Venezuela: arrestation de trois Américains, deux Espagnols et un Tchèque accusés de complot

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Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez (G) rencontre le candidat de l'opposition vénézuélienne Edmundo Gonzalez Urrutia (C) et sa fille Carolina à La Moncloa à Madrid. Edmundo Gonzalez, ne s'est pas exprimé depuis qu'il est arrivé à Madrid où il a obtenu l’asile politique (AFP)

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Les autorités vénézuéliennes ont arrêté trois Américains, deux Espagnols et un Tchèque, accusés d'être liés à un complot présumé visant à "déstabiliser" le pays, a annoncé samedi Caracas, en faisant état de la saisie de quelque 400 fusils en provenance des États-Unis.

Washington, dont les relations avec Caracas sont exécrables, a aussitôt démenti toute "implication" américaine dans un "complot" visant à "renverser" le président Nicolas Maduro.

Tout comme l'Espagne qui "nie et rejette catégoriquement" les accusations des autorités vénézuéliennes affirmant qu'elle serait "impliquée dans une opération de déstabilisation politique".

Le ministre vénézuélien de l'Intérieur Diosdado Cabello a évoqué lors d'une conférence de presse un plan présumé destiné à "générer de la violence" et à "déstabiliser" le pays.

Selon lui, le président Maduro, dont la réélection le 28 juillet est contestée par l'opposition et les capitales occidentales, était la cible de ce plan présumé, en même temps que d'autres responsables de l'exécutif.

"Deux citoyens espagnols ont été récemment arrêtés à Puerto Ayacucho (sud)", a indiqué M. Cabello, ajoutant qu'un "citoyen américain" était également sous les verrous. Il a par la suite fait état de l'arrestation de deux autres Américains, ainsi que d'un Tchèque.

M. Cabello a établi un lien entre le plan présumé et les services de renseignement espagnol et américain, ainsi que la dirigeante de l'opposition Maria Corina Machado.

"Mercenaires français" 

"Ils ont contacté des mercenaires français, (...) des mercenaires d'Europe de l'Est et ils sont en train de mener une opération pour tenter d'attaquer notre pays", a-t-il affirmé, ajoutant que les détenus étaient en train de passer aux aveux.

Les plus de 400 fusils saisis étaient destinés "à des actes terroristes ici au Venezuela, un terrorisme encouragé par des secteurs politiques", a-t-il affirmé, assurant: "Nous savons même que le gouvernement américain est lié à cette opération".

La diplomatie américaine a répondu samedi soir, par la voix d'un porte-parole du département d'Etat, avoir été informé de la "détention" par Caracas d'un "militaire américain" et a évoqué des "informations non confirmées sur la détention de deux autres ressortissants américains".

Mais "prétendre qu'il y aurait une implication des Etats-Unis dans un complot pour renverser Maduro est catégoriquement faux. Les Etats-Unis continuent de soutenir une solution démocratique à la crise politique au Venezuela", a écrit dans un courriel ce porte-parole.

Le gouvernement espagnol a par ailleurs "confirmé" que les deux Espagnols détenus ne faisaient pas partie de ses services de renseignement, le CNI, ou d'un "quelconque autre organisme public", selon une source au ministère espagnol des Affaires étrangères. Madrid "défend une solution démocratique et pacifique au Venezuela", a ajouté la source.

"Dictature" 

Ces arrestations interviennent dans un contexte de tensions accrues entre le Venezuela et les États-Unis, ainsi qu'avec l'Espagne, au sujet de l'élection contestée du président Maduro.

Les relations diplomatiques avec l'Espagne se sont nettement détériorées depuis jeudi et des déclarations de la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, qui a qualifié le Venezuela de "dictature".

Ces propos ont coïncidé avec la réception par le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez du candidat de l'opposition vénézuélienne Edmundo Gonzalez Urrutia, arrivé en Espagne dimanche après avoir fui son pays, où il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt.

L'Espagne, comme l'ensemble des autres Etats membres de l'Union européenne, réclame la publication complète des procès-verbaux émis par les bureaux de vote à l'issue de la présidentielle, ce que les autorités vénézuéliennes n'ont pas fait, disant avoir été victimes d'un piratage informatique.

Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé M. Maduro vainqueur du scrutin, avec 52% des voix. Mais l'opposition dit que des procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, qu'Edmundo Gonzalez Urrutia aurait obtenu plus de 60% des suffrages.

Les mouvements de protestation consécutifs à la proclamation du résultat du scrutin ont fait 27 morts et 192 blessés dans le pays, tandis que quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.

Faute de données complètes, les pays de l'UE se sont refusés jusqu'à présent à reconnaître un vainqueur de la présidentielle.

Ce n'est pas le cas des Etats-Unis, qui ont décidé de reconnaître M. Gonzalez Urrutia en tant que président et annoncé jeudi des sanctions à l'encontre de seize proches de M. Maduro pour "entrave" au déroulement de l'élection. Caracas a immédiatement rejeté "avec la plus grande fermeté" ces mesures. (Quid avec AFP)