Ouverture d’une enquête au Sénégal suite au Rapport de la Cour des comptes qualifié ‘’d’inquiétant’’ par le Premier ministre

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Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko (à droite) s'entretient avec le ministre des Relations avec les institutions, Abass Fall, lors d'une séance plénière à l'Assemblée nationale, à Dakar, le 21 février 2025 ». (Photo SEYLLOU / AFP)

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Dakar – Le gouvernement sénégalais a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités relatives aux graves irrégularités relevées par la Cour des comptes dans la gestion des finances publiques du pays.

"Il est important de dire que la justice sera saisie, des enquêtes seront ouvertes, et on s’évertuera à établir l’ampleur du mal dont on est saisi, à éclaircir ces violations des règles budgétaires et surtout cette dynamique de dissipation de nos deniers publics", a déclaré vendredi le ministre de la justice, Ousmane Diagne, à l’Assemblée nationale.

"On veillera à faire des investigations qui auront pour finalité non seulement de les établir de façon irréfutable au moyen de preuves intangibles, mais aussi de mettre en cause et de poursuivre toute personne qui aura eu à commettre un quelconque acte de nature à favoriser cette entreprise criminelle", a-t-il souligné tout en insistant sur la nécessité de récupérer les fonds détournés.

M. Diagne a indiqué que le gouvernement envisage de "mettre en branle des systèmes de règlement tels que la médiation pénale qu’il va falloir améliorer, mais encore une fois, je pense que l’action de la justice serait quelque peu vaine, si véritablement on ne parvient pas d’une façon ou d’une autre à récupérer ces importants montants qui ont été dissipés et dont le pays a le plus grand besoin", a poursuivi le Garde des Sceaux.`

Un rapport "particulièrement inquiétant" selon Ousmane Sonko

Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a qualifié vendredi de "particulièrement catastrophique et inquiétant" le rapport sur la gestion des finances publiques du pays entre 2019 et 2024, sous l'ex-président Macky Sall, appelant les citoyens sénégalais "à un vrai sursaut".

"La vérité finit toujours par rattraper le mensonge. Ce qui ressort de ce rapport est particulièrement catastrophique et inquiétant et nécessite de la part de nous, citoyens sénégalais, un vrai sursaut", a-t-il lancé, lors d'une séance de questions d'actualité à l'Assemblée nationale.

"L'exploitation du rapport a permis de relever des manquements graves qui pourraient revêtir diverses qualifications pénales", dont des "faux en écriture, détournements de deniers publics, blanchiment d'argent et enrichissement illicite", avait précisé à la presse le ministre de la Justice, Ousmane Diagne.

Ces faits pourraient, selon lui, impliquer notamment d'anciens ministres et des directeurs généraux.

La Cour des comptes, une institution de contrôle indépendante, a souligné dans son rapport que les faits relatés sont "présumés constitutifs de fautes de gestion, de gestions de fait ou d'infractions à caractère pénal".

L'encours de la dette représente 99,67% du PIB, un taux "supérieur" au montant annoncé par le précédent régime, selon le rapport.

Le déficit budgétaire "recalculé" par la Cour pour l'année 2023 est par exemple de 12,3% contre les 4,9% annoncés.

La Cour a également pointé "une dette bancaire importante contractée hors circuit budgétaire" et "non retracée dans les comptes de l'Etat".

En réponse à une question d'un député de l'opposition, le Premier ministre a lancé dans l'hémicycle: "Ce que vous avez fait est un crime et vous êtes tous impliqués. Vous rendrez tous compte".

"On n'est pas là pour pleurnicher ou s'apitoyer sur notre sort", a-t-il également lancé, alors qu'il a été plusieurs fois interpellé par les députés sur les solutions à la situation économique actuelle du pays.

"Nous ne sommes pas dans l'austérité, nous ne voulons pas que le pays s'arrête malgré la situation", a-t-il ajouté.

Il a annoncé des mesures de "rationalisation", et un audit d'ici la fin du mois d'avril de "l'effectif réel dans la fonction publique".

Concernant les dépenses de l'Etat, "l'accent sera mis sur la centralisation de certains achats", a-t-il affirmé. "Elle concernera les véhicules administratifs et le carburant, les titres de transport, le mobilier et matériel de bureau, le matériel informatique etc...".

Le rapport de la Cour des comptes a été publié après que le régime du président Sall (2012-2024) a été accusé fin septembre par Ousmane Sonko d'avoir falsifié les chiffres des finances publiques. (Quid avec AFP et MAP)

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