La face (mal) cachée du journal Le Monde

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Depuis que Le Monde (le quotidien français) est Le Monde, c’est-à-dire depuis que j’avais 25 ans et lui 34, je ne me souviens pas y avoir lu un propos un tant soit peu amène sur le Maroc. Si une fois, et encore. Quand il avait fait sienne la formule « l’exception marocaine » dans le foulée des réformes annoncées par le Roi Mohammed VI le 9 mars 2011. 

L’hostilité au Maroc, outrecuidante, hautaine et nombriliste, s’est particulièrement et constamment manifestée dans le traitement du dossier du Sahara. Dès les débuts et depuis Alger, le correspondant, Paul Balta, du vénérable, c’est du moins ainsi qu’il se conçoit, quotidien parisien s’est fait le relais discipliné et zélé des thèses algériennes. Une position qui a peu varié, même si par ailleurs le monde, le vrai, a connu plus d’une révolution. Dans tous les sens du mot.

Dès lors il n’était pas étonnant que pris de court par la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur son Sahara, il ait donné libre court à des plumes, qu’on s’interdira par pudeur de qualifier, pour nous rappeler que l’Assemblée Générale de l’ONU avait évoqué en 1979 du siècle dernier la récupération du Sahara par le Maroc « d’occupation » sans rien dire de la composition de cette Assemblée où sévissait, par la loi de la quantité, le camp socialiste, disqualifié par l’Histoire et surtout par son incurie. Une tribune qui a permis à deux auteurs assortis de leurs titres académiques de faire l’impasse sans vergogne à la fois sur l’Histoire et sur toutes les résolutions adoptées depuis par le Conseil de Sécurité. 

Interpelé par cette démarche biaisée, Mustapha Sehimi, professeur de droit et politologue, a pris sur lui de répondre pour rétablir les faits, les vrais (LE MONDE. FR ET LE MAROC, LE PARTI PRIS COMME… CENSURE.)   Tout en étant convaincu que le quotidien français, fidèle à ses mauvaises habitudes, n’y donnera aucune suite. Mais sait-on jamais. Malheureusement ce sait-on jamais ne s’est pas produit. 

Pourtant que de choses ont changé dans ce journal. De Le Monde de Hubert Beuve-Méry à aujourd’hui que de capitaux ont coulé dans ses caisses. Né de la volonté gaullienne du Général de donner à la France un journal de référence, situé au centre-gauche teinté d’une obédience chrétienne, il s’est, au fil des conjonctures et des besoins, Mitterrandisé, trotskisé, capitalistisé, Balladurisé, Jospinisé, Ségolènisé, Macronisé avec peu de bonheur pour la plupart des candidats à l’Elysée qu’il a soutenus. Mais toutes ces mutations n’ont pas eu raison de tous ses atavismes. Dont le Maroc. 

On ne va pas faire ici le procès de Le Monde. Ceux qui sont tentés par une navigation dans les tréfonds et les bas-fonds de ce journal, pourront se rattraper avec la lecture de « La face cachée du Monde – Du contre-pouvoir aux abus de pouvoir » de Pierre Péan et Philippe Cohen. Plus de 600 pages de détails sur une épopée pas toujours glorieuse. Mais on se fera plaisir avec Pierre Bergé, un homme de gauche et d’affaires qui a investi dans le journal. Il a considéré en se retirant « que contrairement… à ce qu’ils prétendent, les journalistes du Monde ne sont pas libres mais prisonniers de leurs idéologies, de leurs règlements de compte, et de leur mauvaise foi.»