Dépensant un milliard de dollars par an en importations de blé, l’Ethiopie en quête de l’autosuffisance alimentaire

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Le barrage En-Nahda en amont du Nil, objet d’un litige avec l’Egypte, est la clé de voute de la transformation agricole de l’Éthiopie

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Addis-Abeba - En quête de l’autosuffisance alimentaire, l’Éthiopie s’est engagée, ces dernières années, dans une véritable transformation du secteur agricole en faisant de la production du blé l’un des piliers fondamentaux de cette politique.

Pour réaliser cet objectif ambitieux, l’Ethiopie s’est investie dans le développement de l’agriculture irriguée, l’utilisation de variétés de semences améliorées et l’adoption de techniques agricoles modernes ce qui a permis à ce pays de l’Afrique de l’est de passer d’un importateur de blé à un producteur autosuffisant.

Le barrage de la Renaissance (An-Nahda en arabe, ou GERD – Grand Ethiopian) est dans cette politique une infrastructure stratégique mais hautement controversée qui oppose l'Éthiopie, l'Égypte, qui craint un asséchement du débit en amont du Nil, et dans une moindre mesure, le Soudan. Il symbolise à la fois un espoir de développement pour l'Éthiopie et une menace existentielle pour l'Égypte.

Selon les chiffres du gouvernement, l’Éthiopie qui dépensait près d’un milliard de dollars par an en importations de blé pour répondre à la demande intérieure, a réussi depuis la récolte 2020/21 à assurer son autosuffisance.

Durant la saison 2022/23, l’Éthiopie a produit 15,1 millions de tonnes de blé dont 4,7 millions de tonnes provenant de l’irrigation en saison sèche, alors que durant la saison 2023/24, la production est passée à 23 millions de tonnes de blé dont 10,7 millions de tonnes cultivées grâce à des initiatives de blé irrigué.

Ces résultats s’expliquent, selon le gouvernement, par les mesures prises pour maximiser la production agricole à travers notamment le développement de l’agriculture basée sur l’irrigation en mettant en place des systèmes et des technologies d’irrigation pour réduire la dépendance à l’égard des précipitations imprévisibles.

Il s’agit aussi de la promotion d’une agriculture résiliente au climat, en encourageant des pratiques agricoles durables pour atténuer les effets du changement climatique, outre le recours à la mécanisation agricole.

Le pays a, par ailleurs, introduit une nouvelle politique de développement agricole et rural, et révisé la loi sur l’utilisation des terres rurales pour soutenir les pratiques agricoles contemporaines.

L’Ethiopie a en outre révisé la réglementation sur les semences en mettant à jour le cadre réglementaire de l’approvisionnement et de la distribution des semences afin d’accroître la participation du secteur privé.

Intervenant lors du 38ème sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, tenu récemment au siège de l’Organisation panafricaine à Addis-Abeba, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a affirmé qu’au cours des cinq dernières années, l’Ethiopie a doublé ses terres cultivées.

“Ces efforts ont permis de renforcer la sécurité alimentaire et de stimuler le développement rural”, a-t-il dit, faisant savoir qu’”aujourd’hui, l’Éthiopie est le plus grand producteur de blé d’Afrique”.

A travers ces différentes initiatives, l’Éthiopie affiche l’ambition de se libérer de la dépendance dans le domaine agricole et de promouvoir le développement durable. 

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