Le 17ème Salon international de l'Agriculture au Maroc (SIAM), placé sous le thème "Agriculture et monde rural : l'eau au cœur du développement durable", a réuni à Meknès des experts du monde entier autour des solutions à mettre en œuvre pour répondre aux défis climatiques. L'innovation, la gouvernance et la coopération internationale y apparaissent comme des leviers majeurs.

Baraka : l'innovation comme socle d’une résilience systémique

À l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau tenue en marge du SIAM 2025 à Meknès, Nizar Baraka a souligné que l’innovation devait devenir le mot d’ordre pour bâtir un avenir résilient et durable. « L’innovation doit être le mot d’ordre pour l’avenir, afin de bâtir ensemble, chacun dans son domaine, un avenir résilient et durable pour nos systèmes liés à l’eau, à l’énergie et à l’alimentation », a-t-il déclaré, tout en mettant l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération internationale et régionale pour favoriser le transfert de technologies et les bonnes pratiques.

Baraka a appelé à une adaptation profonde des systèmes agricoles marocains face aux effets du changement climatique, en particulier la sécheresse récurrente qui touche le Royaume. Il a plaidé pour la création de filières agricoles à haute valeur ajoutée, misant sur des cultures adaptées, une valorisation optimale des ressources hydriques et des techniques économes en eau.

Il a aussi insisté sur l’importance d’un financement adéquat pour la réalisation de projets agricoles résilients, estimant que ce financement ne saurait être uniquement public. Il a préconisé un « éventail de solutions financières complémentaires », citant en exemple des projets financés collectivement à l’échelle territoriale.

Le ministre a également défendu une implication forte du secteur privé dans le financement des projets liés à l’eau et à l’agriculture, en raison de sa capacité à mobiliser rapidement les investissements nécessaires. Il a mis en avant les réalisations notables du Royaume dans le domaine du dessalement, citant les stations de Casablanca-Settat, Agadir et Dakhla.

Mobiliser l’eau : un enjeu stratégique de la stratégie Génération Green

Ahmed El Bouari, ministre de l’agriculture a rappelé l’importance cruciale de la mobilisation de l’eau et de l’efficience de l’irrigation dans le cadre de la stratégie "Génération Green 2020-2030". L’approvisionnement sécurisé en eau d’irrigation est perçu comme un levier essentiel pour renforcer la résilience climatique, garantir la stabilité du marché intérieur et préserver la compétitivité du Maroc à l’international.

Parmi les projets en cours figurent la modernisation des réseaux d’irrigation et l’extension de l’irrigation localisée, avec l’objectif de porter la superficie irriguée par goutte-à-goutte de 54 % à plus de 70 % d’ici 2030. À cela s’ajoutent la construction de nouveaux barrages dans les zones à forte pluviométrie et l’interconnexion des bassins hydrauliques pour assurer un transfert d’eau stratégique depuis le bassin du Sebou et les bassins du nord vers ceux de Bouregreg, Oum Er-Rbia et Tensift.

Des experts alertent sur les urgences climatiques

Le panel intitulé "Eau-Agriculture : une alliance pour réduire la vulnérabilité au changement climatique" a mis en lumière le rôle stratégique de la technologie et de la bonne gouvernance. Dr. Li Lifeng (FAO) a insisté sur l’utilisation de la télédétection pour guider les pratiques d’irrigation et sur le besoin impératif d’augmenter les ressources en eau douce de 25% d’ici 2050.

Le directeur d’Agro Concept, Hassan Benabderrazik, a rappelé l’importance de l’agriculture pour la croissance marocaine, mais aussi les dangers que font peser la surexploitation des aquifères et les périodes prolongées de sécheresse.

Des solutions adaptées aux contextes locaux

Dr. Charles Wight (Water Witness International) a souligné que sans gouvernance solide, l’efficacité de l’irrigation ne suffit pas à rétablir les équilibres hydriques. Il a préconisé des modèles adaptés comme les "Fair Water Footprints", impliquant toute la chaîne de production.

Abdelaziz Zerouali (Ministère de l’Équipement) a évoqué les baisses des niveaux des barrages et défendu le recours accéléré au dessalement de l'eau de mer et à la gestion intégrée des ressources.

Zakaria El Yacoubi (Ministère de l'Agriculture) a identifié plusieurs axes prioritaires : autosuffisance alimentaire, emplois, exportations, et cultures à haute valeur ajoutée.

Dessalement, innovations et projets ambitieux

Hassan Lamrani a recommandé une révision profonde des systèmes d'irrigation, avec le dessalement en appui, et Abdelaziz Boughriba a décrit les innovations technologiques qui rendent le dessalement plus accessible, notamment via les énergies renouvelables.

Dans ce contexte, Ahmed El Bouari a annoncé un programme d’irrigation ambitieux prévu pour l’été prochain, élaboré en coordination avec le ministère de l’Équipement. Il vise à soutenir le cheptel et renforcer la stratégie "Génération Green 2020-2030".

Conventions, coopération et leadership marocain

Deux conventions ont été signées : l’une pour la gestion participative de la nappe de Fès-Meknès, l’autre pour la coordination entre agriculture, climat et météorologie. Ces accords reflètent une volonté d'intégration des données et d'actions collectives.

Le SIAM a aussi été l’occasion d’un dialogue avec la Palestine, représentée par Rizq Salimia, autour de projets conjoints et de partage d’expériences. Le ministre italien Francesco Lollobrigida a salué le leadership du Maroc sur la gestion de l'eau et la coopération euro-méditerranéenne.

Enfin, Loïc Fauchon (Conseil mondial de l'eau) a souligné les avancées du Maroc en dessalement, en particulier la station de Dakhla, et proposé la création d’un centre mondial de l’eau non conventionnelle au Maroc.

Le 17ème Salon international de l'Agriculture au Maroc (SIAM), placé sous le thème "Agriculture et monde rural : l'eau au cœur du développement durable", a réuni à Meknès des experts du monde entier autour des solutions à mettre en œuvre pour répondre aux défis climatiques. L'innovation, la gouvernance et la coopération internationale y apparaissent comme des leviers majeurs.`