Les juifs marocains du Brésil, ces hommes et femmes qui ont roulé leur bosse au pays de l'ordre et du progrès

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couv-bresil Si les relations entre le Maroc et le Br?sil sont aussi anciennes qu'exemplaires, la diaspora juive marocaine ?tablie dans le pays de l'ordre et du progr?s y est pour beaucoup.

Quelques indices: Les locaux du vice-consul du Br?sil ? Mogador (Essaouira) et Mazagan (El Jadida) furent ouverts huit ans apr?s la chute de l'empire du Br?sil et la proclamation de la R?publique f?d?rale, ? la fin de l'ann?e 1889, une p?riode marqu?e par un exode massif des juifs marocains vers le Br?sil qui s'est poursuivi pendant tout un si?cle (de 1810 ? 1910), l'excellence des liens unissant les deux peuples, pourtant si ?loign?s, n'a plus de quoi ?tre myst?rieuse.

Estim?s ? pr?s de 20 % des juifs br?siliens, ces ambassadeurs du Royaume, fiers de leurs origines, se sont distingu?s par le r?le important qu'ils ont jou? dans la vie ?conomique et sociale de ce pays d'Am?rique latine, gagnant le respect de toutes les composantes de la soci?t? br?silienne.

Parfaite illustration de cette contribution notable: l'existence au Br?sil d'une ville nomm?e Nova Mazagao (nouveau Mazagan) qui fut construite par les Portugais dans l'embouchure de l'Amazone au Sud-Est au niveau du Rio Mutuaca, ou encore d'un saint juif originaire du Maroc pri? par les chr?tiens au cimeti?re Saint Jean-Baptiste de Manaus, capitale de l'Etat de l'Amazonas (Nord-Ouest), au c?ur de l'Amazonie. Il s'agit du tombeau du rabbin Shalom Imanuel Muyal, enterr? depuis 1910, et qui est arriv? ? la plus grande ville amazoniennes dix ans plus t?t, quelques 200 ans apr?s le d?but de la migration vers l'?trangers des juifs marocains.

Dans son livre "Mazagao, la ville qui traversa l'Atlantique: du Maroc ? l'Amazonie (1769-1783)", Laurent Vidal ?crit: "la forteresse portugaise de Mazagao, construite au c?ur des terres du Maroc, est abandonn?e en mars 1769 (...) ? peine ?vacu?s, les habitants de la forteresse sont envoy?s en Amazonie fonder une nouvelle Mazagao. Ce voyage sans retour pour le Nouveau Monde prend alors la forme d'une longue odyss?e".

L'histoire des Juifs du Br?sil remonte en fait ? une p?riode bien plus lointaine. Elle est en effet li?e aux voyages de Gaspar De Gama, un Juif de naissance, kidnapp? enfant, puis baptis? de force. Il accompagnait l'amiral Pedro Alvares Cabral, le c?l?bre navigateur portugais qui d?couvrit, en 1500, les terres d'un Nouveau Monde, le futur Br?sil dont il prit possession au nom du roi du Portugal.

C'est ainsi qu'il ouvrit la voie aux Juifs fuyant l'inquisition espagnole pour s'installer en tant que Conversos (Juifs convertis au christianisme) et d?velopper avec succ?s des plantations de cannes ? sucre en d?pit du harc?lement constant de l'inquisition br?silienne.

En 1624, la Hollande conquit une large partie du nord-est du Br?sil et les Juifs y vivent libres et sans contrainte, amor?ant une vague d'immigration, avant que la communaut? juive, qui s'enrichit gr?ce ? l'industrie de la canne ? sucre, ne puisse ?riger la premi?re synagogue Kahal Zur, ? Recife, devenue capitale de la colonie hollandaise.

En revanche, ? Sao Paulo, les juifs subissaient la pression de l'Inquisition. Les pers?cutions portugaises contre les Juifs s'intensifi?rent, poussant une partie de la communaut? ? s'enfuir vers l'int?rieur des terres br?siliennes, alors que le symbole de la communaut? juive, la synagogue Kahal Zur ferma ses portes.

Ce n'est qu'en 1773, qu'un d?cret royal mette fin ? la discrimination contre les Juifs, ouvrant la voie ? une vague importante d'immigrants juifs originaires du Maroc qui d?barqu?rent ? Bel?m, au nord du Br?sil, o? ils construisirent, en 1824, une synagogue baptis?e Porta da Ceu (Porte du Ciel) et une seconde ? Manaus, au bord de la rivi?re amazonienne.

Les Juifs marocains, descendants directs des communaut?s expuls?es d'Espagne par les Rois Catholiques, arrivent au Pernambouc, ? Bahia et surtout en Amazonie, o? ils s'installent autour de 1810.

Avec l''?conomie extractive pour principale activit? ?conomique, ces pionniers s'?tablissent d'abord ? Bel?m do Par? et, de l?, remontent le cours du rio Amazonas et de ses affluents et colonisent de nombreuses localit?s des Etats du Par? et de l'Amazonas, passant par Manaus et remontant jusqu'? Iquitos, au P?rou, o? existe encore ? ce jour une communaut? juive organis?e.

Ils s'enfoncent dans les for?ts, luttant contre les pr?jug?s, les difficult?s de langue et les maladies pour esp?rer voir leurs descendants poursuivre vers une vie meilleure et ?migrer vers les villes, une fois la fortune accomplie.

Des historiens estiment que l'existence d'une ligne maritime r?guli?re entre Tanger et Bel?m aurait facilit? les d?parts d'une population qui vient surtout de la r?gion du Nord du Maroc (Asila, T?touan, Tanger et Larache).

A Par?, la communaut? de Bel?m est jusqu'? nos jours particuli?rement active et attach?e aux traditions marocaines, parlant hak?tia et pr?servant leurs habitudes alimentaires.

Un centre y existe depuis 1918. Cr?? par des descendants des premiers juifs marocains, cette institution, qui comprend une ?cole, deux centres d'activit?s culturelles et sociales (soci?t? d'entraide) et deux synagogues, continue de f?d?rer les communaut?s du Par?. Force est de constater qu'actuellement leur int?gration ? la soci?t? br?silienne est incontestable.

Parmi les c?l?bres personnalit?s d'origines marocaines figurent Abraham Ramiro Bent?s, un g?n?ral de l'arm?e br?silienne, pr?sident de la communaut? juive marocaine et ?crivain, le d?put? Ruben Medina, r??lu six fois au Congresso Nacional depuis 1967 et pr?sident du parti Frente Liberal (PFL).

Une ?tude g?n?tique de l'Universit? F?d?rale du Minas Gerais avait r?v?l? que 16 % de la population d'Amazonie qui se d?clare blanche descend de Juifs, et reste tr?s attach?e aux principes du Juda?sme. Cette proportion est plus importante qu'? Sao Paulo, o? vivent 60 % des 120.000 Juifs br?siliens.

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