Le frère du frère du président

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Si le dirham marocain, et accessoirement le dinar tunisien, se portent mieux que le dinar algérien c’est parce qu’en plus du tourisme et de la drogue, c’est le terrorisme qui contribue à l’alimentation du Maroc en devises et participe fortement à la bonne santé de la monnaie nationale.

Dans cette logique, le terroriste qui débarque au Maroc pour y perpétrer des attentats est comme un touriste, mais en mieux. C’est du moins ce qu’assure Chakib Khelil.

Remarquez, ce n’est pas idiot ce qu’il dit. Déjà phonétiquement et graphiquement un terroriste ça sonne presque comme un touriste, mais en mieux. Dans touriste il n’y a que huit lettres tandis que dans terroriste on compte dix : deux T, deux E, trois R, un I et un S.  

C’est qui Chakib Khelil ? C’est un Algérien même si son prénom et son patronyme ne font pas très algérien, mais c’est un Algérien mieux qu’un Algérien. C’est le frère du frère du président algérien.

Patience. Chakib Khalil est né à Oujda en 1939, deux ans après l’actuel président algérien Abdelaziz Bouteflika. Son père y est venu de Tlemcen, ville dont se réclame l’actuel président. Dix neuf ans plus tard nait à Oujda Saïd Bouteflika qui, comme son nom l’indique, est le frère de Abdelaziz et proviennent du même père.

Reste comment dans cette fratrie s’est glissé Chakib Khelil. Je l’avoue, je n’en sais rien. En Algérie, c’est apparemment un sujet tabou. Mais faite une recherche dans Google avec comme mot d’entrée Saïd Bouteflika, on vous dira qu’il est le frère de Chakib Khelil, faites-en une autre avec Chakib Khelil, on vous dira qu’il est le frère de Saïd Bouteflika. Peut-être demi-frère, certainement par la mère.

Chakib, on va l’appeler par son prénom maintenant qu’on est un peu plus familier, fait une carrière de haut cadre dans l’univers énergétique, il n’y a pas mieux en Algérie ; Saïd, on le perd de vue jusqu’à ce qu’on le retrouve dans une université à Paris après le retour en grâce de Abdelaaziz.

En 1999, ils se retrouvent autour du demi-frère, par le père rappelez-vous, de l’un et pas de l’autre, élu président de la république. Ils sont tous les deux conseillers à la présidence. En 2000, Chakib devient tout puissant ministre de l’Energie et des mines. Je laisse la suite à la fertilité de votre imagination. Toujours est-il qu’en 2010, il prend le chemin de l’exil. Une sombre histoire de corruption. Saïd a un cheminement plus linéaire. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, la maladie de son frère vient faire de lui un personnage incontournable.

Chakib revient d’exil et vite la rumeur fait de lui le potentiel successeur du demi-frère de son demi-frère. Ce n’est pas gagné d’avance tant on se bouscule au portillon. Saïd le premier, depuis le temps qu’il partage ses journées entre l’antichambre et l’infirmerie. En attendant que ça se décante, Chakib s’occupe à expliquer la chute du dinar et la bonne tenue du dirham par le manque de devises dans un pays grand exportateur de gaz et de pétrole. Comment alors ne pas comprendre que la monnaie nationale joue aux cascadeurs dans les chutes libres.