants le soutien aux groupes rebelles, la manipulation des élections, le financement et le conseil d'oppositions politiques, la diffusion de la propagande ...

Ces méthodes sont mises en œuvre de manière secrète et, de plus en plus, sophistiquée pour perturber les régimes en place et  favoriser l'instauration de gouvernements favorables aux intérêts des États-Unis. Les opérations de la CIA visent à déstabiliser les gouvernements ciblés et à créer des conditions favorables à un changement de régime qui serve les intérêts américains.

Une année de performances

Les performances de la CIA en 2024 peuvent être appréhendées à travers l'évaluation des activités et initiatives de l'agence dans plusieurs pays clés, notamment la Syrie, le Pakistan et la Géorgie. 

La Syrie : une défaite stratégique pour la Russie

La Syrie reste un point chaud géopolitique avec des implications majeures pour la stabilité du Moyen-Orient. Les alliances changeantes, les conflits internes et les interventions étrangères contribuent à une situation complexe et tendue. L'analyse géopolitique met en évidence les rivalités régionales, les intérêts mondiaux et les enjeux locaux qui façonnent le paysage politique en Syrie.

La présence de la Russie, de l'Iran, de la Turquie et d'autres puissances régionales, ainsi que l'implication de groupes rebelles et de forces gouvernementales, crée un jeu complexe d'alliances et de conflits. Les ressources naturelles, les zones stratégiques et les intérêts économiques contribuent également aux dynamiques géopolitiques de la Syrie et de toute la région.

Les actions de la CIA en Syrie ont eu des répercussions significatives sur la situation géopolitique du pays et de toute la région. 

Les opérations clandestines, le renseignement, le soutien aux forces alliées et d'autres activités influent sur l'équilibre des pouvoirs et les dynamiques de conflit. En cette fin d’année, le bilan s’avère brillant : la Syrie est dirigée par un ancien terroriste blanchi et « rhabillé » par l’agence, les Iraniens ont plié bagage et les Russes ont encaissé le coup. « L’axe de la résistance » est décimé.

Tous les alliés de la Russie, les actuels comme les tentés, ont perçu la précarité et la perméabilité de leurs parapluies…

Le Pakistan : Nucléaire et instable

En 2024, le Pakistan fait face à une instabilité politique sans précédent, marquée par l'emprisonnement de l'ancien Premier ministre Imran Khan et les accusations de corruption qui en découlent.

Depuis l'indépendance en 1947, le pays a vécu une succession des périodes d'instabilité politique et de gouvernance contestée. 

L'emprisonnement d'Imran Khan en 2024 a profondément secoué la scène politique pakistanaise, entraînant des répercussions majeures à travers le pays. Son arrestation a exacerbé les tensions politiques, menant à des affrontements entre partisans et opposants du gouvernement. La polarisation s'est accrue et la répression des voix dissidentes, mettant en péril les fondements démocratiques du pays.

Suite à l'exclusion du PTI d’Imran Khan des élections de 2024, des manifestations éclatent à travers le pays, dénonçant cette décision comme une atteinte à la démocratie. Le gouvernement actuel opte pour une répression sévère, procédant à des arrestations massives des opposants. La répression a créé un climat de tension qui était prévisible. 

Asif Ali Zardari, ancien président a remporté la victoire lors du scrutin de février 2024.

La transition en cours souligne la complexité et la fragilité du paysage politique actuel, mettent en péril la démocratie du Pakistan.

Le soutien de la CIA à l'armée dans cette politique a été fortement critiqué lors de l'emprisonnement d'Imran Khan qui symbolisait beaucoup d'espoirs pour beaucoup. Inspirée par l’agence, l'armée a joué un rôle crucial dans la destitution de Khan et dans l'exclusion du PTI des élections. Sa présence a également été manifeste dans la répression des manifestations et les arrestations massives qui ont suivi. 

L'avenir politique du Pakistan semble incertain, mais il est clair que l’agence en détient les clefs. On en parlera beaucoup en 2025.

Ce serait un sujet brulant pour le président Trump et son équipe, il devra faire face à l’instabilité dans un pays nucléaire.

La Géorgie : un foyer de faible tension 

La CIA a toujours eu un rôle significatif en Géorgie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Durant la guerre froide, l'agence a collaboré avec les services géorgiens pour contrer l'influence de l'union soviétique dans la région. 

