Sir John Falstaff

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taiib-sdiki *Professeur universitaire, Abdejlil Lahjomri est secr?taire perp?tuel de l?Acad?mie du Royaume Il ne s?agit pas du personnage des pi?ces de Shakespeare. ?Il s?agit du d?funt Tayyeb Seddiki. C?est ainsi que l?avait surnomm? Zaghloul Morsy quand ils devinrent amis dans les ann?es 60 du si?cle dernier et qu?avec Abdellah Stouky, un autre ma?tre es langue fran?aise, ils form?rent un trio m?morable. ?L?aventure de cette amiti? est cont?e dans le roman de Z. Morsy ??Ishmael ou l?exil??. ?Roman d?une densit? remarquable mais roman qui n?eut aucun succ?s, ni au Maroc, ni en France, ni ailleurs. ?La post?rit? est capricieuse. ?Elle s?empare de r?cits m?diocres et d?daigne d?autres qui sont des chefs d??uvres. ?Les analystes se sont peu pench?s sur ce paradoxe de la cr?ation litt?raire. ?Je voulais faire ?une chronique comme ?loge fun?bre ? mon ami Si Tayyeb. ?S?est impos? ? moi le portrait qu?a fait de lui Zaghloul dans son roman et qui mieux que ce que je pouvais ?crire immortalise une personne devenue un personnage dans la vie mais aussi un personnage de roman. ?Je le propose au jugement et ? la sagacit? des lecteurs. ?Le lecteur averti, lui, sait que ce texte est ?crit par l?auteur ami de l?homme de th??tre, avec beaucoup de tendresse et d?amertume, le trio ayant vol? en ?clats apr?s moult p?rip?ties dont la plus expressive et significative est celle qui offre la mati?re m?me de l??uvre de l??crivain ?loign?, depuis cette publication, silencieux dans son exil. Zaghloul Morsy ?crit?: ??Ah?mad Qas?ri ?tait l?homme orchestre du th??tre au Maroc qu?il avait sillonn? avec des troupes ?tiques du temps o? il croyait mordicus au th??tre populaire, connaissant des fortunes diverses, ayant c?toy? ce qui compte et ne compte pas au pays, depuis les pontes du Palais ? avec aux l?vres un sourire qui n??tait ni flagorneur ni qu?mandeur ? jusqu?aux petites gens des douars les plus recul?s, qu?il ameutait ? ses spectacles, ? l?occasion ? l?aide de crieurs publics pour, disait-il, ??leur faire prendre conscience d?un g?nie dramatique qu?il poss?daient tous, mais dont ils ignoraient qu?il ?tait un art??. ?Gamin, il avait tournicot? autour de Welles sur les remparts d?Essaouira quand il tournait Othello. ?Il pr?tendait y avoir fait de la figuration et avoir re?u pour cachet un pain au chocolat. ?Il garda de l?acteur un souvenir inoubliable, la vocation et le sens du jeu et certain mim?tisme dans le port et la diction, peut-?tre m?me le teint chocolat? et un certain embonpoint. ?Quand il se laissa pousser la barbe et la tailla ? la mormone, l?ann?e o? ils se connurent, Husseyn le surnomma Sir John Falstaff. Qas?ri fut doublement flatt? et combl? d??tre ??cousin頻 ? Shakespeare et ? Welles. ?Sa carri?re avait connu des hauts et des bas?; parfois il dilapidait des sommes consid?rables en quelques jours?; plus souvent il tirait le diable par la queue et lorgnait vers les largesses du Palais. ?Jean Vilar au TNP et plus tard Jack Lang au festival de Nancy lui avait mis le pied ? l??trier europ?en. ?Son art naviguait entre l?audace formelle, l?outrance baroque et le cabotinage, tout comme Sir John. ?D?instinct, il savait jusqu?o? ne pas aller trop loin?; d?instinct, il avait d?velopp? un don foudroyant de la r?partie?; la foudre faisait parfois long feu??. Que l??me d?Ah?mad Qas?ri, Sir John Falstaff, alias Tayyed Seddiki demeure en paix, dans l??ternit? des ???crits qui restent??. Scripta manent.

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