Ce que disaient les regards de Trump et Zelensky lors de l'adieu au pape - Par Abdelfattah Lahjomri

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Ce cliché n'était pas un simple témoignage de la présence de deux figures politiques majeures, mais portait une intense charge symbolique : il esquissait une miniature du désordre mondial actuel.

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Sous les voûtes solennelles du Vatican, loin des discours et des gestes protocolaires attendus, Donald Trump et Volodymyr Zelensky ont esquissé, à travers regards figés et postures tendues, une scène à la symbolique puissante. Entre négociation silencieuse, bataille d’images et luttes d'influences, Abdelfettah Lahjomri décrypte une rencontre qui a exposé ‘’à l’abri’’ des funérailles, un ordre international vacillant.

Dans une scène qui soulève bien des questions, le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se sont rencontrés dans la cour du Vatican, à un moment censé être empreint de solennité, lors des funérailles du pape défunt. 

Bien entendu, si vous pensez que politique et religion ne se mêlent pas en de telles circonstances, c’est sans doute que vous n’avez pas encore assisté à "La grande comédie du Vatican !".

Les funérailles, moment supposément dédié à parsemer des fleurs sur l’âme du pape, semblaient suivre un programme parallèle : "Comment transformer la mort en événement politique par excellence !". 

L’image de Trump et Zelensky, figée dans le temps, révèle combien il est possible de convertir des instants de deuil en vitrine politique soigneusement orchestrée, où les idéologies s’effacent pour ne laisser apparaître qu’une seule vérité : les deux présidents n’étaient pas venus pour se recueillir, mais pour offrir un spectacle grotesque d’un genre inédit.

Quand la politique s'invite au cœur du sacré

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Dans une scène exceptionnelle où politique et symbolique religieuse se rejoignent, les caméras capturèrent l’image de Donald Trump et Volodymyr Zelensky dans la cour du Vatican, au milieu des cérémonies funèbres. 

Ce cliché n'était pas un simple témoignage de la présence de deux figures politiques majeures, mais portait une intense charge symbolique : il esquissait une miniature du désordre mondial actuel.

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Le choix du Vatican comme théâtre de cette rencontre n'était pas anodin. 

Cet espace, sommet de l’autorité spirituelle catholique, a abrité la rencontre des deux hommes dans le cadre d’un rituel funéraire, comme pour suggérer que, même la politique, dans toute sa brutalité, se trouve parfois contrainte de s’incliner devant la symbolique du "grand départ".

Le poids du lieu et l'éloquence du silence

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La solennité du lieu a fortement influencé la scène : les teintes neutres du marbre, le blanc pierreux, les ors estompés, ont accentué un silence majestueux. 

Les deux protagonistes paraissaient alors suspendus hors du temps, dépouillés de leurs discours politiques habituels, piégés dans une zone grise entre le recueillement et la stratégie.

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Le langage corporel, quant à lui, parlait plus fort que n’importe quelle parole. 

Trump, campé sur ses épaules droites, cherchait à réimposer son image d’autorité, tandis que Zelensky, par des gestes plus repliés, laissait transparaître un mélange d'anxiété et de volonté fébrile de se positionner face à un interlocuteur dont il se méfiait.

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L'absence d’échanges de sourires ou de regards complices révélait toute la fragilité de leur relation. 

Chacun semblait pleinement conscient de ce que représentait l’autre : Trump, la perspective d’un retrait du soutien américain à l'Ukraine ; Zelensky, un fardeau diplomatique coûteux que Trump pourrait lâcher à tout moment.

Le deuil universel, théâtre d'une diplomatie silencieuse

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Le timing fut un piège savamment tendu : les funérailles du pape, moment de deuil universel, imposaient à tous silence et gravité. 

Chaque geste, chaque regard, chaque inclinaison devenait ainsi un message implicite, d’autant plus marquant que le contexte interdisait toute déclaration officielle tapageuse.

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La mort elle-même pesait comme un symbole : non seulement la disparition d’un pape, mais aussi, peut-être, le crépuscule d’une époque post-Guerre froide, et la décomposition de l’ancien ordre international que Trump et Zelensky tentent, chacun à leur manière, d’exploiter ou de sauver.

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L’image de Trump et Zelensky sous les voûtes du Vatican rappelait ces temps anciens où rois et empereurs négociaient sous le regard du divin dans les grandes cathédrales… 

Mais elle exposait aussi une réalité crue : aujourd'hui, la politique est devenue encore plus pragmatique, utilisant sans scrupule les symboles religieux pour des objectifs purement de pouvoir.

