Algérie : le phantasme des généraux finissants

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Sabri Boukadoum, c’est vrai, a des qualités mais celles-ci sont peut-être exploitables dans d’autres fonctions, sécuritaires par exemple.

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Dans l’adversité des relations entre la Maroc et l’Algérie, et sur une longue période, le plus attachant des ministres algériens des Affaires étrangères que nous ayons eus c’est bien Sabri Boukadoum.

Il est de Constantine c’est-à-dire qu’il abrite en lui une part d’Andalousie malgré ses apparences rugueuses. On aurait cru que son séjour new-yorkais — en général, une école de finesse — allait le faire entrer dans la complexité, contrôler ses pulsions élémentaires et atténuer son inclinaison naturelle à la simplification du monde.

Avec ce viatique, Sabri Boukadoum est irrémédiablement perdu pour la diplomatie. C’est vrai, il a des qualités mais celles-ci sont peut-être exploitables dans d’autres fonctions, sécuritaires par exemple.

En 45 ans de conflit, seul Sabri Boukadoum n’a pas pu comprendre la vulgarité du syllogisme algérien sur lequel le régime, dans son entièreté, est en train de s’abimer. 

1) L’Algérie aide les peuples à se libérer. 2) Le Polisario cherche à se libérer du colonialisme. 3) Donc, l’Algérie aide le Polisario.

On peut, pour être utile à Sabri Boukadoum, examiner les termes de ce syllogisme obsolète l’un après l’autre.

1) L’Algérie aide les peuples à se libérer : ce n’est pas sûr. Le peuple algérien attend toujours son autodétermination depuis que son indépendance a été confisquée par des généraux prédateurs qui s’accrochent indûment au pouvoir malgré l’opposition du peuple algérien qui réclame avec vigueur un Etat civil et non militaire.

2) Le Polisario cherche à se libérer du colonialisme : C’est faux. Le Polisario est un mouvement de mercenaires financé et créé par l’Algérie, avec les fonds du contribuable algérien, pour priver le Maroc du 1/3 de son territoire historique et essayer d’y implanter un 6ème Etat magrébin à sa solde. Celui qui ne comprend pas cela devrait, à mon sens, consulter !

3) Donc, l’Algérie aide le Polisario : C’est faux. Le Polisario c’est l’Algérie. Les généraux algériens à bout de souffle, financent, abritent, transportent, équipent, choisissent les dirigeants etc. du Polisario. Le Polisario est un appendice honteux de l’armée algérienne en plus mal nourri, en plus mal vêtu, en plus mal équipé et en plus déboussolé. C’est tout.

Il n’y a que les diplomates algériens comme Sabri Boukadoum — à son corps défendant — qui croient au «storytelling» des généraux en déperdition et qui considèrent qu’ils sont en train de faire quelque chose de bien pour l’Algérie. Cette affaire est devenue, aujourd’hui, un frein à l’évolution sociale, économique et démocratique de l’Algérie. Elle permet seulement aux militaires de rester au pouvoir et de maintenir leur prédation multiforme le plus longtemps possible. Tous ceux qui sont passés par ce poste des AE algériennes, et au-delà, et qui sont aujourd’hui soit en disgrâce, soit en prison, soit en attente d’être trainés devant la justice pour des histoires de vengeances claniques, le savent.

Mieux, des premiers ministres comme Ahmed Ouyahia ou Abdelmalek Sellal le savent. Alors Sabri Boukadoumn, un peu de discernement ! Tu exécutes une partition qui mène fatalement à l’échec ou, compte tenu des récentes traditions algériennes, à la case prison. Le meilleur d’entre vous, — Ramtane Lamamra — dans le poste que tu occupes aujourd’hui, se terre comme un rat de peur de faire les frais d’une guerre mémorielle féroce entre généraux vengeurs.

Une seule question Sabri Boukadoum à te poser à toi-même en toute mauvaise conscience. Quelle Algérie sers-tu encore ? Celle des généraux fous ? Celle des auteurs de la guerre civile criminelle qui a fait plus de 200 000 morts ? Celle des prédateurs qui ont ruiné le pays ? Celle de ceux qui ont rabaissé l’Algérie au niveau international au point où votre voix est devenue inaudible ? Celle de ceux qui ont ridiculisé votre diplomatie réduite à un mégaphone qui ne crachote que pour une seule cause, celle des mercenaires à votre solde ?

Vous avez tout essayé ! Et rien ne marche ! Ni le monitoring des droits de l’Homme au Sahara marocain malgré les bêlements factices de votre traitresse en chef. Ni l’histoire abracadabrantesque du pillage des ressources naturelles. Ni la judiciarisation des accords de libre-échange notamment avec l’Europe. Ni la fausse-vraie guerre virtuelle dans la zone tampon où vos affidés en sandales usées vident leurs chargeurs pour faire tourner les bons de commande. Vous vous êtes épuisé sans résultat tangible.

Bien sûr M. Sabri Boukadoum que vous seriez bien inspirés d’ouvrir un consulat d’Algérie à Dakhla. C’est la seule opportunité pour vous, si vous êtes nommé consul, de renouer avec vos amours consulaires, de respirer du bon air atlantique et, surtout, de fuir l’ambiance fétide et nauséabonde des couloirs du pouvoir actuel en Algérie.

Maintenant, si vous voulez des négociations directes mettez-vous sérieusement autour de la table et arrêtez de mettre en avant votre faux-nez du Polisario. Le truc est éventé comme dans une mauvaise prestidigitation ! Et ça ne fait plus rire personne. Ce n’est ni un nouvel envoyé spécial introuvable du secrétaire général de l’ONU, ni votre trio de consultants — Baker, Bolton, Inhofe — qui va vous sauver la mise. C’est d’Algérie qu’il s’agit désormais, pas du Sahara marocain !

Les Algériens attendent autre chose de nous tous. La paix d’abord. Et surtout une région de prospérité partagée, une union des forces et des potentialités, et une coexistence heureuse entre les peuples. Loin des phantasmes des généraux finissants qui veulent réduire la Tunisie à un protectorat, la Libye à une dépendance et le Maroc à un micro-Etat. Qu’à Dieu ne plaise !