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Iran, la CIA oui, la CIA non
L'Iran, qui sort d’une troisième contestation meurtrière en trois ans de suite, a arrêté huit personnes soupçonnées d'être liées à la CIA. Elles avaient toutes été formées dans différents pays sur la façon de recueillir des informations (...) en tant que « journalistes-citoyen ». Les autorités iraniennes accusent principalement les Etats-Unis et Israël d'avoir été à l'origine de ces troubles déclenchés le 15 novembre par une hausse du prix de l'essence.
Le premier réflexe face à cette information est de dire, ce sera la tendance globale de la presse occidentale, que c’est la paranoïa inhérente aux systèmes fermés qui est à l’œuvre.
Pour ma part, j’aurais plutôt une prédisposition innée et acquise à la fois à croire les théocrates de Téhéran.
Je sais, de science sûre, que les services occidentaux, mais pas qu’eux, et à leur tête l’Intelligence américaine avec toutes ses ramifications travaillent dans les pays cibles à repérer, suivre, recruter, encadrer et former les potentialités humaines susceptibles de leur être d’une quelconque utilité dans le renseignement et/ou dans la subversion. Ils vont aller les dénicher dans les structures de l’Etat et des forces politiques, dans le tissu associatif ou sur les réseaux sociaux… Bref dans tout ce qui bouge, pense et agit.
Les services d’intelligence dans la plupart des cas n’agissent pas à visage découvert, mais recourent à des interfaces et à des organismes écrans, une nébuleuse où les ONG internationales de tout crin occupent une place de choix. Leur financement va lui-même se perdre dans une galaxie inextricable de fondations et d’institutions dites indépendantes dont le financement à leur tour se perd dans un labyrinthe d’autres sources.
Avant et pendant le « printemps arabe », cette action a livré son ampleur et démontré une efficacité hors pair. Présentement, elle donne toute sa mesure dans l’agitation qui cherche à acculer la Chine populaire à Hongkong.
L’Iran a donc toutes les raisons de croire que des nombreux éléments ainsi formés et encadrés s’activent, de bonne foi à mon sens, pour déstabiliser le régime en place. Là où les théocrates qui sévissent à Téhéran ont tort, c’est quand ils affirment que ce sont les Etats Unis et Israël qui sont à l’origine des mouvements de contestation récurrente qui régulièrement mettent à rude épreuve la solidité du régime et révèlent au monde les fragilités sociales de pays.
N’est pris que le prenable, et si en 2009 l’Iran a connu un grand mouvement, le mouvement vert, de remise en cause , puis en 2017, en 2018 et 2019, ce n’est pas à cause des Etats Unis, c’est d’abord parce que, dixit William Shakespeare, quelque chose est pourri au royaume des Mollahs.