National
OCP Green Water : 6 milliards de dirhams pour bâtir la résilience hydrique du Maroc

L’opération de financement, inédite par son ampleur, soutiendra un programme ambitieux de dessalement avec un objectif fixé à 600 millions de m³ d’eau non conventionnelle produite par an d’ici quatre ans
À l’occasion du SIAM 2025, la filiale du groupe OCP dédiée à l’eau non conventionnelle a révélé une levée de fonds majeure de 6 MMDH, destinée à propulser le dessalement au cœur de la sécurité hydrique nationale. Experts publics et privés y voient un modèle de financement durable et stratégique pour l’agriculture irriguée.
Un financement structurant pour l’eau de demain
Meknès – Lors d’un panel organisé en marge du 17e Salon international de l’Agriculture au Maroc (SIAM), Ahmed Znibar, directeur général de OCP Green Water (OGW), a annoncé que la récente levée de fonds de 6 milliards de dirhams, structurée et placée par CDG Capital, vise directement à renforcer la résilience hydrique du Royaume.
Cette opération de financement, inédite par son ampleur, soutiendra un programme ambitieux de dessalement avec un objectif fixé à 600 millions de m³ d’eau non conventionnelle produite par an d’ici quatre ans. "Ce défi technique et logistique répond à l’urgence de sécuriser l’approvisionnement en eau pour l’agriculture et l’industrie", a souligné M. Znibar.
Partenariats public-privé et innovation financière
Meryem Laraichi, directrice du pôle Développement à CDG Capital, a expliqué que ce type de projet repose sur un montage en partenariat public-privé (PPP) avec un fort recours à la dette (entre 70 % et 80 % du financement). Elle a insisté sur l'importance des contrats d’achat sécurisés à prix et volume garantis, qui atténuent les risques commerciaux, tout en attirant la confiance des investisseurs grâce à l’usage de technologies éprouvées et à l’implication d’opérateurs reconnus.
Mme Laraichi a également mis en lumière le rôle stratégique du marché financier national, qui permet d'éviter les aléas liés aux devises étrangères tout en mobilisant efficacement l’épargne longue. La titrisation et les taux d’intérêt bas contribuent à renforcer l’attractivité de ces projets hydriques structurants.
Un exemple concret à Souss-Massa
llustrant l’impact concret de ces initiatives, Nouredine Kessa, directeur de l’Office régional de mise en valeur agricole de Souss Massa (ORMVASM), a présenté le projet de dessalement dans sa région, d’une capacité de 80 millions de m³ par an. Ce dispositif, essentiel pour l’agriculture intensive — notamment les cultures sous serre — couvre aujourd’hui 18.000 hectares irrigués.
Pour garantir la pérennité de ce modèle, M. Kessa a plaidé pour une gouvernance rigoureuse et un encadrement réglementaire adapté, afin de concilier impératifs économiques et enjeux environnementaux. "Cette réussite démontre comment une structuration financière solide peut répondre aux défis climatiques tout en dynamisant l’économie locale", a-t-il affirmé.
Le SIAM 2025 réunit 1.500 exposants venus de 70 pays sous le thème "Agriculture et monde rural : l’eau au cœur du développement durable". Véritable laboratoire d’idées et d’initiatives, ce salon met en lumière les efforts déployés pour une agriculture plus résiliente, sobre en ressources et ancrée dans une logique de souveraineté hydrique et alimentaire.