Aphorismes de Nouhad : Sans gravité, tout gravide accoucherait de vide. (1ère partie)

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Souvent, la cloche de la v?rit? est sonn?e, non par la frivolit?, mais par la gravit?, qui fait gravir, dans le temps, la r?alit?, afin de la graver, dans l??ternit?.

La gravit?,?dans sa vari?t?, sa richesse, sa floraison, celle du corps, du c?ur et de l?esprit,?ne se dissimule pas, elle se stimule, par contre, et se simule. Dans le sens originel du terme, qui est la force en action, c?est une ?nergie?au magist?re ennuyant mais enseignant, car elle n?accomplit son devoir -m?me dans le rire- qu?en saignant, ceux qui ne s?y plient pas.?La gravit? que suit le corps devrait ?tre suivie par celle du c?ur, de l??me et de l?esprit, par celle des pens?es, des paroles et des actions, par celle de toute la vie, sinon elle se viderait de tout son sang et son sens r?pandrait toute sa complexit? et rejetterait sa diversit?.

La gravit?, l?une des quatre forces de la nature, (en plus de la force ?lectromagn?tique qui rend compte des ?missions de lumi?re, de l?interaction faible responsable de certaines radioactivit?s, et de l?interaction forte garante de la coh?sion du noyau atomique), est une force qui agit entre tous les corps de l?Univers. Plus le corps est massif, plus il exerce d?attraction gravitationnelle sur les autres et plus il est proche, plus sa force de gravit? est sensible. Sans elle, on ne serait jamais attach? ni ? la terre, ni ? la r?alit?.?Mais la nature exacte de la force de gravit?, en physique, est une ?nigme, les scientifiques n?ayant jamais r?ussi ? identifier une particule qui relierait les corps entre eux et les attireraient les uns aux autres.

Le mot gravit? vient du latin?gravitas, qui signifie pesanteur, et effectivement, la gravit? a de ces poids?et de ces forces?!?Une attraction frustrante qui nous encha?ne et nous colle ? la surface de la m?re terre, nous obligeant ? l?humilit? de la petitesse et de la d?pendance?et nous prouvant notre impuissance ? atteindre les cieux, ou du moins, ? voler ??de nos propres ailes??.

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La gravit??(dans le deuxi?me sens), de par sa force, sa densit? et son intensit?, sa raideur et sa rigidit?, sa s?v?rit? et son aust?rit?, sa pond?ration et sa circonspection, d?clenche la septi?me conscience, l?enr?le et la perfectionne, cette conscience profonde et ind?pendante des informations sensorielles et de ce qu?elles communiquent, car les moments de gravit? sont les moments les plus intenses o? on se dirige d?abord vers soi pour se rechercher et se fouiller, c?est une ?nergie noble et solennelle, tourn?e vers la vie int?rieure avant que de l??tre vers le monde ext?rieur, o? elle se m?tamorphose, du reste, en lumi?re ?clatante mais non aveuglante, en lumi?re pleine de finesse et d?aisance, de d?cence et de prudence qui charment et ?meuvent, tous ceux qu?elle ?claire, les faisant graviter autour d?elle.

C?est une force lib?r?e et lib?ratrice qui devrait ?tre jalousement conserv?e et investie?pour ?clairer nos pr?jug?s et nos illusions, notre inconscience et notre irresponsabilit?, pour compl?ter la mission naturelle de la pesanteur du corps, pour contrebalancer l?apesanteur de nos t?tes ?cervel?es, pour compenser notre incroyance et notre inclairvoyance et pour neutraliser l?invariance et l?influence de l??tre humain.

Faire comme si la vie allait finir sur un acte ou sur une pens?e quelconque, ou comme si elle allait durer ?ternellement sur eux, nous rappelle certainement le th?me de l??ternel retour o??la gravit? est un vouloir in?branlable qui prolonge nos actions avec une fermet? r?solue.?Le mythe du retour ?ternel de?Nietzsche, m?me s?il s?oppose ? la lin?arit? du temps scientifique et religieux, pose plusieurs questions, entre autres, celle du d?sir vrai de l??tre, une question d?cisive m?me si elle para?t superflue et peu profonde?: voudrait-on vraiment refaire ce qu?on a fait?? Le r?p?terait-on r?ellement si on en avait le choix?? Combien de fois??

Au cas o? on en r?aliserait l??tendue, perp?trait-on les m?mes sc?narios, avec les m?mes sc?nes comiques, ironiques ou tragiques?? S??pargnerait-on les innombrables erreurs, d?ceptions, amertumes, ressentiments et regrets, d?lib?r?ment choisis, la premi?re fois???Ne choisirait-on pas de mani?re plus grave, plus m?re et plus s?re nos pr?sents et nos futurs???Rien de moins s?r !

Savoir que nos actes sont ineffa?ables, pourrait, le cas ?ch?ant, nous changer cat?goriquement?parce qu?on n?aurait cens?ment ni le courage d?assumer interminablement les cons?quences de ses actes,?ni la patience d?affronter ? nouveau ce qui a ?t?, si bon ou si f?cheux soit-il, car ? croire que ce qu?on a v?cu soit bon, cela veut dire qu?il serait suivi de regrets et de nostalgie, apr?s cessation. Ainsi,?le mouvement, l?action et la cadence impos?s par la gravit? seraient-ils capables de d?c?l?rer -? d?faut de les supprimer- les actes ? cons?quences funestes et d?sastreuses de nos vies?irr?fl?chies et tumultueuses.

