A Imilchil, une histoire d’amour qui se termine en lacs de larmes et accouche d’un Moussem

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Le chagrin d’Isli et Tislit se transforme par le miracle des fées de l’amour en grand-messe annuelle de paix, de joie et d’échanges

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Par Driss HACHIMI (MAP)

Imilchil _ Nichée au cœur des majestueuses montagnes du Haut-Atlas, la commune d’Imilchil (province de Midelt) vibre ces jours-ci au rythme de mariages collectifs aux nobles significations sociales, culturelles et spirituelles.

S’il y a une tradition bien ancrée depuis des lustres dans cette partie du territoire national, c’est bien celle des cérémonials de mariages collectifs qui ne cessent de conserver au fil des temps le cachet authentique de la région et de subjuguer par ce brassage dosé entre ambiance festive et joyeuse, richesse du patrimoine amazigh et magnificence des paysages montagneux.

Ce condensé kaléidoscopique fait de coutumes, traditions, couleurs, chants et danses, est devenu au fil des éditions, la marque de fabrique de cette région qui recèle un patrimoine socio-culturel exubérant, riche et diversifié.

Célébrée dans la joie et l’allégresse, cette manifestation sociale majeure trouve sa genèse dans une légende des plus émouvantes selon laquelle un jeune homme de la tribu d’Ait Brahim aurait succombé au charme d’une jeune femme d’Ait Yaaza, sauf que leurs tribus, en constante querelle, refusaient l’union sacrée des deux amants.

L’affliction du couple fut si profonde que leurs larmes, qui coulaient en torrents, donnèrent naissance à deux lacs cristallins. Le lac Isli et le lac Tislit jaillirent ainsi, témoignant d’un amour noble, sincère et éternel. Et pour remédier au mal infligé au couple et immortaliser cette histoire d’amour, les tribus, touchées par la tragédie, mirent un terme à leurs conflits et commencèrent à célébrer l’amour, la communion et la paix.

Le Festival du Moussem des fiançailles d’Imilchil fut créé pour encourager les couples à se marier en toute liberté, transformant ainsi le chagrin d’Isli et Tislit, par le miracle des fées de l’amour, en grand-messe annuelle de paix, de joie et d’échanges multiformes entre les tribus locales.

Pour Hssain Ouazni, président de l’Association Akhiam, organisatrice de cet évènement, le Moussem d’Imilchil s’assigne pour objectifs de promouvoir le patrimoine culturel immatériel de cette région du Royaume, de le sauvegarder et de le pérenniser, ainsi que de faire rayonner les traditions et les coutumes de la culture amazighe.

Le Moussem, a-t-il poursuivi, offre aussi une plateforme d’échanges commerciaux entre les tribus locales, et permet d’attirer un grand nombre de touristes marocains et étrangers avides d’explorer les traditions locales et d’assister aux festivités riches en musiques, danses populaires, fêtes et événements colorés.

Au programme figurent des soirées artistiques animées par des groupes folkloriques, une foire des produits de l’artisanat et de terroir au profit des coopératives locales, une compétition locale de psalmodie et de récitation du Saint Coran, ainsi qu’une course sur route de 15 km autour des deux lacs célèbres d’Isli et de Tislit, a fait savoir M. Ouazni.

Il en est de même pour Mohamed Ikken, chercheur en patrimoine culturel qui a relevé que la région d’Imilchil se drape de joie et d’enchantement durant le Moussem des fiançailles qui se veut une vitrine multiculturelle offrant un aperçu sur les aspects culturels et religieux caractérisant notamment la tribu d’Ait Hdiddou.

Le Moussem des fiançailles s’est offert, ces dernières années, un nouveau souffle avec le lancement du Festival des musiques des cimes ayant conféré davantage de rayonnement au patrimoine immatériel de la région et promu une dynamique touristique en attirant des flux de visiteurs marocains et étrangers, ajoute M. Ikken, également président de l’association d’amitié, d’échange culturel et touristique à Midelt.

Ce conclave à vocation économique et socio-culturelle fait de la région, souligne M. Ikken, un grand carrefour où commerçants, artisans, agriculteurs, éleveurs, coopératives et visiteurs lambda se côtoient pour des échanges commerciaux portant sur les domaines de l’artisanat, les produits du terroir, les produits agricoles, la vente de bétail…

Ce rendez-vous annuel qui vise à préserver l’authenticité de la civilisation marocaine dans ses dimensions amazighe et islamique, illustre éminemment l’identité ancestrale et plurielle, l’une des plus grandes richesses du Royaume, a-t-il conclu.

Placée sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, l’édition 2024 du Moussem des fiançailles et du Festival des musiques des cimes qui se tient du 19 au 21 septembre sous le thème "Notre patrimoine immatériel, locomotive du développement local", est organisée en coordination avec la préfecture de la province de Midelt et en partenariat avec les communes territoriales de Bouzmou et d’Imilchil.

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