''Tout ce que je sais sur les hommes c’est le football qui me l’a appris'' – Par Ahmed Charaï

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Des messages culturels, parfois à essence religieuse, il y en a eu. Mais il ne faut pas occulter les messages politiques.

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Garder la mesure – Par Ahmed CHARAÏ 

C’est l’une des rares fois que j’écris un éditorial en étant submergé par les émotions, les larmes aux yeux. La liesse, la fierté exprimées au Maroc et à l’étranger, ne peuvent laisser personne insensible.

Les résultats sportifs de l’équipe nationale au mondial du Qatar sont inédits !

Et ce n’est pas le fruit du hasard. Le Roi du Maroc a lui-même supervisé la construction de l’Académie de football qui porte son nom, et qui a fourni 4 joueurs à la sélection nationale présente au Qatar. Un travail de réorganisation des clubs permet à ceux-ci de dominer les compétitions africaines. Qatar 2022 est vécu comme la concrétisation de la vision Royale pour le sport en général et le football en particulier.

Cette réalisation de l’équipe nationale transcende largement les résultats de la compétition. L’Équipe du Maroc a aussi envoyé des messages.

Le premier c’est celui de l’importance de la solidarité dans la réussite collective. C’est un message reçu cinq sur cinq par l’ensemble des peuples de la planète, qui ont pris en sympathie les Lions de l’Atlas pour ce qu’ils dégagent. Les sociétés africaines y ont retrouvé leurs valeurs ancestrales, les autres y ont vu la nécessité de renforcer le vivre ensemble. L’humanité met en valeur ce qui constitue son fondement, au-delà des vicissitudes de l’histoire, la solidarité du genre humain.

La relation des joueurs avec leur famille a aussi alimenté le débat. La reconnaissance envers les parents, les liens affectifs au sein de la cellule de base, ont traversé toutes les sociétés et ce depuis la nuit des temps. La société post-moderne en divinisant l’individu, en l’opposant à son milieu, censé être un frein à son épanouissement, fait fausse route. La reconnaissance envers les parents conditionne la reconnaissance envers l’école, les institutions, la patrie.

La majorité des joueurs marocains sont nés en dehors du Maroc. Mais leur fibre patriotique n’en est pas affectée, sans toucher le moins du monde le sentiment d’appartenance aux pays d’accueil. Cette fibre est maintenue par les parents, mais aussi par les différentes politiques à l’adresse des Marocains de l’Étranger, non seulement en tant qu’agent économique mais aussi en tant que citoyens à part entière.

Des messages culturels, parfois à essence religieuse, il y en a eu. Mais il ne faut pas occulter les messages politiques.

Le Maroc plaide, depuis des décennies, pour une Afrique ambitieuse, qui compte d’abord sur ses propres forces et le Roi Mohammed VI à Abidjan en avait fait l’ADN de sa diplomatie royale. Si les Africains ont fait leur la réussite marocaine, s’ils l’ont fêtée comme il se doit, c’est parce qu’ils croient ferme en leur capacité à atteindre le leadership espéré par des millions de gens.

Le Maroc a aussi réussi un coup magistral par cette victoire. Les médias mondiaux parlent de ce Royaume, de sa culture, de son patriotisme ouvert. Mais au-delà, c'est l’idée que le Continent Africain n’est pas seulement, et objectivement, le plus grand réservoir de croissance, c’est surtout un partenaire fiable pour construire un monde meilleur pour tous.

Et justement, l’épopée des Marocains au Mondial a démontré que les chances de paix existent dans l’un des conflits les plus vieux et les plus complexes du monde, le conflit israélo-palestinien.

Les juifs marocains en Israël ont partagé la liesse des Palestiniens de Cisjordanie et Gaza. Le Maroc qui a toujours œuvré pour la Paix dans cette région est confirmé de façon magistrale dans cette position.

«Tout ce que je sais sur les hommes c’est le football qui me l’a appris», écrivait Albert Camus, Prix Nobel de littérature. L’épopée Marocaine a multiplié les symboles. Au-delà du résultat, ces symboles sont les plus importants et le resteront.

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