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Le jeu subtil de lumière, d’ombres et de marbre dans l’architecture du Vatican a ajouté une dimension dramatique supplémentaire à la scène. 

Chacun des deux hommes semblait à moitié dans la lumière, à moitié dans l’ombre — métaphore parfaite de leur ambivalence politique : un soutien affiché en public, des tractations dissimulées en coulisses.

Une opération de négociation visuelle complexe

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Ce qui ressemblait à une rencontre protocolaire silencieuse était en réalité une opération de négociation visuelle complexe : Zelensky tentait de préserver ce qui restait du soutien international, tandis que Trump laissait entrevoir sa capacité à redessiner les futures politiques américaines envers l’Europe… depuis le cœur du Vatican.

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Les médias ont traité cette image comme un événement en soi. La manière de la mettre en valeur, les titres qui l’accompagnaient et les analyses des commentateurs ont tous convergé : cette rencontre constituait un message à part entière, adressé aux grandes capitales décisionnelles du monde.

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D’un point de vue sémiotique, les vêtements des deux présidents ont joué un rôle clé dans la construction du sens visuel : Trump, dans son costume sombre classique, incarnait l’autorité traditionnelle, tandis que Zelensky, en tenue militaire, renforçait son image de "président-combattant", même au milieu de l’un des moments les plus solennels.

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Le Vatican, avec sa neutralité apparente et son ancienne autorité spirituelle, s'est présenté une fois de plus comme un terrain d'accueil pour les opposés. Cette scène a renforcé l’idée que certaines entités au-dessus du politique, telles que le Vatican, demeurent capables d’exercer un rôle discret dans un monde de plus en plus chaotique.

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L’opinion publique mondiale a interprété l’image de multiples façons : certains y ont vu le début d’un "détente froide" entre Trump et l’Ukraine, d’autres n’y ont décelé qu’un geste protocolaire sans incidence réelle sur les grandes dynamiques en cours.

Au-delà du champ de bataille

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Cependant, cette image a révélé que les grandes crises mondiales ne se limitent pas aux champs de bataille : elles s’étendent aux guerres des symboles et des représentations. Une rencontre lors de funérailles devient un levier de pression, une poignée de main silencieuse se transforme en monnaie d’échange dans les coulisses de la diplomatie internationale.

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La politique ne connaît pas le hasard. Le choix de Trump de se faire photographier avec Zelensky à cet instant précis était un message d’abord adressé aux électeurs américains : il reste un acteur central sur la scène internationale, capable de remodeler les alliances mondiales à sa guise.

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De son côté, Zelensky n’avait pas le luxe d’ignorer cette opportunité. Il avait besoin d’apparaître aux côtés du probable futur locataire de la Maison-Blanche, car son combat contre la Russie n’est pas seulement militaire, il est aussi une lutte pour sa survie diplomatique sur la scène mondiale.

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Ainsi, lorsque les historiens se pencheront un jour sur cette photographie, ils ne la liront peut-être pas comme une simple scène protocolaire sans importance, mais comme une borne marquant l’émergence d’un monde en reconstruction sur les décombres des anciens équilibres, tâtonnant à travers les illusions effondrées vers un ordre international encore flou et instable.

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Dans l’espace mesuré entre leurs corps, dans l’inclinaison discrète de leurs têtes, dans ces mains crispées contre leurs flancs plus qu’ouvertes à l’autre, tout dans cette image suggère que l’ordre mondial ne se négocie plus par les mots, mais par des gestes tendus et des silences lourds. 

C’est le portrait d’un monde suspendu au bord d’un précipice fragile, oscillant entre l’effondrement et les douleurs d’une renaissance difficile.

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Finalement, ce que cache de plus précieux cette image n’est pas ce que l’œil perçoit immédiatement, mais le silence épais qu’elle évoque, dominant tous les discours. 

En présence de la mort, les masques tombent, révélant la vulnérabilité nue du monde : des dirigeants campés aux frontières de l’absurde, des peuples en quête de sens dans une époque ayant perdu sa boussole.

Dans ce sens, cette photo ne documente pas seulement un instant protocolaire froid ; elle entrouvre une fenêtre sur une question existentielle : comment naissent de nouvelles lois, de nouveaux équilibres, des cendres des prières et des débris des alliances ?

Tandis que le recueillement baignait les lieux dans une solennité majestueuse, les projecteurs semblaient braqués davantage sur la politique que sur l’hommage rendu au pape.

Était-ce une cérémonie dédiée à la mémoire du défunt souverain pontife ? 

Peut-être. 

Était-ce une leçon sur la manière dont la politique supplante désormais l’humain même dans les instants les plus sacrés ? 

Assurément. 

À méditer… et à un autre échange.

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