Après l'effondrement de l'Union soviétique, la CIA a renforcé son soutien aux forces géorgiennes lors de conflits régionaux.

L'ingérence de la CIA dans les affaires géorgiennes a été sujette à beaucoup de controverses.

 Actuellement, le rôle de la CIA en Géorgie est plus que stratégique, il concerne la coopération en matière de renseignement et le soutien en matière de formation et d'équipement pour renforcer les capacités de sécurité de la Géorgie et dans la région du Caucase c’est-à-dire dans l’affaiblissement de la Russie.

Elle interfère dans la souveraineté du pays, elle fait perdurer une instabilité politique et un niveau de violence pour resserrer l’étau sur l’ami Russe engouffré dans le conflit en Ukraine.

C’est que la présence de troupes russes en Abkhazie et en Ossétie du Sud continue de représenter une source majeure d’inquiétudes américaines. En 2024, l’agence a réussi à maintenir un foyer de tension de faible intensité sous contrôle.

Durant 2024, les conséquences des coups d'État soutenus par la CIA ont été variées et impactantes. Dans certains cas, ces opérations ont entraîné des gouvernements plus favorables aux intérêts des États-Unis, mais dans d'autres cas, cela a provoqué des instabilités politiques durables et des répercussions humanitaires dramatiques.

La CIA controversée

Les débats sur le rôle de la CIA dans les affaires étrangères sont nombreux et gravitent notamment autour de la question de l'éthique et de la légalité des actions. 

Aux Etats unis, certains critiquent l'ingérence croissante de l'agence dans les affaires souveraines d'autres pays, soulignant que les conséquences en sont parfois néfastes. D'autres, défendent le rôle de l'agence comme étant nécessaire pour protéger les intérêts américains et maintenir la stabilité dans des régions stratégiques pour les intérêts nationaux. La redevabilité de la CIA est au cœur des débats.

Trump et la CIA

L’élection de Donald Trump a suscité des inquiétudes quant à la politisation de l’agence. Certains responsables du renseignement craignent de voir des loyalistes incompétents nommés, à des postes clés, compromettant ainsi l'intégrité de l'agence. 

Trump avait créé un conflit avec la communauté du renseignement quand il avait révoqué l'habilitation secrète de l'ancien directeur John Brennan après des critiques publiques. 

Donald Trump a annoncé les nominations clés pour sa future administration, concernant la sécurité et le renseignement.

John Ratcliffe, est nommé comme directeur de la CIA, c’est l’ancien directeur du renseignement national. Célèbre pour ses positions pro-Trump, il avait ouvert la fameuse enquête sur Hunter Biden et critiqué des enquêtes sur l'ingérence russe ce qui renforce l'idée d'une politisation des agences.  

Kash Patel, lui, est chargé de diriger le FBI, il avait occupé des rôles dans le renseignement et la défense durant le premier mandat de Trump.

Tulsi Gabbard est nommée Director of National Intelligence: l’ancienne représentante démocrate est sans aucune expérience en matière de renseignement. Cette nomination suscite des inquiétudes quant à son influence sur le renseignement américain. Ces nominations visent d’abord à renforcer une administration fidèle à Trump.

Dans sa rhétorique, Donald Trump a toujours exprimé son scepticisme face à l'État profond et une forme de mépris pour les renseignements. Pour lui, les agences fédérales travaillaient contre lui. Il valait mieux y placer les siens.

Le 20 janvier, le président Trump aura une vingtaine de dossiers brulants sur son bureau : le conflit russo-ukrainien, la Chine, l’Iran, la Corée du nord, le Pakistan, les Impôts, les dépenses publiques, l’immigration, le déficit commercial avec l’Europe, la dédollarisation, la politique pétrolière, la politique environnementale, les réformes judiciaires…et le m

Moyen Orient. 

Sur tous ces dossiers, il aura des notes de l’agence qu’il méprise et des avis de ses loyaux conseillers mais sur l’essentiel ses choix sont déjà faits et annoncés. Dans certains cas, ils sont déjà en cours de déploiement…

« Cet homme sait-il ce qu’il ne sait pas ? »

Que Dieu protège l’Amérique ?

Que Dieu protège le monde !

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