Des composés indispensables à la vie découverts sur l'astéroïde Bennu

5437685854_d630fceaff_b-

Cette image montre la carte des risques Nightingale et l'emplacement du TAG (de gauche à droite) et le bras robotique de la NASA de la sonde Osiris-Rex (en bas à droite) entrant en contact avec l'astéroïde Bennu pour y prélever des échantillons. (Photo NASA via AFP)

1
Partager :

L'astéroïde Bennu commence à livrer ses secrets avec l'étude d'échantillons préservés de toute contamination terrestre et révélant la présence de minéraux et d'acides aminés indispensables à l'apparition de la vie, selon deux études publiées mercredi.

En 2020, le vaisseau de la Nasa Osiris-Rex a prélevé 120 grammes de régolithe, une couche de poussières et graviers, de l'astéroïde qui se trouvait alors à 300 millions de kilomètres de la Terre.

Avant de larguer en 2023 sa précieuse cargaison dans une capsule bien étanche, une manœuvre permettant d'étudier cette matière sans risque de contamination atmosphérique.

Une première analyse rapide avait confirmé la présence de "cristaux d'eau et de carbone, deux des éléments à l'origine de la vie", s'était alors réjoui Bill Nelson, administrateur de la Nasa.

Mais Bennu abrite en fait bien plus de composés que ceux qu'on trouve sur Terre.

La diversité des matières organiques identifiées dans les échantillons "est incompatible avec la biologie terrestre", selon une première étude parue dans Nature Astronomy et menée par l'astrobiologiste de la Nasa Daniel Glavin et son collègue astrochimiste Jason Dworkin.

Avec des acides aminés, dont quatorze des vingt utiles aux protéines dans les formes de vie sur Terre, et les cinq bases permettant de constituer l'ADN et l'ARN qui animent le vivant.

Une découverte qui apporte de l'eau au moulin des défenseurs d'un apport extraterrestre au démarrage de la vie sur Terre. Sans exclure pour autant son apparition depuis les océans primitifs, ou même son atmosphère.

L'analyse a aussi révélé la présence d'acides aminés très rares voire inexistants sur la planète bleue, et des milliers de formes de composés azotés.

Le "parent" de Bennu 

La question de leur création reste en suspens, mais pas leur origine, qui est à chercher chez le "parent" de Bennu, selon la deuxième étude, parue dans Nature.

L'astéroïde, un véritable amas de gravats, se serait formé il y a moins de 65 millions d'années. À partir d'au moins un astre bien plus massif, dont l'origine remonte aux premiers âges du système solaire il y quelques 4,5 milliards d'années.

"Nous savons maintenant que les ingrédients bruts pour la vie se combinaient de façons intéressantes et complexes à l'intérieur du parent de Bennu", selon Tim McCoy, conservateur de la collection de minéraux du Muséum national d'histoire naturelle des États-Unis et premier auteur de l'étude, cité par son institution.

L'étude, qui a associé une kyrielle de laboratoires internationaux, annonce la découverte de sels minéraux, - des composés inorganiques également essentiels pour la vie -, encore jamais observés dans des échantillons extraterrestres.

Elle explique leur présence par l'évaporation de poches d'eau que contenait l'astéroïde parent de Bennu.

Un point capital souligné par le professeur Yasuhito Sekine de l'Institute of Science de Tokyo, dans un article accompagnant les travaux publiés dans Nature.

L'eau de l'astéroïde "aurait contenu des composés organiques et inorganiques ayant subi des réactions pour former des molécules biologiques", indispensables à l'apparition de la vie.

Et ces réactions "pourraient avoir été induites par l'évaporation de l'eau interstitielle", écrit le Pr. Sekine.

Avec pour résultat des saumures semblables aux croûtes de sel que l'on trouve sur des lacs asséchés sur Terre. Les échantillons de Bennu contiennent par exemple six minéraux qu'on retrouve dans le lac asséché Searles, en Californie.

Les saumures 

La découverte a été "rendue possible en analysant des échantillons directement collectés sur l'astéroïde puis soigneusement conservés", a constaté le Pr. Sekine.

Ils ont notamment été maintenus dans une atmosphère d'azote, excluant toute humidité nocive pour les composés volatils.

La découverte est d'autant plus importante que les "saumures sont des environnements dans lesquels la vie a pu évoluer ou pourrait persister dans le système solaire", remarque l'étude.

Comme dans les saumures dont la présence a été détectée sur la lune de Saturne Encelade, ou sur la planète naine Cérès, dans la ceinture d'astéroïdes située entre les planètes Mars et Jupiter.

Des cibles de choix pour de futures missions d'exploration spatiale, selon les auteurs de l'étude, cités dans un communiqué.

Parmi eux, Sara Russell, professeur en sciences planétaires au Muséum d'histoire naturelle à Londres, salue "l'immense progrès dans la compréhension et l'évolution d'astéroïdes comme Bennu, et sur la façon dont ils ont pu aider à rendre la Terre habitable". (AFP)

lire aussi