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L’impasse du Cinéma National vue par le CNPF
« Appel à tous les professionnels à une réelle et honnête solidarité pour sauver ce qui peut encore l’être » encore du cinéma marocain
La chambre nationale des producteurs de films (CNPF) a dressé un bilan peu reluisant de la production cinématographique au Maroc. Après avoir étudié une pétition qui a circulé dernièrement dans les milieux du cinéma, la CNPF a abouti à la conclusion que ladite pétition comporte un quiproquo et un paralogisme évidents qu’il faut lever pour « remettre les pendules à l’heure et « rendre à César ce qui lui appartient ». Elle tend globalement à dédouaner et disculper l’actuel directeur du CCM de tous les maux dont souffre aujourd’hui le cinéma national en faisant endosser l’entière responsabilité à monsieur le Ministre de la Culture et de la Communication, selon un communiqué de la chambre.
« Nous estimons, en toute rationalité et honnêteté, indique la CNPF, que la responsabilité de la régression du cinéma national et la détérioration des conditions du travail dans le secteur incombent entièrement au directeur CCM, unique gestionnaire et ordonnateur du centre et des fonds et budgets qui en dépendent, et le ministre de tutelle ne fait que superviser les orientations de la politique nationale dans le domaine du cinéma et le contrôle de son exécution à travers le Conseil d’Administration qu’il préside deux fois par an. C’est bien la politique du directeur, assure-t-elle, qui a conduit le cinéma national à l’état de crise avancée qui l’asphyxie aujourd’hui. Cette politique peut être résumée comme suit :
1 . Depuis sa nomination, il y a plus de quatre ans, le directeur a totalement négligé les intérêts du cinéma national, se concentrant sur deux préoccupations essentielles : parcourir le monde pour se pavaner dans les festivals de cinéma, et le tournage de films étrangers au Maroc pour faire travailler ses propres sociétés de prestation de services.
2 . L’exclusion des professionnels par la marginalisation de leurs organisations, en nette contradiction avec la réglementation en vigueur qui stipule une gestion basée sur une démocratie participative, en conformité avec la constitution du pays et la pratique des directeurs précédents. Ce comportement a fini par créer un climat malsain dans les milieux professionnels, caractérisé par la suspicion, les clivages et une politique basée sur le clientélisme, le favoritisme et les relations personnelles. Ainsi, toutes les commissions du CCM, censées être constituées de représentants des organismes professionnels, sont devenues, subitement et illégalement, constituées de personnes nommées intuitu personae !
3 . L’institution d’une politique de « deux poids deux mesures » par l’instauration d’une « black liste » excluant une bonne partie des professionnels du bénéfice du fonds d’aide, de la participation aux festivals nationaux et internationaux…
4 . L’application de la fameuse politique « diviser pour régner » qui consiste à faire chanter les producteurs de la CNPF pour qu’ils la quittent et rejoindre sa propre chambre, la CMPF, en contrepartie d’avantages personnels.
5 . L’institution, sans aucune consultation des organismes professionnels, d’une sélection injustifiée pour la participation au FNF, dans le seul but d’éliminer des films de réalisateurs/producteurs « opposants », surtout les membres de la Chambre Nationale des Producteurs de Films.
6 . Le dernier épisode de cette politique a consisté en l’improvisation d’une « demi-journée » nationale du cinéma pour amener des gens à boire un thé et écouter un discours grandiloquent vide de sens autour de la production étrangère au Maroc ! Ce qui contribue assurément à folkloriser le cinéma national et le rabaisser par rapport à la prestation de services pour les tournages de films étrangers au Maroc. Et nous savons bien que cette politique n’est menée par le Directeur du CCM que pour favoriser ses propres sociétés de prestation de services !
Voilà pourquoi nous avons jugé important de rectifier le tir et éclairer l’opinion publique quant à la réalité de la crise actuelle que traverse le cinéma national.
En sollicitant les cinéastes membres de la CNPF à rejoindre les signataires de la dite pétition, il aurait fallu une concertation entre les deux chambres de producteurs, ainsi que les autres organismes, pour que cette pétition ne soit pas limitée seulement aux retards des paiements des tranches du Fonds d’Aide mais étendue aussi à la gestion boiteuse et anti-démocratique du CCM, ainsi que la non consultation des organismes professionnels pour éviter les déboires actuels du cinéma national. Le président de la CNPF a, à maintes reprises, soulevé ce point lors des Conseils d’Administration du CCM, mais sans aucun retour.
Nous rappelons également cette convention signée entre les deux chambres des producteurs en date du 28 Février 2017 qui stipule entre autres de : créer un dialogue avec les composantes de l’industrie cinématographique, exprimer notre point de vue quant à la nomination des commissions du fonds d’aide, des festivals nationaux, de l’octroi des agréments et de la Carte d’Identité Professionnelle…
Aussi, nous appelons tous les professionnels à une réelle et honnête solidarité pour sauver ce qui peut encore l’être ; comme nous prions Monsieur le Ministre de la Culture et de la Communication, et l’ensemble du gouvernement, à prendre les mesures qui s’imposent pour réorganiser d’urgence ce secteur culturel sensible afin d’éviter sa dérive à cause de la politique irresponsable de l’actuel directeur du CCM.
Le Bureau Exécutif de la CNPF