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Car la gravit? de chaque instant v?cu pr?pare sa fixation, son immortalisation et son ?ternisation, puisqu?elle le marque inexorablement du sceau du temps et de la m?moire.?D?assumer la gravit? de son ?tre, ?quivaudrait ? r?fl?chir avec gravit?, ? parler avec gravit?, ? rire, ? ?crire, ? agir, ? vivre et ? mourir avec gravit?. Or, on ne meurt qu?avec gravit?, pourquoi ne vivrait-on pas pareillement alors,?dans le cadre d?un ?quilibre et d?une ?thique de l?existence ? Une mani?re de sanctifier nos choix et de purifier nos id?es et nos actions, de les peser et de les mesurer comme si elles ?taient les premi?res, ou les derni?res, ? exister puisque grav?es ? jamais dans l??difice de notre Histoire, dans le monument de notre Long?vit? et dans l??uvre de notre Destin?e.

Donner du lest aux parties les plus infimes de son infime vie, aux pi?tres fragments de sa pi?tre existence peut, en fait, transformer radicalement?; cela obligerait ? s?examiner, ? s?orienter et ? se r?orienter, inlassablement, t?che qu?on n?accepterait pas de bon c?ur puisqu?on devrait se mirer, ? chaque fois, non pour s?admirer, mais plut?t pour se remettre en question. Cela installerait, n?anmoins, une philosophie de l?autocorrection, une morale de la volont?, de la fid?lit? et de la loyaut?, et une gravit? dot?e d?acuit?, d?agilit? et de perspicacit?, dont les pouvoirs associ?s seraient capables d??vacuer de l??tre et de chasser de sa morne vie, tout le n?gatif, inconduite, incons?quence et inconsistance r?unies.

Soumettre son c?ur et son esprit, ? l?instar de son corps, aux lois sup?rieures de la gravit??voudrait dire que tous nos faits et gestes devraient r?pondre ? la conviction qu?ils sont attir?s et attirent, qu?ils sont aimant?s et aimantent, qu?ils sont engendr?s et engendrent, qu?ils ont accouch? et accoucheront, d?autres faits et gestes, ind?finiment.?Mais la gravit?, charg?e ici d?un sens existentiel, ne serait ni objective ni absolue, et de ce point de vue, plut?t multiple qu?une, plurielle que rare, populeuse que parcimonieuse, et partant, aussi fourmillante qu?abondante et aussi riche que complexe?car tous les moyens de la gravit? ne seraient alors ni bons ni efficaces, et toutes ses voies, ni disponibles ni possibles.

Ceci dit, la gravit? n?emp?che nullement la gaiet?, la distraction ou le divertissement m?me si elle suppose un degr? de solitude, de m?ditation et de recueillement, ? chaque fois, pour cong?dier toute versatilit?, instabilit? ou infid?lit?, toute pr?cipitation, d?sinvolture ou ind?licatesse.?Par cons?quent, la conscience de notre gravit? ne serait que le sentiment plein de notre responsabilit? et son usage complet. L?erreur ?tant une jeunesse dont le scrupule est l?enfance, et le remords,?la vieillesse, nos fautes ne p?riraient jamais si les regrets que nous ?prouvions, n??taient pas suivis d?actions lucides et graves pour les r?parer et les racheter.

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Aussi, faudrait-il se persuader, afin de se consacrer son enti?ret? et sa pl?nitude, que la vie n?est ni futile ni inutile, ni absurde ni ?ph?m?re, qu?on est responsable de ce qu?on en fait, et qu?? la fronti?re de la vie et de la mort, existe une autre science surhumaine ou surnaturelle, qu?on apprend inconsciemment, et ? laquelle il faudrait absolument s?appr?ter, celle de la vraie conscience et de la vraie gravit?.

Le proph?te, Paix et Salut sur lui, nous dirait?:???Les gens sont endormis, s?ils meurent, ils se r?veillent ?,?en l?occurrence pour ?tre assez conscients de la gravit? de l??v?nement lorsqu?ils seront interrog?s sur la gravit? de leurs responsabilit?s,?qui ne sont autres que des ?tourderies, des folies, des insouciances et des inconsciences, sources ind?niables -et surtout intarissables- de toutes nos mis?res et de tous nos malheurs?; le r?veil sera d?autant plus doux qu?on y sera plus pr?par?, pour rendre compte de l??tendue et de la totalit? de nos gravit?s?: celle du sentiment, de la pens?e, de la parole et de l?action, celle de la vie et de la mort.

Souvent, la cloche de la v?rit? est sonn?e, non par la frivolit?, mais par la gravit?, qui fait gravir, dans le temps, la r?alit?, afin de la graver, dans l??ternit?.?Il n?est cependant pas de gravit? sans vacuit? car on a besoin de vase o? mettre les id?es glan?es et pes?es, afin d?en faire des offrandes, le moment venu.?Une personne grave et pos?e est une personne pos?e ? sa place, dans le puzzle de l?existence. Aussi agit-elle avec r?serve, grandeur et sagesse, dignit? et majest?, imposant le respect et la d?f?rence sans ?tre ni lourde ni pesante, ni sombre ni lugubre, ni compass?e ni pr?somptueuse car?elle?r?pond, naturellement, aux lois de la gravit? morale et non uniquement ? celles de la gravit? physique.

Tout le m?rite de la gravit? revient alors ? l??tre grave, rassis et impavide, car s?il subit, sans grand m?rite, la loi de la pesanteur physique, il choisit, volontairement et s?rieusement, de suivre celle de la pesanteur morale et spirituelle, ou plut?t d??chapper, consciencieusement et scrupuleusement, ? celle de l?apesanteur mentale et intellectuelle.

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